Des marches en France pour dénoncer les activités de Bayer-Monsanto
Quelques milliers de personnes se sont réunies samedi à Paris, Lyon, Bordeaux ou Lille pour dénoncer les activités de Bayer-Monsanto et autres géants de l'agro-chimie et réclamer un autre modèle agricole, alors que Monsanto a subi plusieurs revers judiciaires dans le monde et fait l'objet d'une enquête en France.
Sur les quais de la Garonne à Bordeaux, 1.400 personnes, dont 450 gilets "jaunes" selon la préfecture, ont défilé dans une ambiance bon enfant, reprenant en choeur "nous sommes les mêmes : fin du monde, fin du mois, même combat".
A Paris, entre 600 et 700 personnes sont parties de la place de la République. Quelques "gilets jaunes" se sont joints aux manifestants, dont des militants de Greenpeace et d'Attac, des sympathisants EELV ou LFI, autour d'un char représentant une abeille et d'une Marianne portant un coquelicot en cocarde, à l'image des signataires d'un appel contre les pesticides de synthèse.
Serge Chaumier, professeur d'université à Arras, veut "montrer qu'on est nombreux à ne pas être d'accord pour la vente et l'utilisation du glyphosate". Il arbore une pancarte avec le chiffre 1,07 (ng/ml), le taux de glyphosate détecté lors d'un test urinaire. "100% des gens testés ont du glyphosate", lance-t-il.
"Monsanto est un vendeur de mort"
A Toulouse, une cinquantaine de manifestants, certains revêtus d'une combinaison blanche et brandissant des pulvérisateurs, d'autres déguisés en abeilles se sont allongés dans une des artères les plus commerçantes de la ville, puis devant le monument aux morts de la ville.
"Monsanto est un vendeur de mort depuis toujours, de l'agent orange aux plantes OGM, mais ils n'est pas le seul, c'est contre toute l'industrie agrochimique que nous sommes là", expliquait Magali Lauriot, une militante de 54 ans. Si elle se félicitait des "déboires" connus par le groupe racheté par Bayer, elle jugeait qu'il n'en subissait "pas encore assez".
Monsanto enchaîne ces derniers mois les revers judiciaires liés au glyphosate, le principe actif de son désherbant à succès, le Roundup. Le chimiste allemand Bayer a vu s'évanouir près de 45 % de sa capitalisation depuis qu'il a racheté le groupe américain en juin 2018.
Bayer est également aux prises avec une polémique en France autour d'un fichage - par une agence de communication employée par Monsanto - de centaines de personnalités concernant leur position sur les OGM ou le glyphosate.
"Le capitalisme qui détruit la planète"
En Bretagne, environ 1.600 personnes ont défilé à Lorient, selon la préfecture. Entre 500 et 600 personnes ont défilé à Lyon, 350 à Chalon-sur-Saône et 80 environ à Gap, selon la préfecture. A Lille, entre 200 et 300 personnes, élus et militants politiques (LFI, EELV), syndicalistes (CGT), militants associatifs (Générations futures) et "gilets jaunes", ont défilé. Pour Nathalie, assistante maternelle "gilet jaune" de 50 ans, leurs revendications et la lutte contre les pesticides, "c'est la même bataille, contre le capitalisme qui détruit la planète et nous empoisonne".
A Strasbourg, une quarantaine de personnes se sont rassemblées place de la République. Des marches étaient prévues dans 37 villes en France et dans d'autres pays d'Europe (Allemagne, Portugal, Serbie, Chypre), en Inde et aux Etats-Unis (San Diego, Californie et Austin, Texas) ainsi qu'au Mexique, au Chili et en Argentine et à Perth, en Australie, selon les organisateurs.
"Nous sommes fiers du travail que nous faisons", a réagi Bayer dans une réaction transmise à l'AFP. "Nous savons que les gens ont différents points de vue sur ces sujets et il est important qu'ils puissent les exprimer et les partager."
Photo : © Alain JOCARD - AFP