Faut-il privilégier le bio ou le local ?
Les produits biologiques ont l’avantage de ne pas utiliser de produits chimiques, cependant certains produits bio viennent de loin, ce qui semble contradictoire. Un dilemme apparait lorsqu’il faut choisir entre un produit bio importé et un produit local conventionnel.
La doxa nous l’apprend : manger des produits bio d’origine lointaine n’a aucun intérêt. Actuellement en France, 40% des produits bio vendus en grandes surfaces ou magasins spécialisés sont importés. Ce chiffre est en augmentation au fil du temps. On associe souvent un bilan écologique lourd à un produit importé, cette notion est toutefois à relativiser et le choix s’avère souvent difficile entre un produit bio importé et un second conventionnel d’origine locale. De nombreux élément étant à étudier avant de prendre la décision de privilégier tel ou tel produit.
Avant de partir dans des explications détaillées, il faut bien avoir à l’esprit qu’un produit bio n’est pas nécessairement local et donc écologique. Premièrement, le label (AB, Cosmébio, etc) qui lui est associé garantit qu’il est issu de l’agriculture biologique : pas d’utilisation de produits chimiques ou de synthèse. Deuxièmement, un produit dit “vert” est quant à lui un produit qui possède une empreinte écologique basse, de sa conception à son recyclage en passant par son transport.
Tous les ans, les importations françaises des fruits et légumes émettent 1 milliard de tonnes équivalent CO2. Elles représentent plus de 10% des énergies liées aux importations globales. Ces chiffres sont éloquents. De plus, une certaine logique amène à penser qu’un produit bio importé est à proscrire. S’il vient de loin, son empreinte carbone est élevée. Il est peut-être bio-logique, mais pas éco-logique.
Pour faire un parallèle, il est commun de critiquer les fraises d’Espagne pour valoriser celles françaises. Meilleures au goût, plus rouge, les arguments ne manquent pas. En début de saison, la plupart des fraises made in France sont cultivées sous serre, or ce type de culture peut consommer jusqu’à 100 fois plus d’énergie que la culture à ciel ouvert. À ce titre, les fraises importées sont plus “vertes” que celles locales. À travers cet exemple, il faut comprendre que local n’est pas forcément synonyme d’écologique. Nous ne sommes pas en train de vous inciter à acheter des fraises espagnoles, mais simplement à vous mettre en garde pour toujours comprendre ce qui se cache derrière un produit. La notion de saisonalité prend alors son importance. Qui oserait consommer des fraises en hiver ?
Manger local a du sens, seulement si on connaît les méthodes de travail des producteurs locaux. La simple indication “France” ou “produit régional” n’informe pas sur le nombre de traitement infligés aux produits, les intermédiaires avant vente ou les conditions de transport et de stockage.
Un autre exemple peut être donné avec les fleurs. La grande majorité des roses vendues en France proviennent du Kenya, et faire venir des fleurs bio d’Afrique est plus écologique que d’acheter des fleurs néerlandaises. Pourquoi ? Car le climat européen nécessite un chauffage et un éclairage spécifiques pour la culture de fleurs, surtout en hiver. Même si elles parcourent 6.000 km en avion pour arriver chez notre fleuriste, les roses du Kenya ont un bilan carbone deux fois plus faible que leurs cousines des Pays-Bas. Ainsi il faut rester vigilant, car importer un produit bio peut parfois s'avérer intéressant d’un point de vue écologique.
Consommer bio et local reste tout de même le mélange idéal, à condition de consommer également des produits de saison. Les aliments bio et de saison sont plus nutritifs et correspondent mieux à nos besoins saisonniers. De plus, ils ne sont pas néfastes pour la planète, leurs transports étant réduit.
Si au final, le local reste à conseiller, un problème se pose, car les produits locaux n’ont pas encore de label officiel, quoi que... Le label “Bio Sud Ouest France” a été imaginé par deux régions pour assurer aux habitants d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées une qualité et une tracabilité optimales. L’objectif étant de fournir aux consommateurs régionaux des produits bio cultivés dans l’une des deux régions. Les premiers fruits et légumes pourvus du nouveau label ont été présentés lors du Salon de l’agriculture en mars dernier.
Rédaction : Mathieu Doutreligne