Ces petits bonheurs qui mettent le temps au beau fixe
On ne sait pas bien si c’est l’approche de l’été, l’émulation désormais bien installée des gens en terrasses ou encore la longueur des journées mais ces temps-ci, on avait envie de vous parler bonheur.
On s’épargnera un long couplet philosophico-spirituel sur la définition du bonheur et la potentialité de l’atteindre un jour. Le bonheur s’incarne de manière plurielle et insaisissable. Il y a le votre, le mien, celui du voisin. Du coup, on parlera des petites choses. De toutes petites choses sur lesquelles on ne prend pas toujours la peine de mettre des mots. Infimes, mais parfois si lourdes de sens. On parlera rencontres. On va continuer de parler initiatives surtout. Les belles, les audacieuses, les solidaires. Celles qui donnent envie de croire qu’il est possible de faire autrement, d'aller à contre-courant au milieu de ce torrent de nouvelles alarmantes, d’informations catastrophes et de rapports défaitistes.
BRIBES. Pour cela on a regardé autour de nous, parfois même en nous, pour remettre le doigt sur ces bribes de bonheur. Comme on plongerait la main à l’intérieur d’un sac dont on ne voit pas le fond. On a fouillé dans nos souvenirs, repassé les bobines, on a ri, on a été gêné parfois, toujours avec cette question en toile de fond : c’est quoi pour moi un petit bonheur ?
VENT QUI CLAQUE. Il y a le souvenir d’un voyage. Ceux pour qui le bonheur se place au-delà du périple, dans les sensations qu’il égrène. Celles auxquelles on n’a pas toujours droit, et dont la rareté fait qu’on les chérit. Comme le tiraillement d’une peau salée par l’océan et qu’on laisse brûler au soleil. Les effluves d’un marché exotique mêlées à l’effervescence sonore. Le vent qui claque les joues à l’arrière d’une moto.
BULLE. Les petits bonheurs sont aussi parfois bien plus près de chez nous. Ils s’incarnent dans un petit bout de nature. Cette bulle dans laquelle le monde semble encore parfait. Cette sensation de faire partie d’un tout infini qui nous dépasse et que l’on malmène trop souvent.
PROCURATION. Il y a aussi les bonheurs par procuration. Les désintéressés, ceux qui nous comblent alors même qu’ils ne sont pas vraiment les nôtres. On s’est parfois surpris à être heureux en écoutant les autres nous raconter leurs bonheurs. Parfois c’est un moment pour soi, qui fait oublier que tout avance trop vite autour. C’est être seule sur le siège de sa voiture et hurler, de toutes ses forces, jusqu’à s’époumoner.
Quelle que soit sa définition d’un petit bonheur, il en va souvent de la recherche de ces instants infimes, le plaisir de mettre le doigt dessus, de se les remémorer et d’aller chercher dans un coin de sa tête ces impressions précieuses qui mettent le temps au beau fixe, pour quelques secondes au moins.