Capsules de café, canettes... le recyclage des petits déchets en métal, un vrai défi
Capsules de café, gourdes de compote ou encore plaquettes de médicaments usagés : sous la poussée du grand public et des autorités, le recyclage des petits emballages en métal grimpe en flèche mais il reste encore un long chemin à parcourir pour gérer ces déchets à la vie éphémère.
Deux immenses tas patientent dans le hangar du centre de tri de Nanterre. On distingue surtout des cartons et des bouteilles en plastique, mais ils recèlent également quelques pépites métalliques. Objectif : les récupérer. Déplacés par une pelleteuse, ces déchets issus de la "poubelle jaune" -celle où jeter les déchets non organiques -embarquent pêle-mêle sur des tapis roulants filant à vive-allure. C'est parti pour le tri. Le site, où travaillent une centaine de personnes, trie 40.000 tonnes de déchets par an. En 2018, 680 tonnes d'acier et 115 tonnes d'aluminium ont été extraites de cette masse.
Deux employés retirent du tapis roulant les déchets trop volumineux qui circulent devant eux. Une machine sépare ensuite les objets plats (papier), des creux (bouteilles, cannettes), tout en éliminant ceux qui ne rentrent pas dans l'une de ces catégories, capsules et gourdes de compote comprises.
"Etant donné qu'il s'agit de petits objets, ils peuvent être perdus, c'est la raison pour laquelle nous menons un travail de modernisation dans les centres de tri", explique à l'AFP Angeline Charbonnier, déléguée générale adjointe du Celaa, le Club du recyclage de l'emballage léger en aluminium et en acier.
Ce Club, qui regroupe des entreprises de l'agroalimentaire, dont les groupes Nespresso, Bel et Coca-Cola European Partners, des fabricants d'emballages et des opérateurs du recyclage, a lancé en 2014, en partenariat avec d'autres organismes, un projet visant à remettre les petits emballages métalliques sur le chemin du tri.
Champ magnétique
Le projet repose notamment sur l'installation de machines à courant de Foucault, qui utilisent un champ magnétique permettant de séparer les matériaux qui y réagissent, comme l'aluminium, des autres. Le centre de Nanterre a été l'un des premiers à être équipé, dès 2012, lors de la phase expérimentale du projet.
Les déchets à bord du tapis roulant des rejets foncent vers la machine. L'aluminium convoité jaillit pour atterrir dans un gros tuyau un peu éloigné, tandis que le rebut tombe dans un autre plus proche. Plus bas, les petits emballages en métal s'entassent progressivement dans un bac rouge. Des canettes aplaties, une petite boîte de pâté et quelques capsules de café viennent d'arriver. Le contenu du bac sera traité dans une usine spécialisée, près de Chartres, ou en Allemagne, près de la frontière au niveau de Mulhouse, avant de connaître une nouvelle vie, dans le secteur des transports ou dans l'industrie.
A l'aide de cette technique, 660 tonnes d'aluminium ont été récupérées en France en 2017, contre 350 un an plus tôt.
"Nous partons quasiment de zéro, pour nous, il s'agit d'une bonne progression", commente Mme Charbonnier.
Pour l'heure, 23 centres de tri sur 186 sont équipés. L'objectif est d'arriver à 60 en 2022 afin que 30 millions de Français puissent trier ces emballages, qui représentent environ 60.000 tonnes, selon Citeo, organisme chargé de la gestion des déchets ménagers.
Un nouveau geste de tri
"C'est positif que ces entreprises prennent leurs responsabilités et financent une filière de recyclage pour leurs objets", commente auprès de l'AFP Laura Chatel, responsable de campagne chez l'association environnementale Zero Waste France.
Toutefois, "beaucoup d'emballages pourraient être tout simplement conçus différemment, afin d'être plus grands, facilement recyclables ou réutilisables", souligne-t-elle. Pour les entreprises concernées, difficile de se passer de l'aluminium, qui assure une protection à la fois contre l'air, la lumière et l'humidité.
"L'emballage sous forme de portion peut-être intéressant pour avoir la juste dose et éviter le gaspillage", estime Mme Charbonnier.
Autre difficulté : pour réduire son impact environnemental les consommateurs doivent adopter de nouveaux réflexes de tri.
Pour ces petits déchets en métal, "il y a un vrai problème d'identification, notamment parce qu'il s'agit souvent d'une partie d'un autre emballage", reconnaît Mme Charbonnier.
Si les consommateurs ont pris l'habitude de mettre leur bouteille de lait au recyclage, l'opercule, lui, est souvent oublié. A ce mal, un remède possible : renforcer la communication. Pictogrammes et photos s'incrustent ainsi sur les poubelles pour mieux orienter les hésitants.