Bébés malformés : "On ne veut pas voir" les effets des pesticides, accuse Jadot (EELV)
"On ne veut pas voir" en France les effets des pesticides sur la santé, a accusé lundi Yannick Jadot, tête de liste d'EELV pour les européennes, qui réclame la création d'un registre national sur les cas de malformations.
Des cas de bébés nés sans mains, bras ou avant-bras dans trois endroits de France ont alerté les autorités sanitaires ces dernières années mais aucune cause, y compris environnementale, n'a pu être mise en évidence par les enquêtes de l'agence sanitaire Santé publique France publiées jeudi.
"Je suis absolument scandalisé par cette affaire", a dénoncé le député européen lundi sur RTL. "Ce qu'on ne veut pas voir aujourd'hui, c'est qu'il est très probable que ces malformations soient liées aux pesticides, toutes les familles qui ont été touchées par ces malformations vivent à côté des champs de maïs et des champs de tournesol", a assuré l'ancien candidat à la présidentielle de 2017.
"Il y a un faisceau aujourd'hui de présomptions qui nous dit que ce sont les pesticides qui sont à l'origine de ces malformations", a-t-il ajouté.
"On enlève les moyens des associations qui font le registre des malformations, l'association qui fait ce registre en Rhône-Alpes vit chaque année avec 200.000 euros, la Région vient de supprimer 100.000 euros, on veut casser le thermomètre parce qu'on ne veut pas voir, on ne veut pas savoir", a accusé M. Jadot.
"On n'a jamais voulu savoir en France, on ne veut pas faire les études épidémiologiques autour des incinérateurs, autour des centrales nucléaires, on ne veut pas le faire sur les pesticides, parce qu'encore une fois, on ne veut pas savoir", a-t-il insisté.
Créer une fédération nationale des registres
Les cas groupés étudiés par Santé publique France ont été observés dans l'Ain (7 naissances entre 2009 et 2014), en Loire Atlantique (3 naissances entre 2007 et 2008) et en Bretagne (4 naissances entre 2011 et 2013), à chaque fois dans un périmètre restreint. Ils ont suscité des inquiétudes dans les zones concernées. Pour mieux repérer les malformations congénitales, Santé publique France souhaite créer une fédération nationale des six registres (Bretagne, Paris, Antilles, Réunion et deux en Auvergne-Rhône-Alpes dont le Remera - Registre des Malformations en Rhône-Alpes) pour disposer d'une base de données commune.
Désaccord entre Santé publique France et Remera
Jeudi dernier, Santé publique France indiquait dans son rapport que "suite à l’investigation des sept cas rapportés dans l’Ain (…) l’analyse statistique ne met pas en évidence un excès de cas par rapport à la moyenne nationale. L’absence d’hypothèse d’une éventuelle cause commune ne permet pas d’orienter des investigations complémentaires". De son côté, Remera, structure spécialisée dans le recensement des malformations considère qu'il s'agit d'une "concentration anormale" de cas.