Diminuer ses ordures pour réduire ses impôts
À Besançon, lorsque vous réduisez vos ordures ménagères, alors vous payez moins d’impôts locaux. L’enjeu d’une telle action est double : réduire ses factures et protéger l’environnement.
« Poubelles allégées, budget maîtrisé ». Voilà la devise qu’a adopté la ville de Besançon, pour inciter ses habitants à réduire leurs ordures. On appelle cela la facturation incitative des ordures. La capitale de la Franche-Comté est ainsi la plus grande ville française à mettre en place ce dispositif.
Le concept est simple : plus vous produisez de déchets, plus vous payez. Trois critères sont pris en comptes pour les factures d’enlèvement des déchets : le poids, le volume et la fréquence de ramassage. L’objectif de la ville est de réduire de 35% les déchets d’ici à 2014. La réduction est souhaitée à 20% pour les habitations collectives.
Besançon a procédé à un tel changement afin d’éviter la construction d’une nouvelle usine d’incinération. Celle-ci coûterait à l’agglomération 30 millions d’euros, ce qui représente 6 euros par habitant pendant 20 ans. Le nouveau dispositif coûte 1.5 euro, soit quatre fois moins. Le prix du changement est dû au remplacement des anciens camions-bennes par de nouveaux, capables de mesurer à la fois le poids et le volume des déchets. Ils permettent également d’identifier les propriétaires des déchets à l’aide de puces électroniques. Le coût annuel de cette nouvelle méthode de collecte et évalué à 250 000 euros.
Depuis le 1er septembre dernier, les 181 000 habitants de l’agglomération de Besançon regardent leurs poubelles d’un autre œil. En plus d’une réduction de facture, cette initiative incite à adopter une attitude écologique en recyclant davantage et en éliminant certains déchets par le compost.
Certains habitants, surtout ceux habitant des résidences, craignent que cette mesure ne soit pas équitable pour tous. En effet, dans les habitations collectives, le coût lié au ramassage est divisé entre les différents locataires et personne n’a envie de payer pour son voisin de palier qui se fiche du recyclage. Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon, tranquillise : « des difficultés vont apparaître et nous devrons y répondre, mais pour l’instant la mise en place de la redevance incitative se passe bien ».
La facturation incitative des ordures a été en test de janvier à juin dernier, période pendant laquelle une réduction des déchets de 6% a été constatée. L’avenir nous dira si l’objectif des 35% sera atteint rapidement. En cas de réussite, le projet pourrait donner des idées à d’autres communes françaises pour peut-être se démocratiser à l’échelle nationale. Serait-ce LA bonne idée pour réduire les déchets ?
Rédaction : Mathieu Doutreligne