Climat : terribles incendies en Australie et inondations en série en Indonésie
La fin d’année 2019 et ce début 2020 ont été marqués par la multiplication des catastrophes météo. Alors que des centaines d’incendies ravagent actuellement l’Australie, et que la faune et les habitants suffoquent, l’Indonésie connaît des inondations sans précédent.
Début d’année critique en Indonésie. La région de Jakarta est touchée par des inondations ravageant tout sur leur chemin. Ce vendredi, les secours continuaient à rechercher une dizaine de personnes disparues depuis les inondations et les glissements de terrain qui ont frappé, la nuit du réveillon du Nouvel An, cette région et ses 30 millions d’habitants, faisant au moins 43 morts. Cette catastrophe est la plus meurtrière depuis les inondations de 2013, qui avaient coûté la vie à plusieurs dizaines d’individus à travers la capitale indonésienne.
Mais la saison des pluies de cette année, qui a commencé fin novembre a "été particulièrement phénoménale en raison d'un niveau de précipitations extrêmement élevé", indique Yayat Supriatna, un expert en urbanisme de Jakarta. La mégapole rencontre une multitude de problèmes d'infrastructures, notamment un mauvais drainage et un trop grand développement urbanistique qui ont aggravé la situation, poursuit-il. "Certes, les conditions météorologiques ont été épouvantables mais cela a été exacerbé par une affreuse planification urbaine", a souligné M. Supriatna.
La capitale de l’Indonésie déjà déplacée
Il y a quelques mois, le président indonésien Joko Widodo a annoncé qu'un site de l'est de l'île de Bornéo avait été choisi pour transférer la capitale politique du pays hors de Jakarta, zone menacée par une montée des eaux. Ces dernières précipitations d'un niveau record ont transformé des quartiers entiers en des terrains vagues jonchés de voitures retournées au milieu de bâtiments endommagés. Environ 400.000 habitants ont été évacués dans des abris temporaires et de nombreuses personnes ne peuvent pas toujours pas regagner leur domicile, leurs maisons étant submergées, expliquent les autorités.
Pluies diluviennes en Indonésie et sécheresse sans pareil en Australie
Si la ville de Jakarta est noyée, l’Australie connaît depuis plusieurs semaines une terrible sécheresse et d’effroyables incendies. Les feux, hors de contrôle, ont provoqué la mort d'au moins 8 personnes en 48 heures et pris au piège de nombreux touristes. Les pompiers de Nouvelle-Galles du Sud ont demandé jeudi matin aux touristes de quitter les lieux dans une zone côtière de 200 kilomètres de long, depuis la pittoresque ville de Batemans Bay (à environ 300 km au sud de Sydney) vers le sud et l'Etat de Victoria. Au moins 20 personnes sont décédées depuis le début, en septembre, de la saison des feux.
La capitale de l’Indonésie déjà déplacée
Il y a quelques mois, le président indonésien Joko Widodo a annoncé qu'un site de l'est de l'île de Bornéo avait été choisi pour transférer la capitale politique du pays hors de Jakarta, zone menacée par une montée des eaux. Ces dernières précipitations d'un niveau record ont transformé des quartiers entiers en des terrains vagues jonchés de voitures retournées au milieu de bâtiments endommagés. Environ 400.000 habitants ont été évacués dans des abris temporaires et de nombreuses personnes ne peuvent pas toujours pas regagner leur domicile, leurs maisons étant submergées, expliquent les autorités.
Les personnes doivent partir avant samedi, journée noire attendue sur le front des incendies avec des rafales de vent soutenues et des températures supérieures à 40°C. Des conditions propices pour attiser les innombrables incendies en cours. De nombreux touristes ont passé deux nuits isolés dans des zones privées d'électricité et de communications, avec de maigres réserves de nourriture. Les autorités ont toutefois réussi à sécuriser quelques routes pour leur permettre de partir. L'évacuation de la zone interdite aux touristes va être "la plus importante jamais réalisée dans la région", a souligné le ministre des Transports de Nouvelle-Galles du Sud Andrew Constance sur la chaîne ABC. Le directeur adjoint du service des pompiers de l'Etat, Rob Rogers, a ajouté que les pompiers étaient incapables d'éteindre ou même de contrôler les incendies en cours. "Le message c'est qu'il y a tellement de feux dans cette zone que nous ne sommes pas en capacité de les contenir", a-t-il déclaré à ABC. "On doit juste s'assurer qu'il n'y a plus personne sur leur chemin".
Plus d’un millier de maisons détruites…
Plus de 400 maisons ont été détruites ces derniers jours, un nombre qui devrait s'accroître au fur et à mesure que les pompiers atteignent les hameaux les plus retirés, pour constater l'étendue des ravages. Au total, plus de 1 300 maisons ont été réduites en cendres et 5,5 millions d'hectares sont partis en fumée, soit une zone plus vaste que des pays comme le Danemark ou les Pays-Bas. Des navires et avions militaires ont été déployés, ainsi que des personnels d'urgence, pour convoyer de l'aide humanitaire et évaluer les dégâts dans les régions les plus isolées. L’armée a commencé l'évacuation par la mer de centaines d'habitants piégés par les flammes qui s'étaient réfugiés sur la plage dans une ville du sud-est du pays où des conditions catastrophiques sont attendues dans les jours à venir.
… et une partie de la faune décimée
Autres victimes directes de ces incendies : les animaux. Selon une étude de l'université de Sydney, citée par les médias australiens, près de 480 millions d'animaux (mammifères, oiseaux et reptiles) ont déjà péri. "Sur le long terme, la reconstruction des populations de nombreuses espèces locales va être un défi. Un grand nombre d'entre elles ont été indéniablement affectées par ces feux", a estimé le chercheur Chris Dickman, sur 7 News. La vie sauvage australienne, réputée notamment pour ses koalas et ses kangourous, mettra des décennies à se remettre des feux de forêt qui dévastent actuellement l'immense île-continent. D’ailleurs, dans le sud du pays, 30 % de l’habitat des koalas a été détruit, a déploré la ministre de l'Environnement Sussan Ley sur ABC.
Alors que Scott Morrison, le Premier ministre, a renouvelé son soutien à la lucrative mais très polluante industrie du charbon australienne, plusieurs manifestations ont été organisées pour demander au gouvernement de prendre des mesures immédiates contre le réchauffement climatique, qu’ils estiment comme étant la cause principale de cette catastrophe.
Le Brésil attaque Macron
Le président brésilien Jair Bolsonaro et son chef de gouvernement ont fustigé jeudi "le silence" du président français Emmanuel Macron sur ces incendies meurtriers qui ravagent le sud-est de l'Australie. Pour rappel, le gouvernement brésilien avait très mal reçu les critiques du président français lors des incendies en Amazonie en août et septembre derniers. Emmanuel Macron déplorait alors le manque de réactivité du Brésil face à la destruction de régions entières de la plus grande forêt tropicale de la planète. Ces incendies, largement dus à la déforestation galopante, ont provoqué une brouille diplomatique entre le Brésil et la France qui n'a toujours pas été soldée. M. Bolsonaro avait accusé la France notamment de "colonialisme". Dans son direct sur Facebook jeudi soir, le président Bolsonaro a fait mine de s'interroger : "Macron a dit quelque chose jusqu'ici ? Il a parlé de remettre en question la souveraineté de l'Australie ?". Au passage, le président climatosceptique demande également si la jeune militante suédoise Greta Thunberg, qu'il a récemment qualifiée de "gamine", "a dit quelque chose elle aussi".
La planète en péril
Ces quatre dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète. Le monde a gagné environ 1°C depuis l'ère pré-industrielle. Mais si le mercure continue de grimper au rythme actuel sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre, le seuil de +1,5°C, objectif idéal de l'accord de Paris, devrait être atteint entre 2030 et 2052, selon les experts climat de l'ONU (Giec). Même si les Etats tiennent leurs engagements de réduction d'émissions, ce sera au moins +3°C d'ici la fin du siècle, alors que chaque demi-degré supplémentaire augmente l'intensité et/ou la fréquence de catastrophes météo comme les canicules, les tempêtes, les sécheresses ou les inondations. En outre, des scientifiques qui travaillent sur de nouveaux modèles climatiques qui serviront de base au prochain rapport du Giec de 2021 laissent présager d'un réchauffement encore plus prononcé que prévu, avec un scénario du pire de +7°C en 2100, soit un degré de plus que les estimations précédentes.
Même s'il est difficile d'attribuer une catastrophe spécifique au dérèglement climatique, la multiplication déjà en cours des phénomènes extrêmes reflète les prévisions des scientifiques. Dans un monde à +1,5°C, les épisodes de fortes précipitations seront plus fréquents, intenses et/ou abondants, selon le Giec. La fréquence et l'intensité des sécheresses devraient aussi augmenter. Et encore un demi-degré supplémentaire causerait des différences d'impact "nettes". Ainsi par exemple, même si le plafond de +2°C, objectif minimal de l'accord de Paris, est respecté, la proportion des cyclones de catégorie 4 et 5 devrait encore augmenter.
Selon le Giec, le niveau des mers a augmenté de 15 cm au XXe siècle. Le rythme de cette élévation s'accélère et le niveau des océans continuera à monter, où vivront d'ici 2050 plus d'un milliard de personnes. Cette élévation est due principalement à la fonte des glaces. Les deux calottes glaciaires, en Antarctique et au Groenland, ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes chaque année depuis 2006. La banquise de l'Arctique rétrécit aussi et de nombreux glaciers de montagne pourraient disparaître. En clair, cela n’est malheureusement pas près de s’arrêter…
Avec AFP/Relaxnews
- AFP/Relaxnews