Comment la consommation de soja favorise la déforestation en Amérique latine
Un rapport, publié conjointement par les ONG Mighty Earth, France Nature Environnement et Sherpa, alerte sur les dangers pour l'environnement de la production de soja. Celui que nous consommons en France peut avoir favorisé la déforestation en Amérique latine. Heureusement, certaines marques font le choix d'une culture raisonnée.
On pense parfois bien faire mais la complexité des modes de production actuels nous font parfois indirectement acteurs de la déforestation en Amérique latine. En effet, l'ONG Mighty Earth- qui oeuvre contre la déforestation des forêts tropicales- , Sherpa -qui s’est donné pour mission de combattre les nouvelles formes d’impunité liées à la mondialisation- et la fédération française France Nature Environnement ont publié un rapport alertant sur la production de soja. On apprend ainsi qu’à l’instar de l’huile de palme, le soja est presque aussi nocif pour les écosystèmes des pays où ils sont cultivés. Cela concerne particulièrement l'Amérique latine où le Brésil, l’Argentine et la Bolivie sont les plus touchés.
800 grammes de soja pour produire 1kg de poulet
Près de 80 % du soja consommé en France est importé du Brésil ou de l’Argentine. Une production loin d’être raisonnée. Pour produire en masse et à moindre coût, la filière pratique la déforestation. Une situation qui touche principalement le poumon de la planète, à savoir la forêt amazonienne."Plus d’un million de kilomètres carrés, soit l’équivalent de la superficie combinée de la France, de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas, ont été débarrassés de leurs forêts naturelles pour y cultiver du soja", peut-on lire dans le rapport.
Cela s’expliquerait à la fois par l’augmentation de la population mondiale mais également par la hausse de la consommation de viande et de produits laitiers. En effet, une bonne partie du soja produit sert à l'alimentation d’animaux d'élevage. À titre d’exemple, il faut approximativement 800 grammes de soja pour produire 1kg de poulet.
La responsabilité des distributeurs
Depuis 2017, une loi française impose aux entreprises un devoir de vigilance. Un principe que ne manque pas de rappeler ce rapport. D’autant plus que sur les 20 sociétés interrogées, seules 3 ont entamé des efforts pour davantage de transparence sur la provenance et la durabilité du soja utilisé pour leur produit. Carrefour, le Groupe Bel (La Vache qui rit, Leerdammer, etc) et Danone font partie des bons élèves. En revanche, Lactalis, Auchan et Leclerc n’ont pas démontré de vigilance suffisante à l’égard des modes de production du soja qu’ils importent.
“La déforestation est occasionnée majoritairement – à plus de 70 %- par l’agriculture, et particulièrement la culture intensive du soja en Amérique latine. Aujourd’hui, la France s’est dotée de 2 outils intéressants pour lutter contre la déforestation : la loi sur le devoir de vigilance et la Stratégie nationale de Lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), mais il faut encore que cette dernière mette en œuvre rapidement des actions concrètes”, explique Adeline Favrel, coordinatrice du réseau Forêt de FNE. Les trois ONG ont appelé les sociétés incriminées à agir. Elles promettent, dans le courant de l’année, de porter plainte contre les entreprises qui ne communiqueraient pas sur la provenance de leur soja.
Des alternatives existent
Malgré ce constat, il existe des alternatives respectueuses de l’environnement et facilement accessibles. À l’image de Soy, une des premières marques françaises à commercialiser du soja sans OGM en France. Créé dans les années 1980, Soy produit, en grande partie, sa matière première dans le sud-ouest de la France. Les produits Soy sont garantis biologiques et sans OGM.
Le modèle se veut alternatif dans la mesure où il a su tirer profit des avantages agronomiques de la culture du soja. Adaptée aux modes de culture biologique, le soja est une plante qui ne nécessite pas d’engrais et qui a pour avantage d'enrichir les sols pour les cultures suivantes.
Le soja séduit de plus en plus les agriculteurs car il se cultive parfaitement en rotation et ne nécessite donc pas forcément de déforestation. La culture de cette plante peut donc être durable et responsable.