Étiquetage alimentaire: le logo nutritionnel au profit des lobbies

Étiquetage alimentaire : le logo nutritionnel au profit des lobbies
Étiquetage alimentaire : le logo nutritionnel au profit des lobbies
Par Juliette Labracherie publié le
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C’est officiel, le nouveau système d’étiquetage nutritionnel fera son apparition dans nos supermarchés dès le mois prochain. Il devrait permettre d’évaluer la qualité des aliments en un coup d’oeil. Une solution au problème de santé publique qui profite surtout aux industriels. Décryptage.

Depuis septembre 2016, une cinquantaine de supermarchés français participent à une étude qui a pour but de déterminer le meilleur système de décryptage nutritionnel. Résultat, le logo 5-C ou Nutri-Score s’est montré le plus performant et pourtant le système a bien des lacunes.

Un logo facultatif

Ce n’est que la suite du feuilleton mêlant nutritionnistes, lobbyistes et Parlement européen. Alors à quoi sert ce nouveau système d’étiquetage ? Il permet aux consommateurs de comparer d’un coup d’oeil, grâce à un code couleur, la qualité nutritionnelle d’un même produit de marques différentes. Pour Marisol Touraine, il s’agit avant tout de lutter contre le surpoids et l’obésité.

Ce nouveau logo a tout de même une limite et elle n’est pas des moindres :  il est facultatif. Sur la base du volontariat, les marques font le choix d'étiqueter ou non leurs produits. Un bémol de plus dans la bataille opposant les professionnels de santé et les industries agroalimentaires qui, depuis la loi du 26 janvier 2016 relative à la modernisation de notre système de santé, tentent d’imposer leur propre étiquetage industriel. C’est notamment le cas d’une des plus grande organisation en désaccord avec le Nutri-Score, FoodDrinkEurope, qui est aussi l’un des lobby le plus important en Europe.

Les industriels mettent leur grain de sel

Les entreprises joueront-elles le jeu ? Mettre un logo en avant, c’est aussi faire gage de transparence. La Ministre de la Santé annonce d’ailleurs, dans son interview au Parisien, qu’elle compte surtout sur la pression des consommateurs qui demandent à être informés pour que les professionnels de l’agroalimentaire s’y mettent.

“On ne peut pas parler de santé publique et ne pas être transparent. Aujourd'hui, tout le monde parle de prévention, c'est l'avenir de la santé.”

Jouer le jeu, d’accord, mais avec les bonnes règles. Plusieurs grosses industries souhaitent utiliser leur propre étiquetage nutritionnel. Pepsico, Coca-Cola, Mars, Mondelèz, Unilever ou encore Nestlé s’apprêtent déjà à présenter leur nouveau système à Bruxelles qu’ils trouvent “moins discriminant”. Il ne reposera pas sur une quantité standard de 100 mg ou ml mais se sur des "portion", une mesure assez floue. "Une barre chocolatée étiquetée rouge peut devenir magiquement orange ou verte" selon Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’association de consommateurs UFC-Que choisir et interrogé par Le Monde. Bien que ce nouvel étiquetage soit un progrès pour la santé publique, “ce logo ne prendra tout son sens que s'il devient obligatoire pour tous les fabricants", selon Karine Jacquemart, de l'ONG Foodwatch France.