Croquettes pour chien : faut-il passer au sans céréales ?
Manger sainement, pour beaucoup d’entre nous, est devenu une priorité. Mieux informés, nous sommes plus à même de savoir ce qui est bon pour nous. Mais en ce qui concerne nos animaux, difficile d’y voir clair. Depuis quelques temps, des marques de croquettes sans céréales et "plus naturelles" nous promettent des merveilles sur le système digestif de notre compagnon. Qu’en est-il vraiment ?
Les aliments sans céréales, d’après les distributeurs, seraient tout particulièrement adaptés aux chiens sensibles. Ils permettraient d’éviter les risques d’allergies, et en plus, contiendraient plus de viande ou de poisson, en somme, plus de protéines. Sur le principe, cela semble en effet bénéfique pour eux. Viande française, parfois d’origine sauvage, ou même issue de l’agriculture biologique : ça fait rêver !
"Tous des avis différents"
Pourtant, les vétérinaires ne sont pas aussi enthousiastes et certains dénoncent un "effet de mode", pour reprendre les termes de ce spécialiste installé dans le quartier des Arènes, à Toulouse. "Un peu comme le sans gluten qui est peut-être nécessaire à certains, mais sûrement pas à tout le monde", poursuit-il. A deux kilomètres de sa clinique, le docteur Desbarax, vétérinaire dans le quartier Saint-Cyprien, le rejoint sur ce point. "Nous avons tous un avis différent dans la profession. Mais je pense aussi que le sans céréales est un courant comme un autre. J’estime que si un chien est en bonne santé avec la nourriture à laquelle il est habitué, c’est qu’elle lui convient. Il faut surtout la choisir en fonction du profil de l’animal."
Lobbys et désinformation
Marie-Josèphe Letellier, nutritionniste pour animaux près d’Albi dans le Tarn, défend une position toute autre. "Le chien est un carnivore, et comme c’est le cas pour tous les carnivores, son intestin est trop court pour digérer les céréales, qui lestent, fermentent dans son organisme", détaille-t-elle. Elles constituent des "calories vides" et dans le pire des cas, conduiraient à différentes pathologies, jusqu’aux calculs rénaux, au diabète ou aux torsions d’estomac qui peuvent être fatales.
Mais pourquoi un discours si contraire à celui des vétérinaires ? Pour la nutritionniste, la faute incombe exclusivement aux industriels et aux lobbys. "Dans leur formation, les futurs vétérinaires reçoivent 76 heures de cours sur la nutrition assurées par... Royal Canin. Quant aux marques qu’ils vendent dans leur clinique, ils ont tout intérêt à les proposer puisque plus leurs chiffres grimpent, plus ils reçoivent de cadeaux en compensation." Selon elle le problème va donc bien au-delà de la présence ou non de céréales. "Cela fait soixante ans qu’on a commercialisé les croquettes pour chiens, et qu’en même temps, on nous a fait croire qu’on n’était pas aptes à savoir ce qui était bon pour eux." Elle parle d’un phénomène comparable à la folie des fast-foods : un marketing efficace pour attirer le consommateur, le rassurer, et bien sûr, créer chez lui des besoins.
Stop à la nourriture industrielle ?
En octobre 2017, le documentaire "Quelles croquettes pour nos bêtes ?", diffusé sur France 5, avait affolé les propriétaires de chiens et de chats. Il pointe du doigt la composition de ces aliments industriels et notamment la présence de céréales, représentant une quantité très importante de glucides -autrement dit de sucres- pour des animaux qui, a priori, n’en ont pas besoin. Une quantité jamais mentionnée, d’ailleurs, sur les paquets de croquettes... Il évoque comme alternative le régime BARF, qui consiste à nourrir nos compagnons avec une alimentation naturelle. C’est aussi l’option indiquée par Mme Letellier. "Pour moi, l’idéal est d’arrêter les produits transformés", résume-t-elle. Autrement dit, pour le chien, de la viande crue. Mais que les propriétaires se gardent de tout changement radical. La transition doit se faire en douceur pour permettre "la cicatrisation de l’estomac. Car c’est un muscle qui ne sait plus broyer, à force de recevoir uniquement de la nourriture prémâchée", alerte la nutritionniste.
Conclusion ? La réponse se trouve sans doute, comme bien souvent, du côté du bon sens. Et par une information précise et claire, qu’il faut parfois aller chercher soi-même pour obtenir des réponses fiables. Et une chose est certaine, nos fidèles compagnons ne pourront le faire eux-mêmes.