Upcycling, quand l’industrie textile se réinvente
Particulièrement polluante, l’industrie textile continue de produire pour satisfaire les envies des consommateurs. Mais certaines marques soucieuses de leur impact sur l’environnement misent davantage sur l’upcycling.
Les achats de textile dans l’Union Européenne (UE) génèrent l’équivalent de 654 kg de CO2 par personne, selon l’Agence européenne pour l’environnement. L’industrie de la mode représente ainsi 10 % des émissions mondiales de CO2, un taux supérieur à celui de l’ensemble des transports aériens et maritimes internationaux1. Et cette tendance est à la hausse puisque les consommateurs sont toujours plus friands de vêtements et accessoires de mode. Depuis 1996, les achats de vêtements dans l’UE ont, en effet, augmenté de 40 % par personne, pour atteindre 26 kg de textile par an et 11 kg jetés (87 % sont incinérés ou mis en décharge). La production textile engendre environ 20 % de la pollution mondiale d’eau potable. A titre d’exemple, pour produire un T-shirt, il faut 2700 litres d’eau, soit la consommation d’eau potable d’une personne pour deux ans et demi2.
Des mesures prises par l’UE
Face à ces chiffres l’UE a pris des mesures. Parmi celles-ci, au 1er janvier 2025 au plus tard, les pays membres de l’UE devront collecter séparément les textiles pour permettre un recyclage de qualité et leur réemploi. L’UE a également créé un écolabel qui peut figurer sur les produits respectant certains critères écologiques (usage limité de produits nocifs pour la santé et l’environnement ; réduction de la pollution de l’eau et de l’air...).
Du côté des créateurs de mode, on assiste également à des prises de conscience et à la volonté de réduire l’impact de l’industrie textile sur l’environnement.
Des pièces uniques grâce à la récup’
La marque Roseanna, par exemple, a lancé une collection capsule 100% upcyclée à partir d’anciennes collections. Une démarche zéro déchet, zéro surplus qui se veut « le début d’une initiative pérenne » alliant consommation responsable et pièces d’exception puisqu’en très petite quantité. Parmi ses engagements, la marque met en place une production durable du denim « en abandonnant les finitions à l’aide de pierres ponce ainsi que l’usage de l’hypochlorite de sodium et du permanganate de potassium » et source les « matières recyclées ou organiques et les solutions d’impression avec des encres durables ».
Des combinaisons de plongée recyclées
D’autres jeunes entreprises ont fait de ce recyclage leur ADN. C’est le cas de Téorum, un projet breton créé par deux jeunes sœurs. Le principe est simple : récupérer et désinfecter les combinaisons de plongée hors d’usage puis couper le caoutchouc synthétique non recyclable qui est à l’intérieur pour l’incruster sur des pulls en maille. Chaque combinaison est recyclée à 80 % et les chutes servent pour des accessoires. La marque propose également des T-shirts en partant de ce qui existe déjà. Le tissu de leurs t-shirts est réalisé à partir de déchets marins et de coton recyclé et un empiècement en néoprène recyclé est également ajouté à ces vêtements. Cerise sur le gâteau, tous ces modèles sont réalisés en France, en majorité dans le grand Ouest.
Des pièces uniques grâce à la récup’
La marque Roseanna, par exemple, a lancé une collection capsule 100% upcyclée à partir d’anciennes collections. Une démarche zéro déchet, zéro surplus qui se veut « le début d’une initiative pérenne » alliant consommation responsable et pièces d’exception puisqu’en très petite quantité. Parmi ses engagements, la marque met en place une production durable du denim « en abandonnant les finitions à l’aide de pierres ponce ainsi que l’usage de l’hypochlorite de sodium et du permanganate de potassium » et source les « matières recyclées ou organiques et les solutions d’impression avec des encres durables ».
Un modèle économique différent
Ce process représente un coût puisque les matières recyclées coûtent 30 % plus cher, que produire au Portugal est plus coûteux que fabriquer en Chine et que l’absence de gros volume ne permet pas d’avoir un coût unitaire plus faible. « Ça demande pas mal de discussions en amont pour expliquer notre fonctionnement aux fournisseurs mais ça nous permet de les payer avant et c’est un plus pour eux. Les usines ont compris que le contexte était difficile et ont baissé leur volume de production aussi », ajoute William Lambert.
En limitant la surproduction, le jeune entrepreneur évite aussi les pertes et peut donc fixer son prix de vente au plus juste. Il faut ainsi compter 129€ par paire de baskets (en tissu ou cuir vegan) et 1 % des ventes est reversé à des associations environnementales. Panorama aimerait volontiers relocaliser davantage encore ses productions mais se heurte à certaines réalités. « La France est encore trop peu compétitive et réactive. Pour fabriquer la même paire de baskets ici, il faudrait compter près de 260€ en boutique. Je veux que ça reste abordable. Si même moi en tant que client je ne suis pas capable de payer ce prix, ça ne marche pas », conclut le jeune homme.
Les initiatives dans cette veine sont de plus en plus nombreuses et devraient permettre aux consommateurs qui le désirent d’acheter davantage en conscience.