L’obsolescence programmée est-elle obsolète ?

L’obsolescence programmée est-elle obsolète ?
Par Mathieu Doutreligne publié le
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L’obsolescence programmée est un terme dont on parle de plus en plus, un terme à la mode, mais pas forcément la meilleure des modes. Pour ceux n’ayant pas encore une vision claire de la chose, l’obsolescence programmée est un concept industriel qui consiste à concevoir des produits qui ne durent pas, qui possèdent une durée de vie limitée mise en place dès leur conception. L’idée est de forcer le consommateur à toujours acheter le même produit de façon à faire tourner l’économie mondiale. L’idée est pertinente car elle garantit l’économie sur le long terme, mais elle génère des effets secondaires néfastes pour la planète qui posent de plus en plus de problèmes.

L’obsolescence programmée

Ce concept est apparu en 1932 dans un article de Bernard London alors que l’Amérique était en grande dépression. London était un philanthrope et son intention était noble à la base. Sous l’effet de la crise, les Américains conservaient plus longtemps leurs produits, ce qui ralentissait l’économie. C’est alors qu’il eut l’idée d’augmenter le taux de remplacement en réduisant la durée de vie. Les premiers accords furent signés après la fin de la seconde guerre mondiale entre les constructeurs mondiaux d’ampoule à filament. Une durée de vie moyenne de 1000 heures de fonctionnement est décidée. C’est le cartel Phoebus.

Dès ce moment, on commence à demander aux ingénieurs de concevoir des produits moins performants, les entreprises doivent investir dans la recherche et le développement. L’idée première n’est pas de fabriquer des produits de mauvaise qualité, mais de créer une tendance qui incite l’utilisateur à acheter un nouveau produit lors d’un nouveau cycle. Le design prend de plus en plus d’importance de façon à créer des modes et donc de démoder des produits. L’obsolescence programmée se propage dans tous les secteurs d’activités : l’automobile, les ordinateurs, les aspirateurs, etc.

Différents types d’obsolescence apparaissent. L’obsolescence due à la qualité, l’obsolescence d’image, l’obsolescence d’incompatibilité. Vous n’avez jamais fait le constat de vouloir réparer votre imprimante, votre sac d’aspirateur ou même votre voiture et vous apercevoir qu’il n’existe plus de pièces détachées disponibles ? La fin de fabrication des pièces détachées est un des éléments clés qui peut rendre un produit obsolète. On retrouve l’obsolescence dans tous les domaines, comme par exemple l’informatique. Le fait de changer l’extension d’un fichier entre deux versions d’un même logiciel en rendant impossible la lecture du fichier de la version précédente est une preuve d’obsolescence. La mode est un exemple parfait d’obsolescence. Vendre des vêtements ou des chaussures pour ensuite faire passer un message aux consommateurs en leurs faisant comprendre de réactualiser leur garde-robe. Les exemples s’accumulent.

Dès ce moment, on commence à demander aux ingénieurs de concevoir des produits moins performants, les entreprises doivent investir dans la recherche et le développement. L’idée première n’est pas de fabriquer des produits de mauvaise qualité, mais de créer une tendance qui incite l’utilisateur à acheter un nouveau produit lors d’un nouveau cycle. Le design prend de plus en plus d’importance de façon à créer des modes et donc de démoder des produits. L’obsolescence programmée se propage dans tous les secteurs d’activités : l’automobile, les ordinateurs, les aspirateurs, etc.

 

Les partisans de l’obsolescence

L’obsolescence programmée s’est révélé révolutionnaire lors de ses débuts. Elle a dynamisé l’économie et rendu les entreprises innovantes leader. L’économie est également devenue plus stable. En effet, connaitre la durée de vie d’un produit permet de mieux gérer ses ventes à long terme. Pour certains économistes, l’obsolescence programmée est une conséquence logique de l’évolution technologique.

Ce phénomène n’est pas fictif, selon une enquête des Amis de la Terre et du Centre national d’information indépendante sur les déchets, les Français auraient acheté 6 fois plus d’équipement électrique ou électronique en 20 ans. La durée moyenne de ces équipements est passée de 10-12 ans à 6-8 ans en moyen en 10 ans de temps.

Il y a eu une transformation des mentalités. La durabilité n’est plus une qualité de vente comme elle l’était jadis. Les consommateurs s’attardent plutôt désormais sur la performance, le design, d’où une guerre industrielle sur l’innovation.

Un nouveau problème est cependant arrivé. Le prix est manipulé par les fabricants et apporte de la confusion aux consommateurs.

Pourquoi cela pose-t-il problème ?

L’idée de l’obsolescence est peut-être ingénieuse, mais nous vivons sur une planète finie, où les ressources sont limitées et où on ne peut pas stocker nos produits non utilisables éternellement. Il y a en réalité deux notions qui s’opposent dans ce concept. L’infini de la croissance et le fini de notre planète.

La surconsommation entraine un impact écologique qui a toujours été négligé. Le nombre de déchets devient de plus en plus important et ce sont les pays du tiers-monde qui subissent cette conséquence au premier plan en devenant la poubelle du monde. C’est un véritable problème, notamment pour les produits technologiques qui sont parfois récupérés, mais qui ne peuvent pas être recyclés.

Le même problème se pose pour les matières premières. Tout le monde sait qu’elles ne sont pas illimitées, sans parler des changements qu’elles conditionnent sur le climat mondial. Les ressources de pétrole sont estimées à 40 ans, celles de gaz à 65 ans, celles de charbon à 200 ans et celles d’Uranium à 100 ans.

Les antis-obsolescence et les solutions

Plusieurs solutions existent aux problèmes engendrés par l’obsolescence. Certaines assez souples, d’autres plus radicales.

La solution la plus simple serait de concevoir des produits de manière durable, de façon à ne laisser aucune trace derrière soi. C’est toute la philosophie du développement durable. « Se développer en répondant aux besoins croissant d’une génération présente, sans compromettre les besoins de la génération future. » Dans ce cas on parle d’un changement et pas d’une révolution. Or, un changement est une action de longue durée et le temps est un facteur clé dans notre problème. C’est pourquoi certains prônent la décroissance.

Serge Latouche, professeur en science politique et économique à l’université de Paris-Sud 11, déclare que « pour survivre ou durer il faut organiser la décroissance ». Il dénonce même le développement durable comme une imposture. Dans la décroissance, il faut repenser les valeurs propres de l’homme ; notre éternelle insatisfaction. Notion qui semble infini mais inaliénable avec notre vie sur Terre et notre actuel mode de consommation. Cette solution de décroissance est, d’une manière générale, une initiative européenne, c’est-à-dire des pays déjà développés. Les pays en développement n’y voient pas encore l’intérêt, même si par exemple les Chinois sont leaders dans le secteur du photovoltaïque.

C’est la première fois qu’on entend parler de décroissance et pour certains, dans un monde qui va toujours plus vite et où la croissance est une nécessité, l’idée est inconcevable. Pour Serge Latouche, ce serait un retour en arrière pour un mode de vie similaire aux années 60.

Pour d’autres, la solution aux problèmes lourds qu’engendre l’obsolescence programmée est peut-être présente dans la nature. Nature qui est bien plus intelligente que l’être humain selon certains. Pas dans la nature elle-même, mais dans son fonctionnement. C’est ce que pense Michael Braungart, qui défend ses idées dans son livre Cradle to Cradle. Produire uniquement du biodégradable. C’est une conception qui impose le principe du 100% recyclage et du zéro pollution. Si on reproduit le schéma du fonctionnement de la nature, l’obsolescence programmée deviendra alors obsolète.

 

L’obsolescence programmée est donc dans l’absolu une bonne chose pour l’homme, elle a permis de résoudre des crises et assois un besoin primaire d’évolution. Mais lors de sa conception, ses conséquences n’ont pas été travaillées. Les réels problèmes qu’elle génère actuellement tourne autour des déchets et de l’utilisation de produits non-renouvelables.

Mais essayons de réfléchir. Si des problèmes se posent au niveau de certains produits, il faudrait peut-être penser à développer d’autres formes de richesse, des richesses inépuisables. Si vous souhaitez changer le monde vous pouvez vous pencher sur ce sujet.

 

De votre côté, le terme d’obsolescence programmée vous était-il déjà familier ? Quelle est la solution au problème ? Que faites-vous ?

Etes-vous d’accord ou non avec ce concept ?