Pesticides : appel à projet pour prouver le lien entre la chlordécone et le cancer de la prostate
Un appel à projet sera lancé au premier semestre 2019 pour mettre en place une étude sur le lien entre exposition au chlordécone, un insecticide cancérogène très utilisé aux Antilles dans les bananeraies, et survenue d'un cancer de la prostate, a annoncé mardi le gouvernement.
C'est un véritable fléau aux Antilles françaises, la quasi totalité des Guadeloupéens et les Martiniquais contiennent dans leurs organismes des traces de ce pesticide hautement toxique, la chlordécone. Dans la population, un fort taux d'hommes touchés par un cancer de la prostate
Interrogée au Sénat, par le sénateur Dominique Théophile à propos des études "encore trop peu nombreuses" sur le lien entre le pesticide et le cancer de la prostate, la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Santé, Christelle Dubos, a expliqué que l'Institut national du cancer avait été saisi en avril 2018 afin de "mettre en place une étude pour répondre à la question du lien" entre exposition au chlordécone et cancer de la prostate et "d'organiser le lancement d'un appel à projet".
Lancement effectif début 2019
Les propositions de l'Institut, rendues en décembre 2018 sont "en cours d'analyse" et "un appel à projet sera donc lancé par la suite au cours du premier semestre 2019".
Concernant la reconnaissance des maladies professionnelles en lien avec le cancer de la prostate et l'exposition au chlordécone, elle a également annoncé que des travaux d'expertise de l'Inserm et de l'Anses sur "le cancer de la prostate et son lien avec l'exposition au pesticide" seraient "versés à l'instruction des commissions en charge de la création des tableaux de maladies dans le courant du premier semestre 2019". Elle précise notamment : "Il convient d'attendre la fin du second semestre 2019 pour voir aboutir la procédure".
"L’Etat doit prendre sa part de responsabilité"
Lors de son déplacement aux Antilles fin septembre, Emmanuel Macron avait annoncé que l'État devait "prendre sa part de responsabilité" dans la pollution au chlordécone.
Il avait alors fait observer que "l'état des connaissances scientifiques" ne permettait pas de "certifier" la dangerosité de la molécule pour la santé humaine, bien que l'on "présume le lien avec les naissances prématurées, les retards de développement cérébral et d'autres pathologies". Mais il avait annoncé "la procédure d'ouverture du registre des maladies professionnelles" pour les personnes particulièrement exposées au chlordécone.
Utilisé jusqu'en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes, l'insecticide est toujours présent dans les sols où il peut persister environ 600 ans.
Ce mercredi 23 janvier, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a examiné une proposition de loi à la création d’un fonds d’indemnisation des victimes du chlordécone et du paraquat en Guadeloupe et en Martinique.