Produits bio : pourquoi ils coûtent plus cher
L’actu : l’Agence bio a organisé mardi 9 juin une conférence sur le thème "Le Bio : un autre rapport qualité prix". Des intervenants de différentes filières (élevage, pain, vin…) ont expliqué pourquoi les produits bio coûtent plus cher que les produits conventionnels.
Le contexte
- Créée en 2001, l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique (Agence Bio) est un groupement d’intérêt public qui rassemble des représentants des pouvoirs publics et des professionnels de l’agriculture bio.
- La conférence du 9 juin était organisée dans le cadre de la dixième édition du Printemps Bio, qui se déroule du 1er au 15 juin dans toute la France.
L’enjeu
- Pain bio :
Deux à trois heures suffisent pour produire une baguette non biologique à partir de levure. En revanche, la production d’un pain bio au levain est beaucoup plus contraignante. "Entre le lancement de la production et la sortie du four, il faut compter en moyenne 18 heures", estime Jean-Yves Fouché, président de la société Biofournil.
Un temps de fabrication important, qui se répercute sur le prix de vente de la baguette bio en boulangerie. En quinze ans, son prix moyen en France est passé de 1,04 euros à 1,20 euros (+15,2%). Dans le même temps, le prix de la baguette "normale" est passé de 0,63% à 0,84 euros (+32,4%). Mais il est intéressant d’observer que l’écart de prix entre le pain bio et le pain conventionnel est passé entre 1994 et 2009 de 64% à moins de 50%.
- Huiles bio :
"Les huiles bio sont en fait des huiles issues de l’agriculture et de la transformation biologique" explique Diego Garcia, président de Brochenin, une société de production d’oléagineux bio en région Rhône-Alpes.
Les étapes de la production d’huiles biologiques sont très contraignantes. Les grains sont obligatoirement sélectionnés, puis pressés mécaniquement, sans recours aux solvants. Le raffinage de l’huile se fait ensuite sans produits chimiques. Ce mode de production permet de préserver la teneur des huiles en omégas 3 et en anti-oxydants (oligo-éléments, provitamines...).
La certification d’Etat est obligatoire à chaque étape du processus de fabrication, alors qu’elle n’est que volontaire pour les huiles non-biologiques. Un principe qui contribue au surcoût des huiles bio, qui peut s’élever à 200% par rapport à certains produits conventionnels.
Dans une supérette parisienne, le prix d’une bouteille de 100 cl d’huile de tournesol raffinée s’élève ainsi à 1,99 euro, contre 4,50 euros pour une bouteille d’huile vierge bio vendue dans un magasin spécialisé.
- Viandes bio
Les élevages "bio" de bovins, d’ovins ou de volailles tiennent compte du "bien-être animal". Le nombre de bêtes par exploitation est donc limité. On compte en moyenne 1 bovin/hectare pour une exploitation bio, contre 1,4 pour l’élevage traditionnel.
La limitation de la densité a un impact sur les rendements de l’exploitation. Un élevage bio produit en moyenne 33 poulets par an et par m2, contre 140 poulets/an/m2 pour l’élevage traditionnel.
Les bêtes élevées dans des exploitations biologiques restent plus longtemps aux champs et sont élevées en plein air. "Un bœuf bio va rester 36 mois, contre 30 seulement en circuit conventionnel, ce qui entraîne des coûts d’entretien plus élevés, notamment pour l’alimentation à base de céréales bio" explique Luc Mary, directeur de la coopérative auvergnate SICABA.
La viande de porc bio peut même coûter deux fois plus cher que le porc conventionnel, car les bêtes sont élevées en plein air et que la période d’engraissement est plus longue (au moins deux mois).