Travailler de nuit est-il sans risques pour la santé ?
Le travail de nuit ou en horaire décalé pourrait, à terme, présenter des risques pour la santé. C’est en tout cas la conclusion d’une étude parue lundi 3 novembre dans la revue scientifique internationale Occupational and Environmental Medecine (OEM), spécialisée en santé du travail et environnementale.
En 2012, 3,5 millions de Français travaillaient de nuit selon les chiffres du ministère du Travail publiés en août dernier. C’est un million de salariés de plus qu’il y a vingt ans. S’ajoutent à ceux-là tous les travailleurs qui ont une activité dite en horaires décalés. Soit autant d’individus qui travaillent en horaires atypiques et dont le rythme circadien est perturbé.
Par rythme circadien, on désigne un rythme biologique étalé sur une durée de 24 heures, et qui inclut le rythme veille-sommeil d’une espèce. L’homme étant une espèce diurne, le travail de nuit ou en horaires décalé perturbe son cycle veille-sommeil, ce qui peut avoir des effets plus ou moins délétères sur l’organisme.
Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), la perturbation du rythme biologique par le travail en horaires atypiques favorise les troubles du sommeil et le développement de certaines pathologies. Faiblesse cardiovasculaire, ulcères, troubles psychologiques ou cancer du sein figurent parmi les maladies pour lesquelles les salariés qui travaillent la nuit sont plus à risques.
En plus de ces troubles déjà mis en évidence par de nombreuses études, le récent rapport de l’OEM met en lumière l’impact du travail en horaires décalés sur les capacités cognitives telles que la mémoire, le langage ou l’attention.
L’étude portait sur quelques 3 000 personnes, actives ou retraitées dont la moitié travaillait ou avait déjà travaillé en horaires atypiques. Au terme des dix années de suivi, il est apparu que le cerveau de ceux qui avaient travaillé de nuit pendant dix ans et plus vieillissait plus rapidement que celui des autres, avec un déclin cognitif équivalent à 6,5 ans.
Considérée comme réversible, cette altération cognitive se poursuivrait jusqu’à cinq ans après l’arrêt de l’activité selon les chercheurs en charge de l’étude.