Grossesse : votre assiette détermine la santé de votre enfant
Vous attendez un bébé ? Savez-vous que vous avez déjà entre vos mains le pouvoir de poser pour lui la première pierre de sa vie en santé ? La recherche est claire à ce sujet : la santé future d’un enfant et de l’adulte qu’il deviendra, dépend en partie de l’alimentation de la future maman. Explications.
Tout est question de science, de biologie et de biochimie plus précisément. Ce que vous mangez aujourd’hui compte autant pour la santé de votre bébé et sa longévité, que la première nourriture que vous lui donnerez lorsqu’il naitra.1
Connaissez-vous la théorie des « 1000 premiers jours » ? Ce concept a été lancé par l’Unicef. Les 1000 jours en question couvrent la période de la conception de votre bébé jusqu’à ses deux premières années de sa vie après la naissance. Ces 1000 jours sont absolument déterminants pour son développement et sa santé y compris pour sa santé à l’âge adulte. Les conclusions d’une série d’articles publiés en 2016 dans la revue The Lancet sous le titre Advancing Early Childhood Development : from Science to Scale le prouvent et mettent à jour que votre régime alimentaire pendant votre grossesse influence directement le développement du système biologique et de l’organisme de votre bébé.
Pourquoi un lien si déterminant ?
De nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence une relation entre des événements pathologiques durant la grossesse, induites notamment par l’alimentation, et le développement, plus tard au cours de la vie, de maladies cardiovasculaires et métaboliques.
Les facteurs de risques auxquels votre bébé pourrait être exposé durant sa vie fœtale, notamment via votre alimentation peuvent créer un environnement défavorable pouvant interagir avec ses gènes. De faibles doses de substances nocives polluants alimentaires (pesticides, métaux lourds), additifs alimentaires, des manques et déséquilibres dus à une mauvaise alimentation (malbouffe ou alimentation mal équilibrée), forcent son organisme en construction à s’adapter pour y faire face.
Son petit corps se programme à cet environnement stressant, de tous les dangers. C’est ce qu’on appelle la « programmation fœtale ». Cela crée des mémoires biologiques qui peuvent altérer sa santé, mentale et/ou physique dans le futur.
Tout est question d’épigénétique et d’immunité
Entrons dans le vif du sujet. Avez-vous déjà entendu parler d’épigénétique ? C’est un terme employé en biologie pour désigner "l'étude des changements héréditaires dans la fonction des gènes, ayant lieu sans altération de la séquence de l'ADN". C’est sur ce point que votre alimentation peut agir. Elle peut être à l’origine des modifications induites par des mécanismes épigénétiques.
Ce ne sont pas les gènes de votre bébé qui sont modifiés mais l’expression des gènes, qui peut l’être, sous l’influence du monde extérieur. Chacune de nos cellules contient l’ensemble de notre patrimoine génétique : 46 chromosomes hérités de nos parents sur lesquels on compte environ 25 000 gènes.
Toutes nos cellules contiennent la même information. Cependant, elles en font un usage différent. Par exemple, les cellules du cœur et du pancréas font un travail différent. Des jumeaux ont des cellules identiques. Pour autant, ils peuvent avoir un profil santé différent. L’épigénétique en est la cause. Elle définit comment les gènes vont être utilisés par une cellule ou ne pas l’être. Ce phénomène est particulièrement important au cours du développement embryonnaire car les cellules sont au départ toutes identiques. Elles vont rapidement recevoir des signaux très orchestrés les conduisant à activer ou inactiver certains de leurs gènes pour se différencier en telle ou telle lignée cellulaire et construire l’organisme.
Des altérations épigénétiques fœtales peuvent être déclenchés par un état de malnutrition (autrement appelé mauvaise alimentation) de la maman, abîmant l’organisme du bébé.
La malnutrition ici ne désigne pas la faible abondance de nourriture, elle désigne le fait de préférer une alimentation faite de calories vides, pauvre en aliments nutritionnellement denses, en aliments riches en antioxydants, déséquilibré en macronutriments. Cette forme de malnutrition existe bel et bien dans les pays développés comme le nôtre, y compris dans des familles qui ont un budget nourriture mensuel élevé.
Mais ce n’est pas tout. Une mauvaise alimentation induit également un stress corporel dans l’organisme de la maman, ce qui génère la sécrétion d’hormones qui agiraient sur le thymus, qui joue un rôle clé dans l’immunité. Cette cascade de réactions aurait pour répercussion une réponse immunitaire plus faible pour le bébé durant l’enfance et l’adolescence. Une réponse immunitaire plus faible, c’est également une plus grande prédisposition aux maladies.2
Les 5 aspects de l’alimentation à ne pas négliger durant la grossesse
Afin d’offrir un nid sain à votre bébé :
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Favorisez les aliments à forte densité nutritionnelle
La densité nutritionnelle est calculée sur la base de la présence de 14 vitamines et nutriments dans l'aliment : vitamines B1, B2, B3, B6, B9, B12, vitamine C, vitamine A, calcium, magnésium, potassium, fer, zinc et protéines.
Plus un aliment en renferme pour un nombre de calories donné, plus il est dense nutritionnellement. Un aliment avec une bonne densité nutritionnelle est brut (fruits, légumes, légumineuses, riz complet, viande, poisson, œufs, graines et noix oléagineuses), ou peu transformé (huiles premières pressions à froid). Selon sa nature, issu d’animaux élevés dans le respect de leurs besoins ou de saison ; - Evitez les pics de glycémie
Ils sont à l’origine de toute une cascade de réactions dans l’organisme, en lien avec divers évènements de santé néfastes : diabète, problèmes cardio-vasculaires etc. Ce qui provoque les pics de glycémie ce sont les aliments riches en glucides : sucre et produits sucrés, féculents, fruits en excès. Un fruit par jour est suffisant, une part de féculents par jour est suffisante. Le sucre et les produits sucrés (= calories vides) sont à proscrire ; - Mangez des aliments riches en antioxydants
Il vont vous permettre de lutter efficacement contre les agressions des radicaux libres, des molécules indésirables qui génèrent un stress oxydatif dans l’organisme, responsables de nombreuses maladies chroniques.
Le métabolisme normal produit des radicaux libres, qu’il arrive plus ou moins à combattre. Le problème est lorsqu’il y a trop de radicaux libres dans l’organisme qui s’accumulent, en raison d’un contexte polluant (mauvaise alimentation, tabac, etc).
Des chercheurs américains ont mis au point un test baptisé ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity), qui mesure le pouvoir antioxydant des aliments dans le plasma. Une journée riche en ORAC est une journée avec des légumes à chaque repas et une portion de fruit de 150 g par jour. Ce test a mis en valeur la supériorité de certains aliments sur la base de ce critère : les fruits rouges (myrtilles, mûres, framboises, fraises…), les crucifères, les épinards, artichauts, carottes, la patate douce, le chocolat très noir, les épices, les coquillages (à consommer bien cuits) ; - Evitez la pollution alimentaire
En une année, c’est à peu près 5 à 6 kg de polluants alimentaires sous forme d’additifs, de colorants et de produits chimiques que vous mangez si vous n’y prenez garde. Sélectionnez les fruits et légumes bio. Les pesticides sont à l’origine de cancers, de perturbations du système hormonal et de problèmes de reproduction. Mais aussi, préférez les huiles premières pressions à froid, non raffinées, la viande maigre (sauf s’il s’agit de viande issue d’animaux nourris correctement), les volailles élevées en plein air et leurs œufs, les poissons sauvages, les poissons gras de petites tailles comme le haddock, la morue, la sole, la sardine, la truite, le hareng, la perche, anchois et les coquillages moins contaminés par les métaux lourds que le saumon ou le thon. Évitez les aliments fumés, frits et sans nitrates, sans nitrites qui sont des résidus de vie végétale, animale et humaine qui entrent dans la composition des engrais chimiques et naturels. Évitez tout ce qui contient des Exxx, donc lisez les étiquettes. Derrière eux se cachent des émulsifiants, des additifs aux phosphates, des colorants, des nanoparticules. En somme, fuyez les aliments industriels ; -
Consommez un aliment gras ou du gras à chacun de vos repas
Le gras est important pour la construction du cerveau et de l’activité cérébrale de votre bébé, surtout les oméga-3. Ce sont des variétés de graisses que l’organisme ne sait pas synthétiser. On les trouve de très bonnes qualités par exemple dans les poissons gras comme la sardine et de moindre qualité dans les noix et graines oléagineuses. Ces graisses permettraient d’améliorer le développement cognitif et moteur de votre bébé. En manquer pourrait avoir un impact négatif sur la teneur en oméga-3 dans les membranes cérébrales du fœtus et du nourrisson et donc dans le développement visuel et cognitif de votre bébé au cours des premières années de vie. En consommer suffisamment permettrait de limiter le risque de prématurité, le risque d’eczéma et d’allergies3.
Comprendre les oméga-3
Il en existe plusieurs. Il y a l'acide docosahéxaénoïque (DHa) et l’acide éicopentaénoïque (EPA). Puis l’acide alpha-linolénique (ALA). Le DHA et l'EPA sont deux oméga-3 à longues chaînes, immédiatement disponibles pour l'organisme et trouvés essentiellement dans les poissons. L'ALA est un oméga-3 végétal que le corps ne peut pas utiliser directement. Il le transforme ensuite plus ou moins bien en EPA et DHA dans le corps. L’huile de colza est une bonne source d’oméga-3 et peut être remplacée par de l’huile de lin, de l’huile de chanvre, de l’huile de noix, ou de cameline.
Ces petites attentions vont vous mettre dans une démarche d’alimentation saine dès aujourd’hui, ce qui vous permettra également de la poursuivre une fois votre bébé né, ce qui sera utile en cas d’allaitement et pour l’éducation nutritionnelle de votre enfant. C’est précisément là que se trouve le second élément le plus important que vous pouvez lui offrir, pour maximiser ses chances d’une longue vie en bonne santé. On prend goût aux aliments sains, de la même manière qu’on prend goût à la junk food. Susan B. Roberts et ses collègues, des chercheurs américains qui ont étudié le circuit de la récompense de treize hommes et femmes l’ont prouvé. Il suffit d’y mettre le nez dedans pendant au moins 6 mois. Les résultats ont été publiés dans la revue Nutrition & Diabètes.
- 1 Thomas, R., Wang, W. & Su, DM. Contributions of Age-Related Thymic Involution to Immunosenescence and Inflammaging. Immun Ageing 17, 2 (2020).
- 2 Derrick M. Chu et al. Genome Medicine 2016 8:77, “The early infant gut microbiome varies in association with a maternal high-fat diet”.
- 3 D J Palmer, T Sullivan, M S Gold et al. Effect of n-3 long chain polyunsaturated fatty acid supplementation in pregnancy on infants’ allergies in first year of life: randomised controlled trial. BMJ 2012;344:e184.
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