Régimes amaigrissants : pourquoi il faut les bannir à tout prix
Surveiller son alimentation et faire attention à sa ligne ? D'accord, mais pas au prix de sa santé. Les régimes amaigrissants, souvent très restrictifs sont dangereux.
Les 23 et 24 mai avaient lieux les Journées Européennes de l’Obésité (JEO). Deux jours pour promouvoir une alimentation saine et tordre le cou aux régimes qui promettent des pertes de poids record en un minimum de temps. “Halte aux régimes, restons gourmands de bonne santé “, tel était le thème de cette 5ème édition des JEO. Le ton est donné. C’est pourquoi il est bon de rappeler que les régimes amaigrissants, à ne pas confondre avec le fait de surveiller son alimentation en privilégiant des produits sains, ne sont pas sans risques. Monodiètes sur le long terme, régimes hyper-protéinés et autres régimes restrictifs peuvent être dangereux.
L'effet yo-yo est inévitable
Qu’on se le dise, si l’on veut se lancer dans un régime drastique qui promet de faire disparaître kilos superflus et rondeurs disgracieuses en un rien de temps, l’effet yo-yo est inévitable lorsque l’on revient à une alimentation normale. La faute aux adipocytes. Ces cellules adipeuses (à comprendre graisseuses) sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. En plus de constituer une importante réserve d’énergie, elles permettent notamment la régulation de la température du corps. Même si l’on a l’impression qu’elles disparaissent lorsque l’on suit un régime restrictif, elles se contentent en réalité de dégonfler, comme un ballon de baudruche, mais leur nombre reste le même. Le Docteur Jocelyne Raison, médecin nutritionniste et présidente du Réseau Obésité Multidisciplinaire des départements franciliens (ROMDES) explique le phénomène à l’AFP. “[l’adipocyte] ne disparaît pas lorsque l’on mange moins, elle diminue seulement de volume mais va grossir plus vite dès qu’on reprend une alimentation normale.”. À moins d’être prête à s’affamer jusqu’à la fin de sa vie donc, une diète privative n’est pas vraiment la solution idéale pour une perte de poids sur le long terme.
Le coeur, les muscles et l’ossature sont fragilisés.
Une augmentation des risques cardiaques
En plus de la perte musculaire, se priver de certaines catégories d’aliments peut engendrer malaises, tremblements, affaiblissement du système immunitaire et troubles cardio-vasculaires. Des régimes à répétition et l’alternance régulière de perte et prise de poids provoquent parfois des micro lésions sur les parois des vaisseaux sanguins. À terme, on risque l’athérosclérose, une maladie dégénérative des artères. Pour Isadore Rosenfeld, cardiologue, “Suivre un régime n’abîmera pas votre coeur, mais enchaîner les régimes le fera et augmentera vos risques de crise cardiaque.”. Autre réjouissance des régimes secs, ils affaiblissent sérieusement les muscles et les os. En effet, impossible d’échapper à la perte de la masse musculaire lorsque l’on veut perdre de la masse graisseuse. Privé d’énergie le muscle fond et ne peut plus fonctionner correctement ce qui plonge généralement dans un état de fatigue constant. La carence en certains nutriments empêche également la bonne minéralisation du squelette ce qui fragilise sérieusement les os. Le phénomène est encore plus prononcé à l’âge de la ménopause.
Le risque de développer des comportements alimentaires compulsifs
Fatigants, frustrants, les régimes entraînent une faiblesse physique permanente qui joue sur l’humeur et rend facilement irritable. Plus encore, à force de se priver de nourriture et d’éprouver en permanence la sensation de faim, on prend le risque de développer des comportements alimentaires compulsifs. Selon l’Agence Nationale de Sécurité Alimentaire (Anses), les troubles de l’alimentation, en particulier chez les jeunes, subviennent souvent à la suite d’un régime. Enfin, en provoquant frustration et sentiment d’échec, les régimes portent atteinte à l’estime de soi.
Un danger pour la croissance du foetus
Toujours selon les chercheurs de l’Anses, les régimes sont particulièrement dangereux lors d’une grossesse. Par crainte des kilos accumulés pendant neuf mois, certaines femmes mettent leur foetus en danger. En effet, un régime trop restrictif nuit à la croissance du bébé lors des deux derniers trimestres de la grossesse. Selon une étude britannique de l’Université de Bristol datant de 2013, les carences engendrées par les régimes, principalement celle en iode, influeraient sur le développement du cerveau de l’enfant et pourraient compromettre certaines de ses facultés cognitives.
Finalement, rien de nouveau sous le soleil : le régime miracle n’existe pas. Pour perdre ses kilos en trop et contrôler son poids dans la durée, rien ne vaut une bonne hygiène de vie. On évite les produits industriels tout faits et on privilégie les produits frais. On privilégie une ballade au grand air plutôt qu’un après-midi à grignoter devant sa télé. Et parce qu’on n’obtient pas une jolie silhouette au dépend de sa santé, on mange de tout, en quantité raisonnable et on réapprend à bouger.
Rédaction : Manon Laplace