Sommeil : les Français dorment de moins en moins
Entre l'attrait des écrans, le bruit et les trajets quotidiens, on dort de moins en moins: pour la première fois, le temps moyen de sommeil quotidien des Français est passé sous la barre des sept heures.
La durée de sommeil nocturne des Français ne cesse de diminuer. Un "déclin" qui se fait au détriment de notre santé, alertent des médecins dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France publié mardi.
"Pour la première fois depuis que le sommeil est observé sur le plan épidémiologique en France, le temps de sommeil moyen nocturne est inférieur à 7 heures", écrivent des spécialistes dans l'une des études de ce BEH consacré au sommeil.
6h45 de sommeil en moyenne
En moyenne, les 18-75 ans dorment 6h45 chaque nuit, selon le BEH, publié en amont des journées du sommeil (internationale le 15 mars et nationale le 22 mars). Ce temps de sommeil n'atteint que 6h34 en semaine et lors des périodes de travail, alors qu'il est de 7h12 le week-end et lors des périodes de repos.
Même si l'on inclut les siestes, le temps moyen de sommeil quotidien reste inférieur aux 7 heures minimales habituellement recommandées pour une bonne récupération : il est de 6h55 (6h42 en semaine et 7h26 le week-end). Ces estimations sont basées sur le Baromètre de Santé publique France 2017, pour lequel 12.637 personnes de 18-75 ans ont été interrogées.
Des effets sur la santé et l'humeur
"Plus d'un tiers des Français (35,9%) dorment moins de 6 heures. Or on sait par de très nombreuses études épidémiologiques que dormir moins de 6 heures est associé à un risque plus élevé d'obésité, de diabète de type 2, d'hypertension, de pathologies cardiaques et d'accidents", soulignent dans le BEH le spécialiste du sommeil Damien Léger et le directeur général de Santé publique France, François Bourdillon.
"Dormir moins de 6 heures réduit aussi la vigilance dans la journée, augmente l'irritabilité et perturbe les relations familiales ainsi que la qualité de vie et de travail" ajoutent-ils en notant que ce "déclin n'est pas une fatalité".
L'insomnie chronique touche 13,1 % des 18-75 ans, 16,9 % des femmes et 9,1 % des hommes. Selon la même étude, plus d'un quart des Français parviennent toutefois à faire la sieste pour compenser cette dette. L'une des causes de ce déclin "préoccupant" du temps de sommeil, qui se répand partout dans le monde, est le travail de nuit.
Le nombre de travailleurs de nuit habituels et occasionnels en France est passé de 3,3 millions (15 % des actifs) en 1990 à 4,3 millions (16,3 %) en 2013. L'impact sanitaire associé à ces horaires de travail justifie la mise en place d'une veille sanitaire pour les travailleurs concernés, jugent les auteurs d'une étude sur le sujet. Les conséquences sanitaires du travail de nuit - davantage de maladies cardiovasculaires, d'accidents et pour les femmes de risques lors de la grossesse et de cancer du sein - ont été confirmées dans un rapport de l'Anses (Agence de sécurité sanitaire et du travail).
Fumer nuit au sommeil
Enfin, une étude pointe un lien entre le tabagisme et la qualité du sommeil et suggère de l'utiliser comme un "argument nouveau" pour inciter à l'arrêt du tabac.
"Les fumeurs quotidiens, qu'ils soient peu ou fortement dépendants, sont fréquemment courts dormeurs (temps de sommeil total inférieur ou égal à 6h par 24h)", selon l'étude.
En outre, les fumeurs quotidiens fortement dépendants sont également nettement plus sujets à l'insomnie. Plusieurs suggestions sont avancées pour "redonner sa chance au sommeil". Parmi elles, la promotion de la sieste (20 à 30 minutes) y compris au travail, ou le recul du début des cours pour les lycéens et les étudiants.
Quand on ne souffre pas d'insomnie, on peut aussi constituer des "réserves" pour affronter des périodes de restrictions (travail, examen, voyage).
Sans oublier des règles simples : dormir dans l'obscurité, à une température idéale de 18 degrés, sans sonneries de téléphones portables...