Gratte-terre, demain nous vivrons tous sous terre
Projet Above Below par Matthew Fromboluti
Chaque jour, l’espace occupé par les villes grandit de 110 kilomètres carrés, équivalant à la superficie de Paris intra-muros. Phénomène alarmant synonyme d’une forte croissance de la population. D’ici 2050, la planète sera peuplée de plus de 9 milliards de personnes (dont les deux tiers vivront en ville), d’où l’idée surprenante de quelques architectes, qui envisagent de bâtir en sous-sol.
Selon l’Académie américaine des sciences, la surface urbaine mondiale aura triplé entre 2000 et 2030 pour atteindre 1,2 million de kilomètres. Le sous-sol serait synonyme de nouvel horizon. D’après Monique Labbé, architecte et présidente de l’Aftes (Association françaises des tunnels et de l’espace souterrain), « le sous-sol est une réserve d’espace énorme et stratégique, c’est un excellent isolant thermique ». Elle ajoute également « qu’un bâtiment souterrain a une meilleure performance énergétique qu’un bâtiment aérien ». Toutefois les idées reçues ont du mal à faire effet du côté de la population qui caractérise le sous-sol comme « un endroit humide et désagréable ». Sans compter le coût de cet investissement - qui comporte des aléas (composition géologique imprécise, nappe phréatique…) – freinant encore plus les potentiels habitants.
Emelio Barjau, directeur du design du cabinet mexicain BNKR Arquitectura est à l’origine de l’Earthscraper de Mexico (photo ci-contre), un projet à 800 millions d’euros, qui comprendrait des commerces, des bureaux, des logements et même un musée sur la civilisation aztèque. « L’homme est prédisposé à craindre les espaces souterrains, qui sont souvent associés à des endroits sombres, exigus, source de claustrophobie » admet-il. Il faut cependant convaincre les consommateurs par des arguments contraires.
Un projet de ce type est actuellement en cours à New York, où James Ramsey, ingénieur de la Nasa et Dan Barasch, architecte, prévoient de créer le premier parc souterrain du monde dans Manhattan. Pour cela James Ramsey a imaginé un système de transmission de la lumière naturelle grâce à des câbles de fibres optiques. A la surface, des paraboles pivotantes collectent les rayons du soleil. Les câbles reliés aux paraboles acheminent la lumière du jour dans le parc souterrain.
Matthew Fromboluti, architecte américain, a quant à lui déjà relevé le défi du maintien d’une bonne qualité d’air à plusieurs centaines de mètres sous terre grâce à son projet Above Below. Son immeuble de 275 mètres de profondeur se compose d’une cheminée solaire et d’un système de ventilation naturelle qui utilise l’évaporation des nappes phréatiques qui permettent à la structure de produire l’énergie nécessaire et de contrôler localement son climat.
Monique Labbé est ravie de ce genre d’initiative, cependant elle avoue que « à l’heure actuelle, il est difficile de convaincre des gens d’habiter sous terre ». Mais elle reconnaît que face à la forte croissance urbaine « les gens n’auront peut-être bientôt plus le choix ».
Toutefois, l’homme a besoin de la nature pour vivre. Elle apporte une certaine sérénité à l’esprit, permet de se ressourcer, de décompresser, de respirer… Cela apporte un bien-être à l’intérieur de soi. Dans ces gratte-terre, comment la nature va-t-elle pouvoir s’imposer ? Telle est la question, le future nous donnera la réponse.
Seriez-vous d’accord à l’idée de vivre en sous-sol ?
Rédaction : Anaïs Maillot