Du film plastique alimentaire et biodégradable conçu à partir de déchets de pansements
Star dans les années 50, c'est désormais l'ennemi n°1 de la planète en terme de matière polluante. Encore omniprésent dans notre quotidien, le plastique continue d'empoisonner notre environnement. De nombreux acteurs de la sphère scientifique explorent des alternatives plus écoresponsables. À l'instar de cette équipe brésilienne de chimistes, qui utilisent des déchets industriels pour les transformer en emballages plastiques biodégradables.
Basés à l'université de São Paulo, ces scientifiques collectent des déchets issus de la fabrication industrielle de pansements, qu'ils transforment en un film biodégradable résistant destiné à l'emballage alimentaire. Du upcycling de haut niveau, conçu à partir d'hydroxypropylméthylcellulose (HPMC) et de restes de cellulose bactérienne, deux matières premières durables.
"Nous avons entrepris de remplir la matrice HMPC avec des nanocristaux de cellulose bactérienne afin d'améliorer ses propriétés. Nous voulions également créer des protocoles plus écologiques pour le développement de nouveaux composites, depuis le matériau lui-même jusqu'à son origine, nous avons donc inclus la réutilisation des déchets industriels dans le projet", explique la doctorante en chimie Márcia Regina de Moura Aouada, co-autrice de l'article paru dans le journal spécialisé Applied Material & Interfaces.
Les déchets de pansement ont été réduits en poudre puis mixés à une solution d'hydrolyse à l'acide sulfurique, afin d'obtenir des nanocristaux de cellulose bactérienne, finalement mélangés dans du HPMC dilué à l'eau pour créer le film de bioplastique. L'un des intérêts dans l'utilisation de la cellulose bactérienne est qu'elle permet de pallier la faible résistance généralement observée dans les biopolymères, comparé aux films traditionnels en plastique dérivés du pétrole.
"La cellulose bactérienne peut être produite en laboratoire toute l'année, quelles que soient les conditions météorologiques et environnementales. C'est une molécule plus pure et le processus de production génère moins de pollution", développe Márcia Regina de Moura Aouada. Autre avantage de cette matière : sa forte résistance et donc la capacité d'un emballage à supporter des charges lourdes.
La prochaine étape consistera à tester d'autres techniques de dispersion de polymères, de les comparer avec l'utilisation de la HPMC et d'évaluer leur biodégradabilité. "Notre principal objectif est de trouver des substituts aux matériaux considérés comme non écologiques, tels que les produits pétroliers. Ces substituts comprennent des composites biodégradables dérivés de ressources renouvelables", précise Márcia Regina de Moura Aouada.