L'Assemblée rejette l'interdiction des pubs alimentaires peu saines visant les enfants
L'Assemblée nationale s'est refusée dimanche, au terme d'un débat animé, à inscrire dans la loi l'interdiction des publicités pour des produits alimentaires trop gras, trop sucrés ou trop salés à destination des enfants, ainsi qu'à rendre obligatoire l'étiquetage Nutri-Score.
Lors de l'examen du projet de loi agriculture et alimentation, des députés LREM, socialistes, Insoumis ou encore LR ont cherché à interdire ou limiter les messages publicitaires en faveur des "produits alimentaires et boissons trop riches en sucre, sel ou matières grasses et ayant pour cible les enfants de moins de seize ans" sur "tout support de communication radiophonique, audiovisuel et électronique". Défendant un amendement en ce sens, Anne-Laurence Petel (LREM) a souligné qu'"en France, un enfant sur six est en surpoids", pointant le "coût pour la société" de l'obésité.
"Les industriels usent à l'envi des codes de l'enfance" pour "influencer" les enfants, a-t-elle affirmé, évoquant les "nounours" ou autres "bonbons transformés en personnages de BD".
Les amendements contre le "lavage de cerveau" des enfants rejetés
L'ex-ministre socialiste délégué à l'Agroalimentaire Guillaume Garot a plaidé pour "poser un principe", "un jalon", tandis que Loïc Prud'homme (LFI) a évoqué un "lavage de cerveau" des jeunes et "un enjeu majeur".
"Demander aux industriels de l'agroalimentaire d'être vertueux face à nos enfants, c'est comme demander à une dinde de voter pour les fêtes de Noël, ce n’est pas possible !", a lancé Richard Ramos (MoDem). A l'inverse, certains élus ont insisté sur "la responsabilisation des parents" plutôt que de légiférer (Cendra Motin, LREM), ou le risque de "mettre des secteurs en danger" avec une "dérégulation de la publicité" sans concertation européenne (Bruno Millienne, MoDem).
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a affirmé qu'il fallait un texte "qui marche sur ses deux jambes" et souligné "le rôle de régulateur du CSA" qui peut "travailler sur les contenus", "sans que nous ayons besoin d'inscrire des choses par trop contraignantes dans la loi".
L'ensemble des amendements ont été rejetés, celui porté par Guillaume Garot, objet d'un scrutin, par 49 voix contre 13.
Les amendements contre le "lavage de cerveau" des enfants rejetés
L'ex-ministre socialiste délégué à l'Agroalimentaire Guillaume Garot a plaidé pour "poser un principe", "un jalon", tandis que Loïc Prud'homme (LFI) a évoqué un "lavage de cerveau" des jeunes et "un enjeu majeur".
"Quand on vous dit : ‘mange ces céréales et ‘le Tigre est en toi’, ce qu'on oublie de vous dire (...) c'est qu'il y a aussi 50 grammes de sucres ajoutés et 30 grammes de graisse saturée", a notamment observé M. Véran, médecin, notant qu'il ne s'agit pas d'interdire mais de "donner une juste information".
"La malbouffe en France aujourd'hui, c'est une plaie", selon Loïc Prud'homme (LFI), Jean-Luc Mélenchon exhortant à "exprimer une volonté forte du Parlement français". Mais le ministre a notamment invoqué le "risque" européen que cela ferait peser sur l'expérimentation en cours concernant cet étiquetage, "une belle démarche" mais basée sur le volontariat. Le rapporteur Jean-Baptiste Moreau (LREM) a aussi invoqué "l'impossibilité juridique" de rendre le Nutri-Score obligatoire, disant craindre "un sort funeste" pour l'ensemble du dispositif par "effet boomerang".
Martine Leguille-Balloy (LREM), avocate, qui a dit "travailler pour Fleury-Michon", a appelé à ne "pas agacer des gens qui peut-être demain vont mettre (la mesure) au niveau européen".De son côté, Nicolas Turquois (MoDem) a lancé : "Ça me fait peur cette inflation de dispositifs qu'on veut rendre obligatoire".
Autant dire, qu'en plus d'opter pour le bio et les fruits et légumes de saison, il va encore falloir décrypter les étiquettes encore longtemps pour acheter les produits les plus sains.