Qui sont les entreprises championnes de la déforestation ?

surface forestière déboisée
Qui sont les entreprises championnes de la déforestation ?
Par Manon Laplace publié le
19172 lectures

Le Forest 500 est un laboratoire de réflexion international chargé d’évaluer gouvernements, entreprises et institutions financières en fonction de leur politique de lutte contre la déforestation. Son évaluation de 2015 revient sur les bons et les mauvais élèves.

Plus de la moitié des produits de consommation courante contiennent des marchandises très “à risque” pour les forêts, à savoir l’huile de palme, le soja, le boeuf, le cuir, le bois ou le papier. Leur production est largement responsable de l’effondrement de la forêt tropicale.

Évaluer et classer les multinationales

Le Forest 500 est un laboratoire de réflexion international rattaché au Programme mondial pour la canopée. Il se charge d’évaluer et de classer 500 gouvernements, entreprises et institutions financières internationales en fonction de leur politique de lutte contre la déforestation. A l’issue du Sommet sur le climat tenu à New York en septembre 2014, nombre de ces organisations avaient signé la Déclaration sur les forêts. Le texte engageait ses signataires à mener les politiques nécessaires  pour réduire de moitié la déforestation d’ici à 2020 et l’éradiquer d’ici à 2030.

Le classement 2015 du Forest 500 épingle bon nombre de multinationales opérant sur l’ensemble de la chaîne de production, parmi lesquelles des sociétés françaises comme le chausseur Éram, dont l’exploitation irraisonnée de marchandises met à mal les ressources forestières. C'est "l'économie cachée de la déforestation", dont chacun se rend complice en achetant auprès des entreprises concernées.

De mauvaises politiques anti-déforestation

Avec une note moyenne de 29 sur 100, les 250 compagnies évaluées peinent encore à mettre en place une politique visant le zéro déboisement. Elles sont notées selon 33 critères classés au sein de quatre grandes catégories : la politique forestière globale, la politique en matière de produits de base, le travail de gestion et la transparence.

Parmi les entreprises les plus à la peine, on retrouve le français Éram, propriétaire des marques Texto, Mellow Yellow, Gémo ou Tati. Les chausseurs Bata et Clarks, le spécialiste de l’habillement Gap, ou les maisons de haute couture Prada et Miu Miu campent également le bas du tableau. Tous sont décriés pour leur cuir et leur papier dont l'exploitation détruit la forêt tropicale.

Quant aux industriels de l'agroalimentaire, Domino’s Pizza, Starbucks ou les marques du groupe Kraft Foods (Milka, Philadelphia, Cadbury) sont pointés du doigt pour leur culture destructrice d’huile de palme, de soja et de papier. Même chose pour la chaîne de fast food Burger King, dont l'approvisionnement en viande de boeuf est aussi en cause. Le groupe français Mousquetaires, duquel le distributeur Intermarché avait déjà été mis en cause pour sa mauvaise politique péchière, n’est pas en reste.

Certaines sociétés se démarquent néanmoins de par leur bonne conduite. A l'instar de Danone, Nestlé ou Unilever qui figurent ainsi au sommet du classement. C’est également le cas du groupe Procter & Gamble, que l’ONG Greenpeace accusait en 2014 encore de décimer la forêt indonésienne.