Alternative aux pesticides : la ville de Caen distribue gratuitement des larves de coccinelles
C’est un rituel qui date déjà de 33 ans. Tous les ans, la ville de Caen offre gratuitement à ses habitants des larves de coccinelles dans le but de remplacer les pesticides utilisés dans les jardins.
Offrir gratuitement une alternative naturelle aux pesticides
À partir des premiers beaux jours de l’année jusqu’au début de l’été, les Caennais ont à leur disposition des larves de coccinelles, mais aussi des chrysopes, distribués gratuitement par la ville en partenariat avec l’Agence régionale de l’environnement de Haute-Normandie.
C’est un fait défendu sans relâche par l’Agence régionale : les coccinelles sont à la fois plus écologiques et plus efficaces que n’importe quel pesticide. Dans un communiqué, l’Agence aime citer les grandes lois de la sélection naturelle appliquées à la coccinelle sur le puceron : “elle perfore sa proie pour y injecter sa salive chargée de suc digestif. En un instant, l’adversaire est anéanti.” Quoi de plus efficace contre les nuisibles ?
À Caen, depuis 1982, l’ensemble des parcs et espaces verts sont protégés de la manière la plus naturelle qui soit des insectes nocifs par les “petites bêtes à bon dieu”. Les habitants sont invités à suivre cette initiative écologique en venant chercher des larves de coccinelles, distribuées tous les vendredis matin au Jardin des Plantes de la ville. L’année dernière, 1.500 citoyens ont profité de cette distribution.
Chaque année en France, près de 60.000 tonnes de pesticides sont utilisées dans les cultures agricoles (90%) ou horticoles (10%). Cela représente 1.9 kilo de pesticides chaque seconde. Le jardinage des collectivités locales et des particuliers n'en consomment que 10%, mais avec des doses bien plus fortes.
Les larves de coccinelles plus gourmandes que les adultes
Il faut savoir que les coccinelles au stade larvaire sont plus efficaces que les coccinelles adultes. Une larve peut engloutir jusqu’à 150 pucerons par jour. Durant les premiers jours de sa vie, elle a “une faim de loup” nécessaire à son processus de développement naturel.
Les premières pontes ont lieu aux environs du printemps. Trois à quatre jours après, c’est l’éclosion. Rapidement, les larves de coccinelles recherchent de la nourriture et peuvent s’attaquer à des pucerons plus gros qu’elles. Elles grossissent, elles grossissent. Plusieurs fois de suite, elles changent de corps pour atteindre entre 1,5 et 2 cm et entrent ensuite dans le stade nymphal, avant de devenir l’animal à pois noirs qu’on connaît tous.
La coccinelle, un insecte porte-bonheur depuis plus de 1000 ans
La coccinelle n’est pas un insecte terrifiant. Utile dans les jardins, ce petit coléoptère jouit même d’une excellente réputation, on l’appelle familièrement la bête du bon dieu. Cette renommée lui vient d’une légende datant du Xe siècle. Le saviez-vous ?
Alors que le roi Robert II était au pouvoir un peu avant l’an 1000, un condamné à mort clamant son innocence eut la vie sauve grâce à une coccinelle. L’homme devait avoir la tête tranchée pour un meurtre commis à Paris. Cependant, le jour de son exécution, une coccinelle vint se poser sur son cou. Le bourreau essaya de la faire partir, mais elle revenait continûment au même endroit. Le roi y vit un signe de Dieu et gracia l’homme. Dans les jours qui suivirent, le véritable meurtrier fut retrouvé. Cette histoire fit beaucoup de bruit et la coccinelle devint un porte-bonheur qu’il ne fallait pas écraser.