L'abeille, baromètre écologique

Par Mathieu Doutreligne publié le
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L’abeille, ce petit insecte noir et jaune s’avère ne pas être si petit que cela, pour l’environnement en tout cas et même pour l’homme. Citons Albert Einstein et essayons ensuite de comprendre pourquoi et comment l’abeille est un baromètre écologique : « Si l’abeille venait à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre »…

Les abeilles comme indicateur environnemental

Un projet européen a pour ambition d’étudier de près 30.000 ruches, afin d’obtenir des indications sur l’environnement. Le grand intérêt de l’abeille est son périmètre d’activité, qui va jusqu’à 27 km².

Ces ruches seront équipées de capteurs permettant de relever les informations à distance, nom de code : Bee –Secured. Le projet est actuellement testé au Portugal. Jean Borel, initiateur du projet donne un exemple : « la densité de la grappe d’abeilles évolue en fonction du temps et de certains paramètres extérieurs ». L’analyse des résultats donnera des renseignements sur la pollution, la radioactivité, les bactéries présentes et la biodiversité. Concrètement, des prévisions météorologiques, des estimations du stress hydrique et des prévisionss de récoltes pourront être faites et rendues publiques pour les agriculteurs et collectivités locales.

De récentes évolutions technologiques permettent de mieux étudier cet insecte baromètre. La puce RFID (cf photo), inventé par Axel Decourtye, permet de suivre à la trace les déplacements d’une seule abeille. C’est une réelle évolution, car actuellement, personne ne connait leur trajet, ayant une aire de butinage de 10 km de rayon.

Ces ruches seront équipées de capteurs permettant de relever les informations à distance, nom de code : Bee –Secured. Le projet est actuellement testé au Portugal. Jean Borel, initiateur du projet donne un exemple : « la densité de la grappe d’abeilles évolue en fonction du temps et de certains paramètres extérieurs ». L’analyse des résultats donnera des renseignements sur la pollution, la radioactivité, les bactéries présentes et la biodiversité. Concrètement, des prévisions météorologiques, des estimations du stress hydrique et des prévisionss de récoltes pourront être faites et rendues publiques pour les agriculteurs et collectivités locales.

La disparition des abeilles est complexe. Au début des années 90, lorsqu’on a commencé à constater un déclin de leur population, le doigt a été uniquement mis sur les pesticides. Or, le problème est plus complexe qu’il n’y parait. Il faut prendre en compte les maladies, les parasites, l’uniformisation des paysages et les pesticides.

Certaines espèces de bourdons ont énormément baissé en nombre. En Amérique du Nord, d’autres qui étaient largement répandues, ont plus ou moins disparu de tout le continent. Au Royaume-Uni, trois espèces sont désormais éteintes. La faute aux pesticides ?

Ils présenteraient un problème de dérèglement sur l’orientation des insectes, donc un risque de ne pas retrouver la ruche. Jusqu’à présent, les pesticides étaient tolérés pour les apiculteurs à la seule condition qu’ils ne tuent pas les abeilles. L’influence de ces pesticides sur le comportement des insectes n’avait encore jamais été prise en compte, le problème pourrait venir de là. D’autres facteurs de stress existent et sont encore à étudier comme le parasitisme ou le manque de nourriture.
N’oublions pas que si les abeilles disparaissaient, nous mourrions avec elle. Elles sont nécessaires à notre survie en étant utile à la pollinisation des fruits et légumes. Si elles disparaissent, plus de production. C’est une main d’œuvre gratuite et indispensable pour les cultures humaines.

Le problème des pesticides

Plusieurs études incriminent les pesticides, nuisibles pour les abeilles. Pratique courante dans le monde apicole, les apiculteurs ont l’habitude de nourrir leurs abeilles avec du sucre. La raison en est simple, ils récoltent le miel produit, c’est-à-dire une bonne partie de leur nourriture pour l’hiver. Ils doivent alors les nourrir eux-mêmes pour garder ces abeilles en vie. Ils choisissent en général le sucre de maïs. Or, cette technique s’avère être dévastatrice pour les abeilles. Elle peut être à l’origine du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, apparu en 2007.

Le sucre de maïs donné aux abeilles contient de l’imidaclopride, une molécule insecticide qui décime les abeilles et qui était évaluée au départ comme une avancée technologique.
Pour prouver les effets négatifs de l’imidaclopride sur les insectes, des chercheurs ont nourri 16 ruches d’abeilles avec du sucre de maïs. Au bout de six mois, 15 ruches étaient mortes. La seule encore vivante avait été nourri sans imidaclopride. Les conclusions sont faciles à tirer.

Les polémiques sur la disparition des abeilles deviennent fondées. Plus touchés que les Européens, les Américains investissent d’importante sommes d’argent pour étudier les conséquences des pesticides sur les abeilles. L’association agents pathogènes et pesticides est de plus en plus montrée du doigt et c’est une étude française qui a montré les effets négatifs de l’insecticide thiaméthoxam. A cause de cette substance, les abeilles perdraient la moitié, voire les ¾ de leur effectif, étant quotidiennement exposées.

Récemment, le Ministère de l’Agriculture a annoncé l’interdiction d’utiliser le pesticide Cruiser du groupe suisse Syngenta suite à la publication d’une étude montrant les effets négatifs sur la perte d’orientation.

Le paradoxe de l’abeille urbaine

L’abeille de ville serait plus résistante que sa camarade de la campagne. Merci aux pesticides et frelons asiatiques qui mettent en péril les essaims ruraux. Nicolas Géant, apiculteur urbain et auteur de Ma ruche en ville, déclare que jadis, il y avait des milliers de ruches à Paris. Actuellement il y en a près de trois cents.

Mais les abeilles sont de retour en ville. La culture des abeilles renait à travers le projet « abeille, sentinelle de l’environnement » mise en place en 2005 par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). Le projet est une aide concrète pour l’implémentation de ruches urbaines et l’organisation des journées nationales de l’abeille, elles ont lieu cette année le 22 et 23 juin prochain.

Les collectivités installent des ruches sur le toit des immeubles comme sur le conseil général de Loire-Atlantique ou la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines mais également des centaines d’autres. Une vingtaine de villes ont pris part au mouvement ainsi qu’une quinzaine de départements et régions. La production n’est pas l’intention première de ce mouvement. Ces ruches urbaines sont considérées comme ruches témoins en possédant entre 30.000 et 40.000 abeilles. C’est une communication d’image pour sensibiliser à la surmortalité des abeilles. Cette action est intégrée par les collectivités dans une initiative globale de sauvegarde de la biodiversité.

Crédit photo Apiculteur : Dan