Intoxication d’écoliers au fongicide: des efforts à faire même en viticulture bio
En 2014, des écoliers girondins ont été intoxiqués suite aux épandages de fongicides sur des vignes conventionnelles mais aussi bio, à proximité de l’école. Contrairement à l’agriculture, la filière bio viticoles a encore des efforts à faire.
Le 5 mai 2014, une vingtaine d’élèves et leur enseignante de l’école primaire de Villeneuve-de-Blaye, dans la Gironde, avaient été pris de malaises ou de maux de gorge et de picotements aux yeux. Ces symptômes faisaient suite à des épandages successifs de produits phytosanitaires (fongicides) sur les vignes du château d’Escalette et de Castel La Rose (l’un conventionnel, l’autre bio), à proximité de l’école.
Des pesticides autorisés
L’Agence régionale de santé (ARS) avait été alertée et une enquête administrative avait établi que les produits utilisés étaient autorisés mais que l’épandage “à proximité de l’école s’est déroulé dans des conditions inappropriées sans qu’aient été prises toutes les précautions pour le voisinage”.
Les deux produits, utilisés en viticulture conventionnelle comme en bio, sont bien autorisés. Une première plainte avait été classée sans suite mais l’affaire avait été rouverte suite à la nouvelle plainte d'une fédération d'associations de protection de la nature du Sud-Ouest, la Sepanso, soutenue par l'association Génération Futures, portée partie civile.
Lutter contre les excès
“Nous ne menons pas un combat contre la viticulture, car on ne peut pas faire de vin sans traiter, que ce soit en bio ou en conventionnel” expliquait François Ruffié, avocat de la Sepanso. “C’est un combat contre les excès et l’inconscience de certains.” Plus réglementée qu’en conventionnel, la viticulture biologique utilise également du cuivre ou du soufre, deux des rares produits autorisés en bio, pour obtenir une vigne sans agent pathogènes, ni bactéries, ni champignons. Cependant, du fait de son accumulation dans le sol, il peut devenir toxique pour certains organismes qui y vivent et donc également nocif pour l’être humain à cause des molécules volatiles.
Générations Futures espère que cette affaire “viendra confirmer l’impérieuse nécessité de protéger les groupes vulnérables, tout particulièrement les personnes pouvant être exposées à ces toxiques de manière indirectes (riverains, promeneurs, salariés agricoles etc.) notamment en retirant du marché les molécules dangereuses (CMR et PE) et dans l'attente de ces retraits, la mise en place de zones sans traitements”.
Des efforts à faire même en bio
A la suite du Grenelle de l’environnement en 2007, le Gouvernement a décidé de réduire de 50% l’usage des pesticides, si possible dans un délai de dix ans. C’est le projet “Ecophyto 2018”. La Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) demandait à l’Etat la mise en place d’un système de contrôle des pratiques et d’analyse des vins en vue d'une véritable obligation de résultat pour la filière viticole notamment biologique.