Les OGM causent-ils des cancers ? L’heure du verdict a sonné

Les OGM causent-ils des cancers ? L’heure du verdict a sonné
Affaire Séralini : les OGM causent-ils des cancers ?
Par Cécilia Ouibrahim publié le
Journaliste
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Six ans après le scandale sanitaire révélé par le biologiste Gilles-Eric Séralini, de nombreuses études contredisent le lien entre tumeurs et OGM. Si les résultats de ces enquêtes ont causé la confusion au sein de l’opinion publique, le professeur a décidé de répondre à ceux qu’il considère comme des lobbyistes.

En septembre 2012, le biologiste Gilles-Eric Séralini dénonce dans une étude controversée, publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology, l’apparition de cancers chez des rats nourris au maïs OGM. Le scandale sanitaire défraie la chronique et les images de ces rongeurs déformés par des tumeurs font polémique à travers le monde. Devenue “l’affaire Séralini”, cette étude intitulée “Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize” fait alors la une des journaux. Le Nouvel Obs titre aussitôt “Oui, les OGM sont des poisons” en couverture. De quoi bien inquiéter les foules. 
Six ans plus tard, le 4 juillet dernier, les résultats de deux nouvelles études nommées G-TwYst et Grace contredisent les conclusions du biologiste français. Financée par l’UE et menée par le professeur en toxicologie Bernard Salles, Grace invalide le lien entre cancer et OGM. Relayée par le Figaro, l’étude n’observe aucune tumeur chez des rats nourris au maïs génétiquement modifié. "Une manipulation scientifico-médiatique soigneusement préparée", selon le journal. Séralini, Bernard Salles, ou encore l’AFBV (Association Française des Biotechnologies Végétales) engagent alors une véritable guerre de communication. Mais à qui donner raison ?


Capture d'écran Le Figaro

“Insuffisances” et mauvais cobayes

Interrogé au micro d’Europe 1, Bernard Salles dénonce les lacunes de la précédente étude : "Aujourd'hui, on ne peut pas dire que manger du maïs provoque des cancers chez le rat, et par projection chez les humains". L’ancien directeur du centre de recherche sur la toxicité des contaminants alimentaires de l’INRA estime que l’étude du professeur Séralini comporte des “insuffisances” et que les travaux “manquent d'analyses beaucoup plus fines”, notamment dans l'étude microscopique des tissus.
Selon le chercheur, les résultats de Séralini pourraient également être dûs à un mauvais choix de cobayes. L’espèce de rat étudiée au cours de l’expérience pourrait être sujette à des “tumeurs spontanées”.

Aucune étude “indépendante”

Dans un communiqué de presse, l’AFBV (Association Française des Biotechnologies Végétales) crie à la “fake news” et "se félicite que les grands médias s’emparent enfin des résultats de ces études européennes et françaises (...) Les maïs OGM ne sont donc pas toxiques. La polémique scientifique est terminée." Alors que l’association a de bonnes relations avec Monsanto, Gilles-Eric Séralini s’empresse de dénoncer une véritable opération de communication : "À gros coups de millions, ils ont de quoi se payer de grosses agences qui sont douées dans la manipulation de l'opinion."
Le professeur Séralini choisit de se défendre dans les colonnes du Nouvel Obs : "Que le gouvernement et l'Europe veuillent vérifier la véracité de notre travail, nous sommes pour, au contraire ! Mais pas en faisant n'importe quoi. Les choses ont été bidonnées dès le départ". Depuis la publication de son étude en 2012, il a continué de développer et de mettre à jour les résultats sur son site personnel. 
"Mener cette fameuse contre-étude sur 3 mois ou un an, c'est de facto s'arrêter avant que ne surgissent les dérèglements hormonaux qui apparaissent sur 2 ans, voire plus", poursuit Gille-Eric Séralini. Le biologiste demande “une véritable étude indépendante", cependant "aucun gouvernement n'a le courage de s'y atteler" selon le scientifique. Par ailleurs, on apprend que son étude avait été financée par une fondation dont faisaient étrangement partie les groupes Auchan et Carrefour ainsi que la Fondation Charles Léopold Mayer. Un véritable casse-tête. Alors, qui dit vrai ? Pour y voir plus clair et avoir (peut-être enfin !) des réponses à nos interrogations, les données des études qui s’opposent à Séralini sont prévues pour cet hiver. L’auteur de Grace a par ailleurs déclaré s’attendre à de vives critiques et "contestations". Affaire à suivre. En attendant, adoptons le principe de précaution en consommant des produits bio.


Sources :
Communiqué de presse de l'AFBV
Le Figaro
Interview de Gilles-Eric Séralini pour le Nouvel Obs

Aucune étude “indépendante”

Dans un communiqué de presse, l’AFBV (Association Française des Biotechnologies Végétales) crie à la “fake news” et "se félicite que les grands médias s’emparent enfin des résultats de ces études européennes et françaises (...) Les maïs OGM ne sont donc pas toxiques. La polémique scientifique est terminée." Alors que l’association a de bonnes relations avec Monsanto, Gilles-Eric Séralini s’empresse de dénoncer une véritable opération de communication : "À gros coups de millions, ils ont de quoi se payer de grosses agences qui sont douées dans la manipulation de l'opinion."
Le professeur Séralini choisit de se défendre dans les colonnes du Nouvel Obs : "Que le gouvernement et l'Europe veuillent vérifier la véracité de notre travail, nous sommes pour, au contraire ! Mais pas en faisant n'importe quoi. Les choses ont été bidonnées dès le départ". Depuis la publication de son étude en 2012, il a continué de développer et de mettre à jour les résultats sur son site personnel. 
"Mener cette fameuse contre-étude sur 3 mois ou un an, c'est de facto s'arrêter avant que ne surgissent les dérèglements hormonaux qui apparaissent sur 2 ans, voire plus", poursuit Gille-Eric Séralini. Le biologiste demande “une véritable étude indépendante", cependant "aucun gouvernement n'a le courage de s'y atteler" selon le scientifique. Par ailleurs, on apprend que son étude avait été financée par une fondation dont faisaient étrangement partie les groupes Auchan et Carrefour ainsi que la Fondation Charles Léopold Mayer. Un véritable casse-tête. Alors, qui dit vrai ? Pour y voir plus clair et avoir (peut-être enfin !) des réponses à nos interrogations, les données des études qui s’opposent à Séralini sont prévues pour cet hiver. L’auteur de Grace a par ailleurs déclaré s’attendre à de vives critiques et "contestations". Affaire à suivre. En attendant, adoptons le principe de précaution en consommant des produits bio.