Nous respirons 200 000 virus par minute
Nous inhalons en moyenne 200 000 virus par minute. Avant d’expliquer pourquoi et de préciser le chiffre, il faut savoir qu’au repos, un être humain pompe 10 litres d’air par minute. Cette quantité peut aller jusqu’à 50 litres lors d’un effort physique conséquent.
Les virus sont de l’ordre de grandeur du micromètre (0.001 millimètre) et sont présents partout. Ils appartiennent à la famille des vivants (même si cet aspect est un débat), mais on ne connait que peu de chose sur eux. Ils sont l’une des dernières frontières dans l’exploration biologique sur Terre.
Des scientifiques Sud-Coréens ont réalisé une étude métagénomique (étude génétique d’échantillons trouvés dans la nature) sur l’atmosphère au niveau du sol. Celle-ci, première du genre, évalue entre 17 000 et 400 000 le nombre de virus inhalé par minute. Lors d’un footing, il est possible d’en faire entrer dans les poumons jusqu’à 2 millions à la minute.
Plus généralement, l’étude de cette population invisible a été réalisée dans différents types d’endroits et pendant différentes périodes, afin de mieux comprendre les facteurs influenceurs de la propagation virale. Trois sites différents ont été retenus à Séoul : un quartier résidentiel, un milieu industriel et une forêt. Les relevés ont duré plusieurs mois et consistaient à capter les organismes inférieurs au micromètre grâce à une sorte de filtre liquide, à les nettoyer, extraire l’ADN pour enfin les comparer aux banques de données existantes.
Les résultats ont montré qu’un mètre cube d’air contient entre 1.7 et 40 millions de virus, on trouve également entre 860 000 et 11 millions de bactéries. Chose surprenante, l’amplitude des résultats ne dépend pas du milieu de capture, mais de la période pendant laquelle elles ont été effectuées. En effet, l’air contient plus de virus en hiver. Un pic est atteint en janvier pour redescendre avec l’arrivée du printemps.
D’un point de vue scientifique, l’aspect le plus intéressant de l’étude est la découverture de nombreux virus. Plus de la moitié des séquences génétiques analysées n’appartenaient à aucune base de données, l’essentiel étant de simples branches d’ADN, tels les Geminiviridae. Ce sont des découvertes logiques lorsque l’on sait que très peu de recherches ont été réalisées sur l’écologie microbienne de l’air, notamment car ces analyses sont très complexes et relativement longues à réaliser. Aujourd’hui, les études sont aidées par la métagénomique.
Rédaction : Mathieu Doutreligne