Suppression de la taxe Nutella: la production d’huile de palme va doubler d’ici 2030

Une partie de la forêt détruite en Malaisie
Suppression de la taxe Nutella: La production d’huile de palme va doubler d’ici 2030
Par Valentine Poignon publié le
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Lors d’une nouvelle lecture de la loi sur la biodiversité, les députés ont décidé mercredi soir de ne pas surtaxer l’huile de palme. Cette initiative aurait pu réduire sa production massive et ainsi minimiser la déforestation ainsi que les conséquences qui en découlent.

Le mois dernier, l’Assemblée nationale avait introduit dans la loi sur la Reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, une taxe additionnelle qui devait s’appliquer sur l’huile de palme (provenant du palmiste) et de coprah. Ainsi, la taxe de ces huiles, utilisées presque systématiquement dans les produits alimentaires, devaient s’élever à 90 euros par tonne en 2020. Surnommée “taxe Nutella”, cette mesure a suscité l'inquiétude de l’Indonésie et la Malaisie qui détiennent 98% de la production mondiale. Les deux plus gros producteurs mondiaux n’ont pas hésité à exercer des pressions sur la France qui a finalement cédé.

Un pas en avant, trois en arrière

Les produits à base d’huile de palme étaient dans le collimateur de la loi sur la biodiversité. L’amendement 367 qui prévoyait la surtaxe devait avoir pour conséquence de réduire la consommation massive de cette huile, présente dans la plupart des produits alimentaires (sucreries, céréales, biscuits, chips, glaces, pains industriels). Il devait également convaincre les industriels d’employer des huiles végétales moins grasses et plus respectueuses de l’environnement.

Initialement, le Sénat avait décidé d’imposer une taxation de l’ordre de 300 euros la tonne dès 2017. Chaque année, celle-ci devait augmenter de 200 euros afin d’atteindre un total de 900 euros en 2020. Par la suite, les députés avaient limité cette taxation à 90 euros. Aujourd’hui, l’Assemblée suit donc le chemin du Sénat en supprimant intégralement l'amendement. Les députés ont finalement voté un amendement du gouvernement et décidé de revoir d'ici six mois "le dispositif actuel de taxation des huiles alimentaires".

L’économie française menacée

Actuellement, la taxe établie sur l’huile de palme est beaucoup moins importante que celle appliquée à l’huile d’olive (même bio). Si l’idée initiale partait d’une bonne intention et allait véritablement diminuer la production de cette huile, la décision finale pourrait avoir de lourdes conséquences pour l’environnement. D’ici 2030, la culture d’huile de palme devrait doubler.

L’idée d’adopter cette taxe a entraîné la colère des deux pays producteurs de l’huile de palme. L’Indonésie a vivement critiqué l’initiative de la France qu’elle a jugé dangereuse pour l’avenir des relations entre les deux pays. Et pour cause, l’Indonésie menace la France de ne pas acheter d’avions Airbus militaires si la taxe sur l’huile de palme dans la loi biodiversité était adoptée.

Lourdes conséquences pour l’environnement

Les palmistes, arbres produisant l’huile, sont cultivées à grande échelle. Contrairement aux autres huiles végétales, l’huile de palme est très résistante en raison de sa forte teneur en acide gras saturé. Produite à bas coût, l’huile de palme est très prisée des industriels qui l’utilisent dans toutes leurs préparations alimentaires. Grand adepte, Ferrero exploite fortement l’huile notamment pour la fabrication de sa célèbre pâte à tartiner, Nutella.

Pour exploiter l’huile de palme, les producteurs détruisent les forêts en y mettant le feu. L’émission de CO2 qui émane de ces feux affaiblit la couche d’ozone. La déforestation entraîne un déséquilibre de la biodiversité, la réduction du nombre d’individus chez certaines espèces animales. Particulièrement touchés, les orangs-outans sont délogés de leur habitat naturel et ne peuvent plus se nourrir ni se reproduire ailleurs que dans les grands arbres d’Indonésie. Il y a 120 ans, sa population était estimée à plusieurs centaines de milliers d’individus. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 65 000. Un nombre qui réduit chaque année en raison de la course folle à l’huile de palme.