Pollution de l'air : un pneumologue rémunéré plus de 300 000€ par Total
Michel Aubier, ex-chef du service pneumologie de l'hôpital Bichat à Paris a été grassement rémunéré par le géant pétrolier Total. Le professeur aurait touché plus de 150 000€ par an.
Professeur émérite et médecin très médiatisé, Michel Aubier était l’ex-responsable du service de pneumologie de l’hôpital Bichat à Paris. Aujourd’hui à la retraite, il est jugé mercredi pour avoir tu ses liens avec le groupe Total lors d’une audition devant la commission d’enquête sénatoriale liée à la pollution de l’air.
Des expertises financées ?
En 2015, Michel Aubier est auditionné - en sa qualité de chef du service pneumologie devant la commission d’enquête sénatoriale - sur le coût économique et financier de la pollution. Tandis qu’il déclarait le nombre de cancers liés à la pollution “extrêmement faible”, et qu’il n’y avait “aucun lien avec les acteurs économiques” du secteur, il s’est gardé de mentionner ses liens avec le groupe Total, selon l’enquête du Monde.
“L’ex-chef du service pneumologie de l’hôpital Bichat a touché jusqu’à 171 504 euros du groupe pétrolier en 2014”, explique Le Monde. Salarié de la compagnie pétrolière depuis 1997 et membre du Conseil d’administration de la Fondation Total depuis 2006, l’expert est donc jugé pour “témoignage mensonger sous serment” et encourt une peine de cinq ans de prison ainsi que 75 000 euros d’amende.
Un pneumologue tolérant envers la pollution
En mars 2016, l’expert avait été critiqué pour son positionnement à l'égard de la responsabilité de la pollution dans les cancers du poumon dans l’émission "Allô docteurs" sur France 5 : "Je ne pense pas […] que le fait d’être exposé à une pollution ambiante, comme on en a dans des villes comme Paris, prédispose au cancer du poumon." Deux ans plus tôt, il ne signalait "aucun danger pour des sujets bien portants" concernant les pics de pollution sur RTL. Pourtant, une récente étude sur la pollution atmosphérique menée par la Direction de la Santé Publique Française démontre que l’espérance de vie diminue de deux ans dans les villes les plus polluées de France.
Les ONG Générations futures et Ecologie sans frontière ont réclamé "des peines exemplaires" et souhaité que "ce procès soit le début d'une prise de conscience des méfaits des conflits d'intérêt dans le domaine de la santé".
Sources : AFP, Le Monde, Le Nouvel Obs.