Les chats, alliés de notre capital santé !
Outre leur agréable compagnie, nos amis les chats sont chaque jour responsables de bienfaits insoupçonnés pour notre santé. Amélioration de la fonction cardiaque, réduction du stress et de la dépression, ils constituent également un véritable soutien social favorisant le développement des apprentissages des enfants et le bien-être des personnes âgées.
Colette aimait à l’affirmer : « Le temps passé avec un chat n’est jamais perdu. » Douceur de leur présence, qualité de leur silence et force de leur beauté participent incontestablement de la fascination que les chats ont, de tous temps, inspiré aux artistes et aux écrivains. A croire que ces fortes têtes avaient également le nez creux ! Car outre le plaisir de leur compagnie, ces majestés les chats seraient également bénéfiques pour notre santé ! « Avec les chats, affirme la vétérinaire spécialisée dans le comportement félin, Anne-Claire Gagnon, on ne s’ennuie jamais et nous serions étonnés de découvrir tout ce que nous leur devons ! »
Moins de consultations médicales
En plus de la protection de nos greniers ou de nos récoltes, nos amis félins participent à la régulation de certaines de nos fonctions vitales. « -11% de consultation chez le généraliste pour les propriétaires de boules de poils ! » Le chiffre est étonnant et pourrait bien expliquer l’augmentation constante du nombre des propriétaires déclarés, culminant aujourd’hui dans l’Hexagone à plus de 14 millions de personnes. Et pour ces heureux maîtres, le premiers des avantages est d’être moins exposés (-37%) que le reste de la population aux maladies cardiovasculaires : une recherche scientifique menée en 1980 par l’Américaine Eika Friedman a, en effet, démontré que « le fait de vivre avec un chat serait associé à une pression artérielle minorée et à un rythme cardiaque plus lent ». Et ce n’est pas tout, on constate également « en cas d’inflammations chroniques, des niveaux de douleurs plus bas », explique Anne-Claire Gagnon. Des bienfaits spectaculaires d’autant plus constatés que l’attachement que l’on porte à son animal est grand.
Sans profonds sentiments, pas d’alchimie thérapeutique donc ! Voilà de quoi ajouter au halo de mystère qui, traditionnellement, entoure nos amis les chats ! Mais c’est sans compter sur l’ocytocine, cette molécule de l’amour sécrétée dans de nombreuses circonstances anodines et quotidiennes par l’ensemble des mammifères, à commencer par les hommes et les chats. « Jouant un rôle clé dans le processus d’attachement, l’ocytocine dispose d’une fonction apaisante, non seulement sur les comportements mais aussi sur la fonction cardiaque, pour laquelle elle exerce un rôle réparateur ». C’est donc par une sorte de processus d’émulation qu’un phénomène de réduction du stress, de la dépression et de l’anxiété contribuant à la bonne santé du cœur est conjointement observé chez le maître et son animal de compagnie. Et la liste des bienfaits ne s’arrête pas là : « chez les jeunes enfants, le contact avec un chat permet de réduire sensiblement les risques d’allergies et en particulier de l’asthme », explique encore Anne-Claire Gagnon. Et parmi les avantages supposés mais pas démontrés scientifiquement précise Anne-Claire Gagnon, l’effet salvateur du ronronnement : il pourrait participer à la réduction du stress et même « augmenter par ses vibrations la vitesse de cicatrisation des fractures osseuses ! ».
Accélérateur social
Véritable capital santé, le chat est également « un facilitateur des relations psychosociales, un catalyseur du lien et animateur du tissu social » selon les mots de Marie-José Enders-Slegers, professeur à l’Open University of The Netherlands. « Aujourd’hui où la notion de famille est parfois floue, le chat apparaît comme un symbole de la cellule familiale dans une unité retrouvée », affirme Anne-Claire Gagnon. A cet égard, le biologiste britannique James Serpell a démontré que le chat était souvent considéré comme un ami, voire, en ces temps de crise sanitaire où le télétravail semble devenu la règle, un véritable « collègue de travail » ! En ce sens, il participe d’un véritable soutien social.
Chez l’enfant, le chat fait d’ailleurs figure de « base de sécurité », lui permettant de développer « une amitié et une présence propice à l’apprentissage et au développement de son empathie ». Et les personnes âgées vivant avec un animal de compagnie ne sont pas en reste : « elles consultent moins le généraliste, ont une meilleure qualité de vie, sont plus actives et moins dépressives ! » Chez cette tranche d’âge, « les maîtres très attachés à leur animal de compagnie ont d’ailleurs démontré un niveau plus élevé d’exécution des tâches complexes (planification, flexibilité mentale, résolution de problèmes, etc.) ». En population générale, les études démontrent que « le chat est vraiment plus que notre meilleur ami ! Dans certaines situations, il s’avère même plus efficace qu’un conjoint » s’amuse Anne-Claire Gagnon. On le voit, l’animal de compagnie exerce donc une véritable fonction de « soutien invisible ». Et loin de s’avérer exclusif, ce soutien est au contraire fédérateur : « les chercheurs ont démontré que les propriétaires d’animaux de compagnie sont aussi proches des humains que les non-propriétaires : l’affection qu’ils portent à leurs animaux ne nuit pas à celle portée aux humains, mais constitue véritablement une extension, un élargissement du périmètre relationnel ».
Maladies neurologiques : le chat, un atout de choix !
Soutien social, les chats sont également particulièrement utiles chez les personnes présentant des anomalies d’ordre neurologique. On ne s’étonnera donc pas qu’ils fassent si bon ménage avec les enfants autistes : une étude américaine a démontré que, chez l’adolescent autiste, la vision de l’image d’animaux telle que les chats active les circuits cérébraux de la relation alors que celle de visages humains non familiers les désactive ! En outre, les chats s’avèrent être des compagnons salvateurs pour les sujets dépressifs dont ils contribuent à diminuer les émotions négatives. En cas de maladie mentale, les animaux de compagnie « peuvent être une passerelle, un pont avec le monde entier que ces patients rechignent traditionnellement à fréquenter », ajoute Anne-Claire Gagnon avant de souligner l’effet thérapeutique également constaté chez des sujets atteints de maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer : « les chats assurent au foyer touché par Alzheimer un soutien inconditionnel, augmentant le bien-être du malade ».
Et ce n’est pas tout ! Sans le savoir, nous profitons quotidiennement des découvertes scientifiques réalisées grâce à nos amis les chats, lesquels sont associés, depuis plus de cent ans, à des publications scientifiques majeures, voire à des prix Nobel ! En matière de neuroscience et de psychiatrie, les chats ont contribué à des avancées notables : sans eux, notre compréhension de la plasticité neuronale ou du sommeil paradoxal seraient incomplètes. Plus étonnant encore, sans les chats, les prothèses auditives n’existeraient pas : les félins atteints de surdité nous ont en effet servi de modèle pour comprendre les modifications des structures de l’audition et mettre au point les nouvelles oreilles que sont les implants cochléaires. Et leur ouïe spectaculaire n’est pas le seul de leurs atouts ! Leur regard perçant nous a également inspiré l’invention du Catseye, nous signalant les virages dangereux lorsque nous circulons la nuit. Eclairant nos vies, les chats sont également nos maîtres bouddha : « à force de les regarder vivre, les chats nous façonnent à leur image et nous nous posons avec eux pour notre plus grand bonheur ! Tant et si bien qu’il est légitime de se demander si leur mission ici-bas – au-delà d’être des anges gardiens particulièrement espiègles – n’est pas de nous apprendre à vivre, tout simplement ! »
Pour en savoir plus : Anne-Claire Gagnon, Les chats, comment ils prennent soin de notre santé !, Robert Laffont, parution en poche le 10 juin 2021.