Cosmétiques bio : la nouvelle norme internationale tromperait les consommateurs
Alors que l’industrie cosmétique conventionnelle collectionne les scandales sanitaires, les consommateurs se tournent vers des alternatives bio, plus saines et plus naturelles. Cependant, une nouvelle norme internationale crée la confusion en permettant d’apposer en toute légitimité une étiquette bio/d’origine naturelle sur certains produits cosmétiques.
La cosmétique bio connaît actuellement un essor spectaculaire et doit établir une norme commune pour se structurer en conséquence. Des groupes de travail représentant 28 pays européens se sont donc réunis afin de plancher sur le sujet, et ce, avec la participation de grandes marques conventionnelles qui ont dû se délester d’importantes cotisations.
Cosmébio et Ecocert -qui faisaient partie du groupe de travail français- ont finalement claqué la porte lors des négociations sur la nouvelle norme qui constituerait « une tromperie pour les consommateurs ».
Une confusion entre les vrais et faux produits bio ?
Baptisée ISO 16 128, la norme internationale vise à harmoniser les discours et créer une règle pour tous les pays. Selon la Fébéa (Fédération des entreprises de beauté), le référentiel ISO 16 128 est « un dictionnaire qui permet désormais aux acteurs internationaux de la cosmétique de parler le même langage ». Seulement, les associations et professionnels de la cosmétique bio ne partagent pas cet avis. Et pour cause : le référentiel établit les indices de naturalité des ingrédients contenus dans un produit cosmétique. Une définition plus large du naturel qui provoque l’indignation de l’association Cosmébio et de certaines associations qui tirent la sonnette d’alarme. Cette norme induirait une confusion entre les vrais et faux cosmétiques bio.
"Cosmétique naturel", une appellation trompeuse ?
Avec le soutien des ONG Générations Futures, Générations Cobayes et WECF, l'association Cosmébio alerte contre les "allégations marketing" induites par ce référentiel et lui reproche d’autoriser paraben, OGM, et autres substances chimiques polluantes prohibées par les cosmétiques estampillés par le label bio. L’association déplore l’absence de pourcentage minimum d’ingrédients biologiques dans la composition et la défaillance des règles concernant l’étiquetage.
Celle-ci reproche également à la norme ISO 16 128 d’établir “une définition du naturel au rabais”, de favoriser la non-interdiction de substances pétrochimiques, même les plus controversées. Pire encore, le référentiel international omettrait tout contrôle de ces produits dits naturels. En somme, la norme est accusée de légaliser et d’autoriser le greenwashing.
« Selon cette norme, les fabricants déclarent simplement leurs ingrédients et s’exonèrent du contrôle indépendant d’organismes certificateurs. C’est un peu comme si, non seulement on supprimait les limitations de vitesse, mais aussi la police ! », s’insurge Romain Ruth au journal Le Parisien.
Pour que beauté rime véritablement avec santé, Cosmebio revendique que les substances suspectes et controversées comme le phénoxyéthanol, le paraben ou le silicone, soient indiquées sur les étiquettes avec leur pourcentage. Un moyen d’informer le consommateur en toute transparence sur ces produits qu’il applique quotidiennement sur son corps.
UFC-Que Choisir lance une appli qui repère les ingrédients indésirables
Pour faire la chasse aux substances indésirables dans les produits cosmétiques, l’association de consommateurs UFC-Que choisir a lancé officiellement, lundi 12 mars, "QuelCosmetic". Une application gratuite qui vous aidera à déchiffrer la liste des ingrédients composant votre crème de jour ou votre déodorant.
Le principe est simple : après avoir scanné le code-barres d’un produit à l’aide de son smartphone, l’application "informe immédiatement sur la présence ou l'absence de composés indésirables et leur niveau de dangerosité selon le profil : femme enceinte/bébé, enfant/adolescent ou adulte". L’application financée grâce aux dons des consommateurs, permet d’identifier efficacement la présence de perturbateurs endocriniens, allergènes ou autres substances chimiques prohibées. Une initiative ancrée dans une démarche à la fois informative et participative.