Accord avec le Mercosur : les syndicats agricoles français interpellent le Président de la République
Après l’accord de libre-échange signé vendredi dernier entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, les Jeunes agriculteurs et la Fnsea interpellent Emmanuel Macron dans une lettre commune publiée ce mardi.
Les agriculteurs sont en colère. Vendredi 28 juin, un accord de libéralisation commerciale a été signé entre l’Union Européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Un projet qui a fait grincer des dents agriculteurs et écologistes. Tandis que le président Emmanuel Macron tente de rassurer ses détracteurs en lançant une "évaluation indépendante, complète, transparente de cet accord", les syndicats agricoles s’inquiètent.
“Une concurrence déloyale”
Préoccupés par les éventuelles implications économiques et environnementales de ce libre-échange, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs qualifient l’accord d’"inacceptable pour les agriculteurs français et européens car non seulement il menace des filières sensibles et
stratégiques mais en plus il nous place en porte-à-faux vis-à-vis des consommateurs."
La colère grandit chez les deux syndicats, qui ont choisi d’unir leurs voix pour alerter les pouvoirs publics sur les dangers d’un tel accord. "Mais, une fois de plus, face à la volonté de libéraliser à marche forcée les échanges, l’ambition d’une Europe agricole forte s’efface, déplorent-ils. L’agriculture est sacrifiée et sert de monnaie d’échange pour assurer l’équilibre global d’un accord commercial".
Si les fédérations insistent sur le fait que l’agriculture française n’a pas peur de la concurrence, elles dénoncent une "concurrence déloyale" notamment sur la viande bovine, la volaille et le sucre.
A l’instar des producteurs, le consommateur est également trompé par cet accord, s’insurgent les syndicats. "Approuver cet accord, serait, pour la France, la négation de tous les efforts fournis par les agriculteurs français pour améliorer leurs modes de production, pour produire ce qu’attendent les consommateurs, pour répondre aux enjeux des Etats Généraux de l’Alimentation", concluent la FNSEA et Jeunes agriculteurs.
La colère grandit chez les deux syndicats, qui ont choisi d’unir leurs voix pour alerter les pouvoirs publics sur les dangers d’un tel accord. "Mais, une fois de plus, face à la volonté de libéraliser à marche forcée les échanges, l’ambition d’une Europe agricole forte s’efface, déplorent-ils. L’agriculture est sacrifiée et sert de monnaie d’échange pour assurer l’équilibre global d’un accord commercial".
Si les fédérations insistent sur le fait que l’agriculture française n’a pas peur de la concurrence, elles dénoncent une "concurrence déloyale" notamment sur la viande bovine, la volaille et le sucre.
Un accord critiqué de toutes parts
Les agriculteurs et écologistes français ne sont pas les seuls à s’insurger face à cet accord controversé. Les ONG environnementales brésiliennes s’inquiètent également de l’issue de ce projet. Depuis l’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir, "le rythme de la déforestation en Amazonie a plus que doublé. On en est à plus de 400 hectares de forêt primaire détruits chaque jour et l’on sait qu’à chaque fois qu’on déforeste un hectare, c’est 450 tonnes de CO2 envoyées dans l’atmosphère. C’est une bombe climatique !", argue Matthieu Orphelin, député LREM du Maine-et-Loire.
Nicolas Hulot, quant à lui, considère que "l’accord avec le Mercosur est complètement antinomique avec nos ambitions climatiques".
"Honte à la Commission européenne de pactiser avec Jair Bolsonaro, qui s’en prend aux démocrates, aux LGBT et aux femmes, à l’Amazonie, et a homologué 239 pesticides depuis janvier. Les Verts européens se battront sans relâche pour le bloquer", alerte le député européen Yannick Jadot (EELV).
"Comment le gouvernement peut-il dire à l’agriculture française, montez en gamme, moins d’antibiotiques, moins de phytosanitaires, plus de traçabilité, et ouvrir grand les vannes à un pays, le Brésil, qui s’est illustré par des scandales sanitaires à fort retentissement ?", s’interroge Christiane Lambert, présidente de la FNSEA dans les colonnes du journal Le Monde.
Macron fait marche arrière ?
Au lendemain de la signature, à l’occasion d’une conférence de presse en marge du sommet du G20, au Japon, Emmanuel Macron s’est félicité du "bon accord commercial". Et d’ajouter : "cet accord permettra d’ouvrir des marchés agricoles et industriels et de protéger nos indications géographiques". Le président de la République se félicite également pour avoir convaincu Jair Bolsonaro de ne pas sortir le Brésil de l’accord de Paris sur le climat, à l’opposé de Donald Trump. Mais les vives critiques suscitées par l’accord avec le Mercosur ont exercé de nombreuses pressions et ont semé le doute à l’Elysée. Macron a annoncé le lancement, dans les prochains jours, d’une "évaluation indépendante, complète, transparente de cet accord, notamment sur l’environnement et la biodiversité". Cette analyse tiendra compte de la conformité des normes environnementales et sanitaires établies par l’Europe, de la protection de certaines filières agricoles et du respect de l’accord de Paris. Affaire à suivre...