Présidentielle : L’écologie, un peu mais pas trop
Le premier tour des élections présidentielles en France à lieu le 22 avril prochain. Bio à la Une enquête sur la place de l’écologie dans ces présidentielles qui semble être la grande oubliée des débats toujours plus nombreux.
Intéressons-nous d’abord à la reprise de l’économie
L’écologie, c’est bien jolie, mais la croissance est prioritaire. C’est ce qu’ont en tête bon nombre de politiciens qui prétendent au titre de Président de la République.
Reparlons du protocole de Kyoto qui réunissait le monde entier en 1997 en faisant signer des engagements chiffrés pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Quinze ans plus tard, les émissions n’ont pas été revues à la baisse. Pas encore ? Autre exemple, le Grenelle de l’environnement prévoyait une surface de cultures biologiques à hauteur de 6% pour 2012. Les derniers chiffres rapportent 3,4%... Il est préférable de parler de sites industriel et de centres commerciaux plutôt que d’agriculture bio. Qu’il est loin également le pacte de Nicolas Hulot. Les présidentielles françaises auraient pu être l’occasion pour la France de montrer à la communauté internationale son engagement et de réaffirmer ses convictions écologiques, dont nous aurions pu être fiers. A la place de celà, le développement durable est passé à la trappe.
On ne parle pas d’écologie mais de nucléaire
Fukushima a récemment fêté son triste premier anniversaire. Une catastrophe qui aurait dû ouvrir les yeux des politiques, mais qui permet à certains d’insister sur le maintien d’une énergie atomique comme le candidat de droite Nicolas Sarkozy qui a visité pour la troisième fois depuis le début de sa campagne une centrale, en affirmant son intention de maintien pour la filière. Le candidat socialiste, François Hollande, a décidé de fermer une seule centrale, celle de Fessenheim. Pour certains, celui-ci n’a rien compris.
La plupart des pro-nucléaires s’appuie sur les centaines de milliers d’emplois qui en sont dépendants. 400.000 selon Jean-François Copé. Chiffre à relativiser. Le nucléaire occuperait au mieux quelques dizaines de milliers de salariés en France. La production d’électricité décentralisée et renouvelable nécessiterait beaucoup plus de personnes par kilowatt produit. En réalité, les problèmes sur le nucléaire viendraient de la recherche et du développement qui engloberaient presque la totalité des fonds accordés, ne permettant pas aux filières alternatives de se développer.
Si le débat sur le nucléaire pose énormément de problèmes, c’est pour une raison évidente dont peu de personnes parlent : la croissance. L’abandon du nucléaire induirait une décroissance obligatoire car on ne remplace pas des réacteurs par des éoliennes ou du solaire même à très grande échelle. Pour sortir du nucléaire il faut baisser inéluctablement notre consommation énergétique globale.
La biodiversité complétement délaissée
« Les politiques n’ont pas pris conscience de la gravité de la situation » déclare Hubert Reeves. Dans l’ensemble, mauvaise note pour les présidentiables. L’association ‘Humanité et biodiversité’ dévoile les résultats de son questionnaire envoyé aux candidats. Il recensait 31 questions réparties dans 4 thématiques différentes. A l’exception de Philippe Poutou et Marine le Pen, tous les candidats ont répondu mais les copies ont déçu.
Dans l’ensemble, les réponses apportées ne sont pas à la hauteur des enjeux, se désole Hubert Reeves, astrophysicien et président de l’association. Trois critères ont été pris en compte : l’ambition sur la biodiversité, le réalisme des propositions et la maîtrise technique des enjeux. Résultat, aucun candidat ne sort du lot et le sujet reste dans la niche écologique. Personne n’affiche clairement ses intentions de conservation de la biodiversité.
Seuls Eva Joly et Jean-Marc Mélenchon ont un score supérieur à la moyenne. « Heureusement qu’Eva Joly a un bon score, car c’est son cœur de métier » s’exclame Christophe Aubel. Quant à lui, le candidat du Front de Gauche surprend, il en parle de plus en plus. Cependant, même bien intentionné, les candidats manquent tous de réalisme et les poids lourds déçoivent. Sarkozy expose le bilan du Grenelle de l’environnement sans aller plus loin et ne semble tirer aucune leçon de l’expérience acquise. Hollande est d’une extrême prudence et ne s’engage pas.
La classe politique a pris conscience des problèmes, souvent survolés, liés à la biodiversité comme l’artificialisation des sols, la protection des espèces, etc. Cependant, aucun réel panel de solutions n’est proposé. La protection de la biodiversité peut être un moyen de construire le monde du XXIe siècle.
L’écologie Joly, vecteur écologique peu suivi par l’opinion
Eva Joly, abandonnée par un parti autoproclamé n’ayant pas réussi à investir le candidat souhaité, est perdue dans une campagne par des sujets surréalistes. La candidate des verts est créditée à 1% d’intentions de vote. Difficile d’imposer une idéologie approuvée que beaucoup survole. Comment expliquer un tel flop par un parti ayant obtenu de très bons résultats lors des dernières élections cantonales, régionales et européennes ?
Le défi pour les écologistes est de taille, faire en sorte que le développement durable devienne une exigence et non une option. Les temps sont bien évidement troublés par la crise qui demande une sur-attention générale. D’où un argumentaire avec un développement durable en phase avec les exigences du marché et des propositions, pas miraculeuses mais réalistes.
Est-ce un problème de candidats ou d’idéologie ? La petite dame aux lunettes à la poigne de fer ne fait pas l’unanimité. Selon la porte-parole de la candidate, Michèle Rivasi, la faible percée est due à un « jeu pervers » des médias face à sa position contre les lobbies et au démontage de la politique élitique. De récentes rumeurs annonçaient le retrait de campagne de la candidate. Que penser de son million d’emplois créés par une économie verte. Il ne faut pas oublier la signature du pacte PS-EELV qui réserve une soixantaine de circonscriptions au parti écologiste en cas de victoire socialiste, qui la pousse peut-être à rester dans la bataille.
Un autre candidat
Le PCF était au plus bas et il a trouvé Mélenchon. Rappelons le score de 1.93% de Marie-George Buffet lors de la précédente élection présidentielle et Mélenchon a été trouvé ! Le parti fournit une logistique et des militants au candidat, qui donnent des rassemblements impressionnants comme celui d’il y a une semaine à La Bastille. Même en étant critiqué par les verts, Mélenchon se proclame contre l’atome et parle d’écologie. Il prend la parole à la fin du Forum Mondial de l’Eau à Marseille pour vanter les convictions écologiques de sa campagne. Devant les répliques du candidat d’extrême droite et sa montée en puissance, Eva Joly critique fortement ses propositions. « M. Mélenchon a encore un grand chemin à faire car il est encore dans le schéma productiviste et n'a aucune légitimité pour parler des questions écologiques, n'étant pas non plus clairement anti-nucléaire ».
Son aura bien présente, lui permet d’avoir l’influence pour imposer ses choix. Il est le seul à encore parler d’écologie. Convictions profondes ou communication stratégique, il gagne du terrain dans les sondages en passant la barre des 10%.
Mélenchon qui parle d’écologie, Joly qui critique sa vision de l’écologie, c’était le jeu du week-end dernier. Tout cela alimente-t-il le débat en permettant d’obtenir plus de visibilité sur le sujet ? C’est possible.
Tous candidats
Tous candidats pour 2012 pour une république des consciences. Voici un projet auquel chacun peut prendre part, pour montrer qu'ensemble on peut faire bouger les choses. Proposé par l’ONG Colibris, un concept qui propose à chacun de faire campagne. La France d’en bas est appelée à bouger, à inventer ou réinventer des solutions. C’est, d’une certaine manière, une rupture avec le schéma classique de décision. Ce mouvement marche très bien car il est simple. Tout le monde peut être candidat en créant sa propre affiche de campagne avec slogan et la diffuser. Chaque personne peut également suivre le candidat de son choix.
Visitez le site officiel du mouvement ici : https://www.touscandidats2012.fr/
Fausse campagne écologique ou vraie conviction cachée ?
Et si l’écologie prenait doucement mais surement une place profonde dans la politique du XXIe siècle ?
Ce parti était inimaginable il y a 50 ans. Anciennement appelé « les verts » dont la première apparition publique fut en 1974 avec la participation à l’élection présidentielle de René Dumont, ce parti a suivi en participant à tous les scrutins : municipales, législatives et européennes. Le mouvement des Verts apparait officiellement en 1982 à l’assemblée générale de Saint-Prix. Quant à lui, le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) existe depuis 2008. Pour certains, l’écologie deviendrait même totalitariste dans le futur.
Une élection française, des décisions européennes
L’importance de l’Europe est de plus en plus grande par ses décisions concernant notre vie de tous les jours. La commission européenne veut plus d’efficacité énergétique. Elle fixe des objectifs clairs. D’ici à 2020, réduire de 20% la consommation d’énergie et augmenter de 20% la production d’électricité via les énergies renouvelables.
L’Europe encourage l’utilisation d’appareils modernes qui consomment moins. On pense en particulier aux maisons passives ou aux véhicules électriques.
Voici une vidéo qui résume les objectifs de l’UE en matière d’efficacité énergétique :