Huile de palme bio : la Colombie accusée

forêt huile de palme
Huile de palme bio : la Colombie accusée
Par Bioalaune publié le
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L'huile de palme que l'on retrouve dans de nombreux produits bio vendus en France provient-elle d'une entreprise coupable d'expulsion et de déforestation? Les avis de certaines ONG colombiennes et d'Ecocert divergent.
 

On connaît le problème lié à la culture de l'huile de palme: la déforestation massive en Indonésie et son impact sur les orangs-outangs. On connaît moins la polémique autour de l'huile de palme biologique en Colombie. Des agriculteurs et certaines ONG (dont Christian Aid) s'attaquent à Daabon Organic, grand producteur d'huile de palme bio.
 

Accusé d'avoir acheté de façon obscure Las Pavas, une propriété au nord du pays, d'y avoir expulsé sans ménagement 123 familles et d'avoir déboisé le terrain pour y implanter une palmeraie, Daabon s'est attiré les foudres des médias anglais et allemands.
 

Ces attaques sont-elles fondées? "Daabon a des liens avec la mafia locale et n'hésite pas à employer la violence pour servir ses intérêts", dénonce Claudia, une ancienne journaliste colombienne installée en France, ajoutant que l'agriculture servirait à "blanchir de l'argent". Le tout, cautionné par les consommateurs d'huile biologique... c'est-à-dire les Européens. "Cette huile ne mérite pas d'être certifiée biologique. En déboisant, en détournant les rivières, en asséchant les marais, la culture de palme est loin d'être respectueuse de l'environnement", explique-t-elle avant d'affirmer que "les agences de certification sont vendues aux entreprises".
 

Pour Diego Garcia, directeur de Brochenin, la société qui importe l'huile de Daabon en France (elle fournit de nombreuses marques, comme l'indique notre précédent article), ces accusations relèvent de la pure diffamation. Le problème est d'une autre nature: "Certaines ONG ont manipulé les agriculteurs en leur disant:'Las Pavas est votre terre promise, c'est écrit dans la bible'". Leur objectif? "Utiliser une entreprise internationale comme Daabon pour médiatiser leurs actions et les problèmes des agriculteurs en Colombie". Pire, en s'attaquant au bio, ces calomnies mettraient en péril l'avenir de cette culture ayant pourtant "un effet très important sur la biodiversité, en particulier aux Tropiques", affirme-t-il.
 

Pour démêler le vrai du faux, Ecocert a dépêché deux auditeurs à Las Pavas, dont l'un est extérieur à cet organisme certificateur. Michel Reynaud, responsable de la certification internationale d'Ecocert, explique qu'il a été décidé de maintenir le label biologique de Daabon, puisque le rapport indique qu'il n'y a "pas de preuve de déforestation".

Concernant les expulsions, le dossier est actuellement devant la cour constitutionnelle de Colombie. Unique point mettant d'accord tous les protagonistes de l'affaire: le seul règlement juridique ne sera pas suffisant pour calmer les tensions. "Le problème est aussi social. Des médiations sont en cours", signale Michel Reynaud. Cette médiation devrait certainement aboutir à "une conciliation des agriculteurs et des entreprises en juillet", espère Diego Garcia. Il est confiant: "Je pense que cela conduira à la création d'une coopérative, ce qui permettra aux petits agriculteurs sans capital de gagner leur vie dignement"

 

Label biologique et déforestation Cette affaire pointe du doigt une zone floue du réglementation concernant la certification biologique: la déforestation n'est pas un critère rédhibitoire mais l'article 5 du règlement CE 834/2007 indique qu'il faut "tenir compte de l'équilibre écologique local ou régional"... A chacun d'évaluer cet équilibre.

AFP