Fairtrade - Max Havelaar crée un nouveau label moins exigeant qui profite aux multinationales

Labels Fairtrade et FSP de Max Havelaar Sacs de fèves de cacao
Fairtrade - Max Havelaar crée un nouveau label moins exigeant
Par Manon Laplace publié le
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Fairtrade - Max Havelaar, qui labellise les produits issus du commerce équitable, a annoncé la création d’une nouvelle certification “FSP” (Fairtrade sourcing programs). Ses critères d'attribution seront beaucoup plus souples que ceux du label Fairtrade - Max Havelaar déjà existant.

Depuis sa création en 1988, le label Fairtrade - Max Havelaar certifie les produits dont les composants sont issus du commerce équitable. Pour l’obtenir, tous les ingrédients pour lesquels il existe une filière équitable doivent en être issus, et au moins 20% du produit final doivent provenir d’exploitations certifiées. Avec le nouveau label “FSP” de Max Havelaar dévoilé en novembre dernier, ces règles seront assouplies. Le produit pourra être certifié avec un seul de ses composants issu du commerce équitable.

Selon le mouvement Fairtrade, cette nouveauté a pour but de trouver de nouveaux débouchés au commerce équitable. Mais l’assouplissement du cahier des charges de cette nouvelle certification n’est pas du goût de tout le monde. D’autant que le nouveau label “FSP” est visuellement très proche de celui de Fairtrade - Max Havelaar, ce qui pourrait bien induire le consommateur en erreur.

La coopérative Ethiquable qui commercialise des produits issus de productions équitables s’est exprimée contre cette initiative, dénonçant la mise en place d'un commerce équitable “à deux vitesses”. “Nous sommes et serons toujours en faveur de mesures qui cherchent à accroître la part de l’équitable dans le commerce mondial. Mais pas à n’importe quel prix… et surtout pas en baissant les exigences d’un commerce plus juste.” peut-on lire sur le site de la marque.

Pour certaines grandes firmes, ce nouveau label est l'occasion de s’offrir une image plus verte. C’est notamment le cas de Mars, qui souhaite faire certifier sa filière cacao. Les barres de la marque seraient alors certifiées bien que le cacao ne soit qu’un ingrédient secondaire du produit final. Le sucre, très présent dans les produits Mars, serait toujours issu de cultures conventionnelles.

L’opération semble donc être à double tranchant. D’une part, les multinationales pourront redorer leur image grâce à des cahiers des charges moins lourds, et le consommateur risque d'être dupé par des logos sensiblement similaires, mais aux critères bien différents. De l’autre, cet allègement des critères de certification pourrait engendrer une augmentation du volume des ventes de produits équitables, 22 % selon Max Havelaar, et plus de petits producteurs pourraient alors être intégrés au système Fairtrade.


Rédaction : Manon Laplace