Crise sanitaire : et si on développait l'école en plein air ?

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Crise sanitaire : et si on développait l'école en plein air ?
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Par Dorothée Blancheton publié le
Journaliste indépendante
Modifié le
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L'école en plein air : une pratique qui se démocratise partout dans le monde. Et en ces temps de crise sanitaire, certains font la promotion de cet enseignement en extérieur à l'instar de la maire de Paris, Anne Hidalgo. A l'aube d'un éventuel reconfinement les week-ends, l'élue propose de faire classe dehors, dans les parcs et jardins. Focus sur cette méthode peu connue, qui existe pourtant depuis longtemps.

Avec la crise sanitaire due au Covid-19, les gestes barrières sont de mise pour réduire la propagation du virus, y compris dans les écoles. D'autant plus à l'heure où le gouvernement craint une nouvelle vague. Mais respecter une certaine distance physique en classe entre les élèves s’avère parfois difficile. Et si l’école en plein air était la solution ? Une pratique qui se développe. « Ce qu'il faut aux enfants après cette période, c'est surtout reprendre confiance en soi et dans le monde qui nous entoure, collaborer et communiquer, gérer le stress, apprendre dans le réel par l'expérience directe, pour équilibrer l'excès de virtuel. Tout cela se travaille beaucoup plus facilement en dehors de la salle de classe », estime Sarah Wauquiez, professeure suisse, psychologue et co-auteure de « L’école à ciel ouvert » aux éditions Salamandre.

A quoi ressemble l’école en plein air ?

L’école en plein air ne date pas d’hier. Sarah Wauquiez s’y adonne depuis une vingtaine d’années. Le principe est simple. Il s’agit de sortir de la classe pour aller dans la cour de récréation, dans la rue, dans un parc, un stade, un bois ou autre pour expérimenter les apprentissages de manière concrète.

Ainsi, les élèves peuvent, par exemple, calculer le périmètre ou l’aire du terrain de foot à proximité de leur école. En binôme, ils peuvent fabriquer un cadran solaire et le professeur en profite pour évoquer la notion du temps.
Pour travailler l’expression écrite, on peut demander aux enfants de chercher un détail insignifiant dans les environs. Ils le dessinent et écrivent quelques lignes dessus pour le décrire et expliquer pourquoi ils l’ont choisi. L’enseignant réunit ensuite toutes les productions des enfants dans un « livre des petits détails ».

Avec un bâton et une feuille d’arbre, les enfants peuvent fabriquer un mirliton, un instrument à vent simple. Cela répond alors aux objectifs du programme scolaire pour les cycles 2 et 3 : « chanter et interpréter », « écouter, comparer et commenter » et « explorer, imaginer et créer ». Dans son ouvrage, Sarah Wauquiez s’attache ainsi à relier les 200 activités de plein air proposées aux programmes scolaires suisse et français.

Se faire aider pour lancer le projet

Ce livre constitue une belle base de travail que les enseignants peuvent utilement compléter en prenant contact avec d’autres professeurs ayant déjà tenté l’expérience. En Franche-Comté où exerce l’auteure, un partenariat avec un animateur nature est envisagé. Cela permettrait de soutenir l’enseignant dans la mise en place de ces activités et de gagner en autonomie. Les débuts nécessitent, en effet, de revoir ses habitudes pédagogiques et demandent un peu de préparation.

L’idéal pour le professeur est de débuter progressivement : une heure dans la cour de récréation, puis une demi-journée dans un parc à côté de l’établissement... L’école en plein air peut débuter comme un projet pilote et s’étendre avec le soutien des collègues et de la direction et en concertation avec les parents.

Une pratique qui se développe 

L’école en plein air fait encore plus d’adeptes depuis le premier déconfinement. Au Danemark, à Copenhague, fin avril 2020, les élèves apprenaient ainsi les mathématiques sur le parking de l’école en s’aidant des plaques d’immatriculation des voitures. Quant aux cours de sciences, ils se faisaient dans le parc pour travailler sur la faune et la flore locale. Si l’enseignement en dehors des murs est déjà pratiqué en temps normal dans certaines écoles du pays, avec le déconfinement, cette pratique a été encore plus encouragée.

En Europe du Nord, des enfants font l’école en forêt toute l’année depuis les années 1950. En Ecosse, l’apprentissage en extérieur est rentré dans le programme officiel en 2010. Et la pratique tend à se développer depuis une dizaine d’années partout dans le monde.
Une campagne internationale « 5 raisons pour privilégier l’enseignement dehors après le confinement » a été lancée. Diverses institutions et autorités du Québec, de Belgique, de France et de Suisse l’ont signée. D’ailleurs, l’Education nationale vient de créer un nouveau site avec diverses ressources pour faciliter cette démarche sur le territoire : archiclasse.education.fr.

« Enseigner en plein air permet aux enfants d’être en mouvement, de collaborer. Ces activités facilitent l’interdisciplinarité. Et puis, cela améliore les relations entre élèves mais aussi avec le professeur car chacun est plus détendu et à l’écoute », ajoute Sarah Wauquiez.
Ces nouvelles postures d’apprentissage devraient également permettre de reprendre le chemin de l’école tout en douceur après les vacances scolaires.

Vous souhaitez voir à quoi ressemble l’école en plein air ? Visionnez le film Eduquer et enseigner dehors.