La fauche tardive, de quoi s'agit-il ?
Comme son nom l’indique, la fauche tardive consiste à faucher une parcelle le plus tardivement possible dans la saison. Les particuliers qui ont la chance de posséder un grand jardin ont tout à gagner à adopter cette technique de plus en plus utilisée par les collectivités.
Sur la route de vos vacances, peut-être remarquerez-vous des talus sauvages, des accotements aux hautes herbes, parmi lesquelles coquelicots, sauges des prés et autres graminées poussent librement. De plus en plus de communes optent pour laisser la flore s'épanouir toute la belle saison. La biodiversité est préservée plus longtemps, avant le passage obligatoire à la tonte, ou mieux, au fauchage, à la fin de l’été.
Laure et Frédéric* sont paysagistes à Toulouse. Si eux-mêmes ne travaillent qu’auprès de particuliers, et souvent dans de petits espaces en milieu urbain, ils connaissent bien la méthode dite de la fauche tardive. « Cela consiste à respecter les insectes pollinisateurs et la faune sauvage du site, à tenir compte de la floraison pour que la végétation présente naturellement puisse se développer et coloniser les lieux », explique Laure. Les sols sont également protégés, leur cycle naturel est mieux respecté, et à terme, ils retrouvent une plus grande richesse.
Préserver les pollinisateurs et les petits mammifères
L’opération n’a lieu qu’une fois par an. Selon les régions et le climat, elle peut être réalisée en juillet ou en août. Sur la voie publique, cela est aussi conditionné par d'autres paramètres. Sur un rond-point par exemple, il faut veiller à ce que des herbes trop hautes ne masquent pas une partie de la route et ne mettent en danger les usagers. Les services techniques des municipalités trouvent ainsi un compromis entre impératifs de sécurité et démarche écologique. C'est la même chose dans notre jardin : si la végétation recouvre une petite mare, ou des bordures de béton, c'est le moment de couper pour éviter l'accident !
En entretenant moins fréquemment ces espaces, bordures de routes, prairies, jardins privés, on respecte davantage la faune locale qui s’y réfugie et s’y reproduit. On a parfois du mal à imaginer l’incroyable diversité de population présente près des grandes routes, ou en plein quartier pavillonnaire. Pourtant, la tonte trop fréquente perturbe un écosystème riche et peuplé aussi bien de coccinelles, d’abeilles, de guêpes, de fourmis, de vers de terre, de coléoptères, pour ne citer que les plus connus, mais aussi de petits mammifères, écureuils, hérissons, rats, couleuvres…
Faucher ou tondre ?
Même dans de petits espaces, Laure et Frédéric veillent à « laisser une bande de biodiversité, quand cela est possible. Aussi, lorsqu’on intervient dans un jardin, on sélectionne les végétaux qu’on veut laisser ou non, en tenant aussi compte de la dimension esthétique. »
Côté technique, la moins agressive reste le fauchage manuel. Mais bien sûr une faux ne sera pas adaptée à un jardin de ville, sans compter qu’il s’agit de bien maîtriser le mouvement avant de pouvoir l’utiliser correctement. Si en revanche vous possédez de grandes surfaces, cela vaut le coup de s’y initier, car « une faux manuelle n’a aucun impact sur l’environnement », assure Laure, qui, elle, est familière du geste. Un fauchage pas trop court, à dix centimètres du sol environ, sera encore plus profitable aux habitants de votre jardin. « Pour les finitions, comme détourer une orchidée sauvage par exemple, on pourra utiliser un outil plus petit comme une serpette. » Une fois l’opération réalisée, on vous encourage à valoriser votre fauchage : « il peut servir pour le paillage ou pour le compost, ou encore pour vos animaux si vous possédez des moutons, des chèvres ou des ânes. »
Comme bien souvent au jardin, se garder de trop tout contrôler est finalement profitable pour tout le monde.
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