Alimentation. Le circuit court, une solution d'avenir ?
Quand la mode est au vert, au bio, mieux vaut se tourner vers des spécialistes. Le colloque organisé en juillet, à Clermont-Ferrand, sur le thème « Territoire et globalisation », traitera de la relocalisation des échanges.
Tout change, même le rapport à la terre. Avant-hier, on mondialisait à tour de bras. La viande venait d’Argentine, le petit pois de Chine et la pomme d’Afrique du Sud. Pas question de s’embarrasser des nombreuses variétés de fruits, de légumes, d’autant de races bovines, ovines. La vache salers et la belle de Fontenay ont bien failli disparaître. Tout devait être normé, calibré, disponible à chaque instant, la fraise à Noël, l’épinard en février… Finies les saisons !
Évolution…Ce temps est révolu. Les crises sanitaires (ESB, grippe aviaire, etc.) ont semé le doute, les révoltes de la faim ont rajouté un brin de culpabilité. À l’automne dernier, la crise financière a fini de convaincre : relocaliser les cultures, les échanges s’imposait, non comme un repli, mais une nécessité aux multiples raisons (économiques, écologiques, humaines, sociales…).
Aujourd’hui donc, on s’intéresse aux nombreuses initiatives qui, hier encore, faisaient rire, parce que réservées au bobo des villes. Ainsi parle-t-on des vertus du circuit court, d’agriculture bio ou raisonnée, d’agritourisme, d’énergies nouvelles et même de relancer des productions délaissées comme le chanvre, un parfait isolant très écolo.
En bref, ce qui fut pendant longtemps porté par des associations, des militants, est désormais pris en compte par les pouvoirs publics, soucieux de répondre aux attentes du citoyen. C’est alors que commencent les difficultés. Exemple : le Grenelle de l’environnement prévoit que 20 % des repas servis aux scolaires soient bio. Or, les exploitations locales ne fournissent guère plus de 10 % des fruits et légumes nécessaires. Ce qui encourage à la création de maraîchage en périphérie des villes ou le prix de la terre, immobilier oblige, est cher : c’est donc toute un type d’aménagement qu’il faut repenser, financer.
Autre exemple, les AOC (appellations d’origine contrôlée). Sur place, elles sont génératrices d’emplois ; à l’extérieur, elles portent l’image d’un pays : elles doivent se conformer à de nouvelles normes, (voir ci-dessus le cas du saint-nectaire).
Ce changement de mentalité, qui fut anticipé par ceux qui ont favorisé la vente directe ou les fameux « paniers », ne devrait poser aucun problème dans une région essentiellement rurale, riche d’un patrimoine naturel exceptionnel et soucieuse de maintenir sa population.
… mondialeLa tendance est mondiale. Les idées migrent d’un pays à l’autre. Ainsi, les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) sont issues du « teikei » japonais, sur le principe de « mettre le visage du paysan sur l’aliment ». Aux États-Unis et au Canada, les « locavores » se contraignent à utiliser des produits dont l’origine est située à moins de 160 kilomètres de leur domicile. C’est un succès... et la grande distribution s’adapte !