Chlordécone : le gouvernement va revoir les limites autorisées dans les aliments
Le ministère de l'Agriculture a décidé de revoir les limites autorisées concernant la présence dans les aliments de chlordécone, et a pour cela demandé à l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation et de l'environnement (Anses) de réévaluer les valeurs toxiques de référence.
Fin juin, une association guadeloupéenne avait déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris pour demander l'abrogation d'un arrêté de 2008 fixant des limites autorisées de résidus (LMR) de chlordécone dans les produits alimentaires, trop hautes, selon elle. La Direction Générale de l'Alimentation (DGAL) a indiqué à l'AFP que cet arrêté serait abrogé, confirmant une information du journal Le Monde.
Des études qui pourraient durer jusqu’à 18 mois
"Les LMR pour le chlordécone n'ont pas changé depuis 2008, et dans le cadre interministériel, nous nous posons la question sur la nécessité de les revoir", a indiqué à l'AFP Loïc Evain, directeur général adjoint de la DGAL.
Comme les LMR sont fixées sur les valeurs toxicologiques de référence (VTR), c'est-à-dire la quantité de chlordécone qui pourrait avoir un effet délétère chez l'homme, "les ministères compétents ont saisi l'Anses pour lui demander de réexaminer les VTR en se fondant sur les dernières études épidémiologiques conduites par le ministère de la Santé, Santé publique France et l'Inserm sur les consommateurs des Antilles", a expliqué M. Evain. Un porte-parole de l'Anses a cependant indiqué à l'AFP que ces études pourraient durer de un an à 18 mois.
"Nous avons également saisi la Commission européenne pour que l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa), ait aussi l'opportunité de revoir les LMR, avec les données que la France lui fournira", a ajouté M. Evain.
Un insecticide interdit mais toujours présent dans les sols
Insecticide cancérogène, le chlordécone, interdit dès 1977 aux Etats-Unis, a été utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Il a été interdit en France en 1990, mais utilisé jusqu'en 1993 par dérogation aux Antilles.
Il est depuis toujours présent dans les sols - où il peut persister jusqu'à 600 à 700 ans - et peut se retrouver notamment dans certaines denrées d'origine végétale ou animale ainsi que dans certains captages d'eau.