Stocamine : l'Etat renonce à extraire les déchets dangereux toujours enfouis
Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a tranché : les déchets industriels toxiques enfouis dans les entrailles de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin) ne seront pas extraits, déclenchant la colère de députés LREM et LR outrés par cette décision.
"Compte tenu des enjeux, de la balance des risques" et du "surcoût" lié au déstockage, "la solution la plus adaptée demeure la poursuite du (...) confinement des déchets restants, sans déstockage supplémentaire", indique le cabinet de M. de Rugy dans un document officiel adressé à ces deux députés alsaciens co-auteurs en 2018 d'un rapport parlementaire sur Stocamine.
Le rapport préconisait l'évacuation de plus de 40.000 tonnes de déchets dangereux non radioactifs, enfouis à plus de 500 mètres sous terre dans l'ancienne mine de potasse Stocamine, près de Mulhouse.
Mais dans son courrier daté du 18 janvier, dont l'AFP a obtenu copie lundi, le ministère écarte cette solution, jugeant que les mesures de sécurité autour de l'enfouissement des déchets "sont de nature à garantir un niveau élevé de protection de l'environnement".
Un choix "Inacceptable"
Une décision qui a déclenché les foudres de Bruno Fuchs, député du Haut-Rhin LREM : "Je condamne sans réserve" ce choix qui "va à l'encontre de l'esprit du Grand Débat national", a-t-il tempêté dans un communiqué. Il constitue "une faute grave (...) qui n’aide pas (Emmanuel Macron) dans sa volonté de restaurer la confiance avec les citoyens", a-t-il tweeté.
Même son de cloche du côté de son collègue LR du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger, l'un des coauteurs du rapport qui "désapprouve vivement (une) décision brutale".
Choix "incompréhensible et inacceptable" qui "va à l'encontre de toute logique environnementale", a renchéri dans un communiqué Jean Rottner, président (LR) de la région Grand Est. Président de la mission parlementaire sur Stocamine, le député LREM Vincent Thiébaut, s'est montré plus mesuré, saluant la "décision pragmatique et responsable" de M. de Rugy.
Risques potentiels de pollution de la nappe phréatique
Ouvert en 1999 sur le site d'une ancienne mine de potasse, Stocamine devait initialement recueillir 320.000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs (de classe 1 et 0). Mais un incendie survenu en 2002 avait stoppé son activité. Depuis, la polémique était incessante sur le devenir des 44.000 tonnes de déchets déjà enfouis, en raison de la présence potentielle de déchets non autorisés et des risques potentiels de pollution de la nappe phréatique, la plus grande d'Europe.
Le déstockage des déchets était réclamé par les élus locaux et les associations environnementales, mais en mars 2017, l'Etat avait déjà opté pour la solution opposée du confinement définitif d'environ 42.000 tonnes de déchets - environ 2.000 tonnes de déchets à base de mercure, considérés comme les plus toxiques, ayant été déjà évacués.
"Poubelle de l'Alsace"
Un an plus tard, en avril 2018, le ministre de la Transition écologique de l'époque, Nicolas Hulot, avait demandé une "étude sur la faisabilité d'un déstockage intégral des déchets", à l'exception du "bloc" où avait eu lieu en 2002 l'incendie qui avait stoppé l'activité du site.
Les résultats de cette étude, menée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et dévoilés lundi par la préfecture du Haut-Rhin lors d'une réunion consacrée à Stocamine, montrent que le déstockage des déchets est "techniquement faisable" mais demeure complexe et nécessiterait l'emploi des "techniques les plus pointues au niveau mondial".
Il impliquerait aussi "statistiquement" des risques d'accidents de personnels, a indiqué à l'AFP la présidente du BRGM, Michèle Rousseau.
Risques potentiels de pollution de la nappe phréatique
Ouvert en 1999 sur le site d'une ancienne mine de potasse, Stocamine devait initialement recueillir 320.000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs (de classe 1 et 0). Mais un incendie survenu en 2002 avait stoppé son activité. Depuis, la polémique était incessante sur le devenir des 44.000 tonnes de déchets déjà enfouis, en raison de la présence potentielle de déchets non autorisés et des risques potentiels de pollution de la nappe phréatique, la plus grande d'Europe.
Le déstockage des déchets était réclamé par les élus locaux et les associations environnementales, mais en mars 2017, l'Etat avait déjà opté pour la solution opposée du confinement définitif d'environ 42.000 tonnes de déchets - environ 2.000 tonnes de déchets à base de mercure, considérés comme les plus toxiques, ayant été déjà évacués.
Dans ces conditions, "la poursuite du déstockage présenterait (...) des risques qui apparaissent plus graves que la poursuite du confinement déjà prévu, sans être assurée d’être menée à bien", insiste dans un communiqué la préfecture du Haut-Rhin.
Pour Loïc Minery, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Alsace, le choix de l'enfouissement fait de Stocamine la "poubelle toxique de l'Alsace".
Photo : © SEBASTIEN BOZON - AFP/Archives