Vers la fin des pesticides ?
Risques sanitaires enfin reconnus, premier texte de lois adopté, la guerre contre les pesticides est en marche.
Suite à l'étude alarmante de l'INSERME publiée en juin 2013 et à la mobilisation massive des médecins contre les pesticides en septembre dernier, un projet de lois visant à interdire leur utilisation dans les lieux publics a été présenté par Philippe Martin, ministre de l'écologie.
Le texte a été adopté jeudi 23 janvier par l'Assemblée et prévoit donc l'interdiction de l'utilisation de tout produit phytosanitaire à partir du 1er janvier 2020. Cette mesure qui concerne les espaces verts, forêts et promenades appartenant au domaine public tend à préserver aussi bien la santé des usagers que celle des paysagistes chargés de leur entretien.
Le délais de 6 ans ainsi octroyé permet aux collectivités de repenser toute leur gestion environnementale et de se tourner vers des solutions alternatives. Une transition qui devrait se faire aisément à l'instar des 40% de communes françaises qui ont déjà fait ce choix, telle la ville de Strasbourg dont le programme « zéro pesticides » a été entamé en 2008.
D'autre part, le projet de lois vise également à interdire la vente des produits phytosanitaires à destination non-professionnelle à partir de 2022 afin de réduire leur usage par les jardiniers amateurs. Là encore, quelques enseignes engagées ont banni les pesticides de leurs rayons. Parmi elles, on peut citer Botanic et Leclerc.
Si d'ici là, les industriels auront sans doute lancé sur le marché des traitements épurés, les consommateurs peuvent cependant d'ores et déjà s'intéresser à des méthodes alternatives et naturelles, telles que le purin d'orties ou la solution anti-limace à base de bière et de cendre.
Qu'en est-il des agriculteurs ?
Si cette mesure constitue une avancée réelle, elle ne concerne cependant que 10% des utilisateurs de pesticides. Les 90% restants étant représentés par les agriculteurs. Cependant, on peut espérer que d'autres mesures viennent étayer le projet dans les mois à venir. Il semble évident que le plan Ecophyto 2018 qui prévoyait du réduire de 50% l'utilisation des pesticides d'ici à 2018, ne verra pas ses objectifs réalisés.
La France, qui est rappelons-le, première consommatrice de pesticides au niveau européen, se trouvera dans une situation bien inconfortable lorsqu'elle accueillera le sommet de l'ONU sur le climat en 2015.
Rédaction : Chrystelle Camier
Sources: Sénat