Comment la pollution augmente le risque de maladie auto-immune
Alors que la pollution de l’air est la première cause environnementale de mort prématurée dans le monde, une nouvelle étude, publiée le 16 mars 2022 dans le Rheumatic et Musculoskeletal Diseaes (RMD) Open, rappelle à nouveau ses méfaits sur la santé.
Hormis les allergies et les maladies respiratoires, de précédentes études scientifiques ont montré que la pollution augmente le risque de maladies cardiovasculaires et de trouble métabolique comme le diabète, qui est une maladie auto-immune. Dans cette catégorie, on retrouve aussi la polyarthrite rhumatoïde, le rhumatisme psoriasique, la sclérose systémique ou des maladies gastro-entérologiques. Autant de pathologies en constante augmentation depuis dix ans. Et si les causes ne sont pas toutes connues, des chercheurs italiens ont voulu savoir si la pollution pouvait aussi, en partie, favoriser ces dérèglements du système immunitaire. Ces scientifiques ont alors étudié les données de DeFRA, une plateforme largement diffusée en Italie, permettant d’évaluer les facteurs de risques des maladies.
Les chercheurs ont utilisé les données médicales complètes de 81.363 hommes et femmes consignées par plus de 3.500 médecins entre juin 2016 et novembre 2020. La majorité des participants étaient des femmes (91,9 %) et 22 % présentaient au moins une comorbidité. Quant aux données sur la qualité de l’air, elles ont été obtenues par le biais de 617 stations de mesure réparties dans 110 provinces italiennes.
Un risque accru de 40 % de polyarthrite rhumatoïde
L’exposition à la pollution était supérieure à la moyenne dans le nord de l’Italie, dans la plaine du Pô, et dans d’autres zones proches des villes. Au total, 12 % des sujets suivis ont reçu un diagnostic de maladie auto-immune.
Selon l’évaluation des chercheurs, l’exposition à long terme à la pollution est associée à un risque d’environ 40 % plus important de polyarthrite rhumatoïde. Le risque de maladies inflammatoires de l’intestin est plus élevé de 20 %. Les auteurs de l’étude ont aussi observé un risque accru de 15 % de maladies du tissu conjonctif, (les tissus les plus abondants du humain).
Une immunité excessive
La pollution atmosphérique environnementale est composée de particules solides et de substances gazeuses provenant de la combustion fossile issues de la production industrielle et des gaz d’échappement des véhicules. Comme l’expliquent les scientifiques, cette pollution atmosphérique entraîne le développement d’une immunité adaptative. En clair, le corps réagit à une entité pathogène spécifique. Mais parfois, cette immunité adaptative devient excessive, provoquant ainsi une inflammation systémique (symptômes survenant en réponse à une agression de l’organisme). Il s'agit d'une composante des maladies auto-immunes souvent observée.
Rappelons que 5 à 8 % de la population mondiale est touchée par une maladie auto-immune.