Faut-il continuer à bêcher son potager ?

Un paysan bêche son potager à la campagne
Faut-il continuer à bêcher son potager ?
Par Mathieu Doutreligne publié le
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Le poids de la tradition nous pousse parfois à reproduire des gestes qui, après analyse, sont dépourvus de sens. C’est le cas au jardin avec le fait de retourner sa terre du potager. Un rituel utile pour décompacter le sol, mais contestable pour entretenir sa vitalité.

Nombreux sont les jardiniers qui ont pour habitude de retourner la terre dès les premiers jours du printemps afin de la préparer à l'arrivée des semis. Le bêchage est entré dans les moeurs, mais est-ce bien utile d’un point de vue biologique ?

Un rituel générationnel

L’intérêt semble évident. Pour cultiver une terre, il faut qu’elle soit sablonneuse, afin que les jeunes plantes puissent développer leur réseau racinaire facilement et donner de bons et beaux légumes. Bêcher devient alors une évidence (semble-t-il).

Le jardinier plein d’enthousiasme enfonce son outil profondément pour retourner la terre, casser les mottes, aère son potager. Il répète ainsi les gestes de son père, de son grand-père, etc. La tradition est respectée. Rien de plus normal après tout, puisque c’est exactement ce que font les professionnels avec la pratique du labour. Le sol est alors décompacté, mais est-il fertile pour autant ? Pas si sûr.

Une erreur monumentale

Les erreurs sont nombreuses pour celui ou celle qui, tous les ans, bêche une nouvelle fois sa parcelle. Vous l’avez deviné ou vous le saviez déjà, rien de tout cela n’est nécessaire. Pourquoi ? Car le sol est un véritable milieu vivant que le bêchage tue à petit feu. Son fonctionnement est complexe et repose sur un cycle de dégradation de la matière organique par des organismes vivants et par les éléments naturels. Feuilles, brins d’herbe, bois ou compost sont déposés à la surface du sol soit par l’homme, soit pas la nature. Cette matière est ensuite transformée progressivement en humus par les vers de terre, les micro-organismes, les champignons, mais également l’air et l’eau. La notion de déchet n’existe pas, tout est réutilisé.

Le jardinier plein d’enthousiasme enfonce son outil profondément pour retourner la terre, casser les mottes, aère son potager. Il répète ainsi les gestes de son père, de son grand-père, etc. La tradition est respectée. Rien de plus normal après tout, puisque c’est exactement ce que font les professionnels avec la pratique du labour. Le sol est alors décompacté, mais est-il fertile pour autant ? Pas si sûr.

Des habitudes à faire évoluer

Il faut arrêter de retourner sa terre. Un exercice qui, de surcroît, est long, fatigant et usant. À la place, de nouvelles habitudes doivent être mises en place pour avoir une terre vivante. Premièrement, commencez par enrichir le sol (et pas les plantes) avec du bois raméal fragmenté ou du compost. Deuxièmement, pailler votre terre. Ce geste est indispensable pour garder l’humidité. Pour cela vous pouvez utiliser de la tonte d’herbe, de la paille ou des feuilles mortes. Il est également important de garder et même d’encourager l’aération naturelle du sol. Cela facilite l’infiltration de l’eau et le passage des insectes. Il faut vous alors remplacer la bêche par la grelinette (l’outil bio indispensable) et éviter au maximum de marcher sur les zones de culture. Enfin, le piétinement tasse le sol, c’est à éviter. Définissez plutôt des allées pour éviter ce problème.

Vous l’avez compris, il faut changer sa vision sur la nature d’un sol. Non, la terre n’est pas un vulgaire terrain neutre, mais un véritable milieu vivant. Son fonctionnement est très complexe. Si vous vous décidez, comme on vous l’encourage, à laisser la bêche au garage, gardez tout de même en tête que les miracles n’arrivent pas en un jour. Les meilleurs changements se font progressivement.