Chlorpyrifos : l’insecticide décrié par les experts pour ses effets sur le cerveau des enfants bientôt interdit en Europe ?

Chlorpyrifos : nouveau scandale sanitaire
Chlorpyrifos : nouveau scandale sanitaire
Par Elodie-Elsy Moreau publié le
Rédactrice en chef
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Un nouveau scandale environnemental et sanitaire pourrait bien éclater. Une enquête publiée le 17 juin par Le Monde remet en lumière les effets délétères du chlorpyrifos sur le développement du fœtus. Ce produit phytosanitaire, utilisé depuis 1960 et associé à des déficits de QI chez les enfants, serait en passe d’être, enfin, interdit par l’Union européenne.

Le chlorpyrifos. Ce nom ne vous dit certainement pas grand-chose, et pourtant ! Cet insecticide est utilisé depuis les années 1960 sur les cultures pour éliminer les pucerons et les chenilles. En 2005, son utilisation avait été reconduite pour quinze ans par l'Union européenne. Or, plusieurs études ont montré que cette substance entraîne des effets irréversibles sur le cerveau des enfants (lésions cérébrales, déficits de QI, hyperactivité…), comme le révèle une enquête du Monde, publiée le 17 juin dernier. Une exposition durant la grossesse est également associée à un risque d’autisme chez les enfants.

La Commission européenne devrait demander le non-renouvellement de la licence de cet insecticide controversé, a confié une source proche du dossier, après la parution de l’article signalant cette polémique. "On va vers une demande de non-renouvellement de cette substance, à cause d'inquiétudes évidentes", a-t-elle souligné à l'AFP.

Interdit dans 8 pays de l’UE

Aujourd’hui, l’usage du chlorpyrifos reste très fréquent au sein de l’Europe, malgré les nombreuses études sur le sujet ayant pointé du doigt son action sur le système nerveux central. Huit pays de l'UE l’ont déjà interdit. Comme l’indique Le Monde, "depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception pour les épinards. (…) Mais l’exposition à l’insecticide ne s’arrête pas aux frontières : elle perdure par le biais des produits importés."

Aux Etats-Unis, le chlorpyrifos a été interdit en 2001. Une étude américaine a été menée en 2012 sur 265 enfants nés avant l'interdiction. Résultat : les 25 % dont les mères ont été les plus exposées à ce pesticide pendant la grossesse présentaient des capacités intellectuelles réduites (- 2,7 points de QI) et mémorielles diminuées (- 5,5 points aux tests de mémoire).

Interdit dans 8 pays de l’UE

Aujourd’hui, l’usage du chlorpyrifos reste très fréquent au sein de l’Europe, malgré les nombreuses études sur le sujet ayant pointé du doigt son action sur le système nerveux central. Huit pays de l'UE l’ont déjà interdit. Comme l’indique Le Monde, "depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception pour les épinards. (…) Mais l’exposition à l’insecticide ne s’arrête pas aux frontières : elle perdure par le biais des produits importés."

La fin en 2020 ?

En Europe, le chlorpyrifos fait l'objet d'une évaluation scientifique de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) dans le cadre de sa demande de réautorisation. Un avis sur lequel s’appuiera la Commission européenne lorsqu’elle décidera en janvier prochain de renouveler ou non la licence de ce perturbateur endocrinien. Mais les lobbies ont la vie dure. En 2017, Dow, le fabricant qui commercialise en grande partie l’insecticide, a dépensé plus de 3 millions d’euros pour faire pression sur les responsables européens sur des questions liées aux pesticides, indique Générations Futures.

"La même année, sous la pression de Dow, le gouvernement Trump a annulé l’interdiction d’utiliser le chlorpyrifos à des fins agricoles aux États-Unis, malgré les avertissements des scientifiques de l’Agence de protection de l’environnement étasunienne (EPA). La cour d’appel américaine a depuis ordonné le maintien de l’interdiction",  lit-on sur le site de l'association. 

La précédente mise sur le marché européen avait été réalisée en 2005, pour une durée de quinze ans. Des années durant lesquelles l'Efsa a effectué plusieurs mises en garde sur cette substance. En 2014, elle alertait sur les risques pour les consommateurs et les travailleurs. Elle a ainsi abaissé en 2015 et 2016 les niveaux résiduels autorisés.

Au final, il aurait fallu attendre près de vingt ans avant que les données du fabricant Dow Chemical soient étudiées. Certaines étant d’ailleurs erronées précise Le Monde. "On peut se demander pourquoi [le chlorpyrifos] n’a pas déjà été interdit", déplore dans les colonnes du quotidien Barbara Demeneix, professeure de biologie au laboratoire Evolution des régulations endocriniennes à Paris.

Alors que la sortie d’un autre herbicide décrié, le glyphosate, ne se fera pas totalement en 2021 comme l’a précisé en janvier dernier Emmanuel Macron, il faut espérer en finir avec celui-ci dès l’an prochain…

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