Ces produits naturels (et bio) pas forcément green

huile de coco
Huile de coco
© Pixabay
Par Alice Gren publié le
Journaliste indépendante
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Cela n’est pas un scoop : les produits bio et sans additifs ont le vent en poupe ! Au rayon cuisine ou salle de bains, nos placards se remplissent d’ingrédients 100 % naturels et issus de l’agriculture biologique. Mais leur impact environnemental en est-il si faible pour autant ? Levons le voile sur le sujet.

L’huile de coco : 100 % écolo ?

L’huile de coco est vantée pour ses multiples vertus : anti-âge, nourrissante, réparatrice… Pourtant, on le sait, la noix de coco ne pousse pas sur notre territoire. Elle est issue majoritairement d’Asie du Sud-Est et doit donc faire un sacré bout de chemin. Qui plus est, on utilise généralement beaucoup d’emballages en plastique pour son transport afin de protéger le fruit.

Contrairement à sa voisine l’huile de palme, le cocotier a un rendement plus faible, limitant ainsi les risques de surproduction. En complément, la coco présente l’avantage de pouvoir pousser sur n’importe quel type de sol, y compris le sable. Nul besoin de détruire des zones entières de forêt pour la produit. Mais il y a un hic : face à la demande croissante, sa culture se propage de plus en plus et contribue progressivement à la destruction de la biodiversité, quand bien même ce fruit serait produit en bio.

Autre problématique associée à l’huile de coco : elle n’est pas toujours vegan, contrairement à l’image qu’elle renvoie. Parce qu’il est souvent dangereux de grimper en haut d’un cocotier et que l’être humain est moins habile que le singe, on utilise parfois ce dernier pour réaliser cette manœuvre. Une espèce en particulier en fait les frais : les macaques à queue de cochon. Arrachés à leur milieu naturel, ils sont ensuite dressés (de force) pour récupérer ce fruit tant prisé, et recueillir un maximum de noix de coco à la journée.

Enfin, comme l’affirme Angie Crone, présidente du réseau Fair Trade USA1 : « Environ 40 à 60 % des producteurs de noix de coco vivent sur la base d’un dollar par jour et 95 % des noix de coco sont récoltées par des petits agriculteurs, au profit des plantations industrielles. »2

La recommandation d’Angélique Preux, naturopathe et créatrice du blog Glamconscious :

« Le premier levier pour mieux consommer est évidemment de réduire notre consommation de noix coco (…) au profit de nos denrées locales ». Néanmoins, lorsque nous choisissons d’acheter des produits à base de noix de coco, Angélique préconise des produits labellisés Fairtrade pour un commerce plus juste, ou One Voice certifiant du non-recours à l’expérimentation animale. Et pour vous assurer que la marque n’a pas recours aux singes cueilleurs, vérifiez à ce que l’emballage soit bien estampillé vegan.

L’aloe vera : un produit « miracle » mais contesté

L’aloe vera est un arbrisseau très prisé pour son gel extrêmement riche en eau. On lui confère des vertus hydratantes et anti-âge grâce à ses acides aminés favorisant la régénération des cellules cutanées. Revers de la médaille : l’aloe vera est fréquemment importée d’Afrique du Sud car c’est là que l’on trouve le plus grand nombre d’espèces. Et pour cause, elle a besoin d’une chaleur constante toute l’année ! Il n’est donc pas rare qu’elle ait effectué des milliers de kilomètres avant d’arriver sur nos sols. De quoi faire chauffer notre bilan carbone…

Et si la majorité des produits à base d’aloe vera sont vegan, il convient tout de même de bien vérifier cette information sur l’emballage. En effet, certains pays obligent encore à réaliser des tests sur les animaux lorsqu’il s’agit de produits cosmétiques ou d’hygiène, notamment la Chine, figurant parmi les producteurs d’aloe vera.

Au vu de sa grande popularité, l’aloe vera fait parfois l’objet d’escroqueries. Attention aux indications telles que « 99 % d’aloe vera » ou « fait avec 100 % d’aloe vera pur ». Pour reproduire l’effet du gel, la majorité des producteurs réalisent un mélange à base de poudre d’aloe vera, d’eau et de mousse d’Irlande, un épaississant naturel extrait des algues rouges. Préférez un pourcentage moins élevé (85 ou 90 %) mais affichant le label I.A.S.C (Comité International Scientifique pour l’Aloe vera). Soumis à des normes strictes, celui-ci garantit que le pourcentage indiqué est bien réel, que le gel provient bien de la plante non transformée et qu’il n’y a aucune traces de pesticides.

Les coulisses du quinoa

Le quinoa est devenu un aliment phare pour les consommateurs soucieux de leur alimentation. Riche en fer, en protéines et en oméga-3, il est très nutritif. Sa réputation n’est plus à faire, à tel point que l’on en consomme 6000 tonnes chaque année en France3. Malgré ses nombreuses vertus santé, le quinoa n’en fait pas moins l’objet d’une polémique. A l’image de ses homologues précédents, on le fait parfois venir de l’autre côté du globe.

La conséquence de son succès grandissant ? Une flambée monumentale des prix, notamment en 2013 lorsque le président bolivien décréta l’année internationale du quinoa. La denrée est ainsi devenue trop chère pour les locaux n’ayant pas les moyens d’acheter leur propre céréale.

En outre, il n’est pas toujours produit dans le plus grand respect de l’environnement. Si en Bolivie, le quinoa est cultivé presque entièrement à la main et sans pesticides (ce qui explique son coût plus élevé), il en est tout autre pour le Pérou. Le pays produit une partie de son quinoa de manière intensive avec un fort usage d’intrants chimiques. Sans oublier la Chine et les États-Unis, catalogués au top 5 des producteurs de cette graine tant recherchée !

Il existe toutefois des solutions plus éthiques à la consommation de quinoa. D’une part, on en trouve en bio et issu du commerce équitable. D’autre part, on peut aussi le trouver dans l’Hexagone. La filière quinoa d’Anjou a fait son entrée sur le marché agro-alimentaire et garantit une production sans herbicides ni résidus phytosanitaires.

Se tourner vers des alternatives

De plus en plus d’alternatives locales et bio sont préconisées en cuisine comme en cosmétique. Chicorée contre café, huile d’amande douce made in France versus huile de coco, avocats corses…
Mais s’il est bon de limiter les transports, n’oublions pas que de nombreux producteurs dépendent des pays occidentaux pour la survie de leurs récoltes. Les boycotter serait dramatique pour certains. Alors pour nos ingrédients lointains, privilégions des labels garantissant une juste rémunération et un élevage respectueux de l’environnement.

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