Pourquoi le traité transatlantique affole les consommateurs européens
Du bœuf aux hormones et du maïs transgénique bientôt dans vos assiettes ? Le traité transatlantique qui s'est négocié au cours de la semaine met en péril toutes les valeurs sanitaires, environnementales et éthiques de l'Europe.
Faciliter les échanges commerciaux entre les pays d'Amérique et l'Europe
Le TAFTA (Trasatlantic Free Trade Area) soit zone de libre-échange transatlantique a pour objectif de faciliter les échanges commerciaux entre les pays d'Amérique et l'Europe. Réduire les tarifs de douanes et assouplir les réglementations en vigueur font donc partie du programme.
L'intérêt d'un tel traité est le rendement estimé à 100 milliards d'euros pour chaque continent et la création de nouveaux emplois dont 121 000 prévus en France. De quoi se réjouir, a priori.
Cet accord de libre échange avait été initié en 1998 sous le nom d'AMI (Accord Multi-latéral sur l'Investissement) qui avait connu alors une vague contestataire de la part des défenseurs de l'environnement qui voyaient en ce projet, la ruine de tout espoir dans le domaine de l'agroalimentaire.
En effet, les normes européennes sont nettement plus strictes qu'outre atlantique dans les domaines sanitaires, environnementaux et même alimentaires. Les assouplir reviendrait à accepter des conditions d'élevage ou de fabrication aux antipodes des valeurs européennes.
Or, cet accord s'est négocié à huit clos tout au long de la semaine. De quoi inquiéter les agriculteurs, les écologistes et bien sûr les consommateurs en première ligne de mire.
Car concrètement, si les États-Unis s'emparent du marché européen, c'est jusqu'à 8 % de la production de viande bovine qui sera importée du Canada, des États-Unis et du Brésil. Soit, une part de marché en moins pour les agriculteurs européens.
Des inquiétudes naissantes
Pour le consommateur, ce traité serait synonyme d'adieux à la traçabilité alors que les producteurs ont renforcé la transparence depuis la naissance jusqu'à l'assiette. Ensuite, c'est l'alimentation du bétail qui pose problème. Farines animales, antibiotiques, hormones, maïs OGM, tout est bon pour produire une viande grasse à moindre coût. Des pratiques totalement interdites au sein de l'Union Européenne en raison des risques sanitaires qu'elles comportent.
Du point de vue du respect de l'animal, on est encore une fois dans un contraste total. Outre Atlantique, aucune loi n'encadre les conditions d'élevage qui s'avèrent souvent désastreuses, notamment au Brésil où les animaux connaissent insalubrité et malnutrition au quotidien. De quoi faire hérisser les poils de tous les défenseurs animaliers européens.
Au niveau de l'industrie alimentaire, c'est faire la part belle à des conservateurs non autorisés en Europe tels que l'azodicarbonamide utilisé dans nombre de pains industriels, mais aussi à de nombreux produits à base de céréales OGM.
Car si les producteurs ne sont pas réfractaires à l'ouverture des échanges avec le continent américain, ils refusent cependant d'assouplir leurs normes qui ne sont rien d'autres que les garanties d'une alimentation de qualité.
Le bœuf aux hormones va-t-il donc bientôt traverser l'atlantique pour arriver dans nos assiettes ?