Le télétravail pour réduire les arrêts maladie ?

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Le télétravail pour réduire les arrêts maladie ?
Par Feriel Bencherif publié le
Journaliste indépendante

Il y a quelques jours, Edouard Philippe annonçait qu’il était ouvert au télétravail pour freiner l’augmentation des arrêts maladie, notamment pour une reprise en douceur après une longue absence. Dans le même temps, une nouvelle étude révèle qu’un salarié du privé sur quatre s'étant vu prescrire un arrêt maladie en 2018 y a renoncé de façon partielle ou totale.

Le 14 novembre dernier, le Premier ministre, Edouard Philippe, dévoilait une nouvelle mesure pour freiner l’augmentation des arrêts maladie, en proposant  l’option télétravail. “Ça peut être une piste intéressante”, a-t-il alors expliqué. L'intérêt du télétravail dans certains arrêts maladie et de pouvoir éviter une reprise trop brutale, un peu déprimante et d’offrir un retour équilibré au salarié. Selon RTL, le chef du gouvernement est favorable à cette pratique, car elle permettrait de limiter les arrêts maladie longs de plus de 6 mois.

Ne pas confondre arrêt de travail… et travail !

“Favoriser le télétravail oui, (mais) ne pas mélanger l’arrêt de travail et le travail. Ce n’est jamais sain et je ne me lancerai pas là-dedans”, a-t-il souligné. Néanmoins, pour le gouvernement cette mesure serait une solution au coût des longs arrêts maladie. Car si les arrêts de 6 mois et plus ne représentent que 7 % des arrêts de travail, ils pèsent pour plus de 44 % des dépenses de l’assurance maladie. Notons que le gouvernement songe également à réduire le coût des arrêts plus courts.

Le non-respect des arrêts de travail ?

Alors que le gouvernement réfléchit à réduire le coût des arrêts maladie, une nouvelle étude Ifop, réalisée en mai auprès de 2.010 salariés du secteur privé, révèle qu’un salarié du privé sur quatre s'étant vu prescrire un arrêt maladie en 2018 y a renoncé de façon partielle ou totale. Au total, 42 % des personnes interrogées se sont vu prescrire un arrêt maladie au cours des douze derniers mois. Parmi elles, 23 % ont décidé de ne pas respecter leur arrêt maladie, contre 19 % en 2016, "une progression significative", a indiqué à l'AFP Anne-Sophie Godon, directrice Innovation au sein du groupe de protection sociale.
Dans le détail, "8 % des arrêts ont été pris mais pas en totalité, et 15 % n'ont pas été pris du tout". Deux ans plus tôt, seuls 12 % des personnes interrogées n'avaient pas respecté du tout l'arrêt maladie prescrit.
Le non-respect complet des arrêts maladie est particulièrement marqué chez les dirigeants salariés (48 %) et les cadres (22 %, contre 11 % chez les ouvriers), ainsi que dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration (30 %) et du commerce (19 %, contre 6 % dans la banque-finance-assurance).
Le télétravail serait-il une alternative comme le propose le gouvernement. Pas si sûr. "Parmi les salariés en télétravail, 24 % renoncent à leur arrêt maladie", relève Mme Godon.
Les salariés du privé qui regrettent de ne pas avoir respecté leur arrêt maladie sont également plus nombreux : 49 % en 2018, contre 39 % en 2016. Ils sont 45 % à penser que cela a eu un impact sur leur productivité, 38 % à estimer que cela a nui à la qualité de leur travail et 24 % à juger que cela a allongé la durée de leur maladie.

Les différents motifs des arrêts maladie

Autre enseignement de cette étude, moins de la moitié (39 %) des arrêts maladie est liée, de près ou de loin, au contexte professionnel (troubles musculosquelettiques, psychologiques, ou encore épuisement), d'après les personnes interrogées.
Enfin, la durée moyenne des arrêts longs (plus de 30 jours) a augmenté de 10 % entre 2012 et 2016, "impactant fortement le coût des indemnités journalières". Ici, cela s’explique notamment par la surreprésentation des salariés de plus de 50 ans dont la rémunération est plus élevée.

 

Avec AFP/Relax News

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