Comment l'Allemagne fait la guerre aux bouteilles vides

Bouteille en plastique vide jetée dans l'herbe
La consigne, méthode allemande pour lutter contre les bouteilles vides
Par Manon Laplace publié le
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Pour réduire le nombre de déchets et initier les consommateurs au recyclage, l'Allemagne a décidé de consigner les bouteilles. Retour sur un système dont la France veut aujourd'hui s'inspirer.

Voilà onze ans que l’Allemagne consigne ses bouteilles. Le principe, faire payer les boissons légèrement plus cher mais rendre un acompte si le contenant est ramené en magasin.

À hauteur de 8 centimes pour une cannette de bière vide, 15 pour une bouteille en plastique recyclable et 25 centimes pour les contenants non recyclables, les consommateurs peuvent récupérer des bons d’achat ou des espèces sonnantes et trébuchantes lorsqu'ils retournent leurs bouteilles vides plutôt que de les jeter. Une récompense délivrée à la caisse des magasins concernés ou par des automates mis en place pour scanner les récipients et rémunérer les collecteurs.

En plus d'inciter les Allemands à prendre part au recyclage des déchets, le système de consigne a fait naître une nouvelle classe de citoyens, les pfandsammler. Autrement dit les collecteurs de consignes. Ceux-ci font tour des espaces publics pour ramasser bouteilles et cannettes vides, laissées à l'abandon. En plus d'être d'utilité publique, l'action des pfandsammler représente pour certains une manière d’arrondir les fins de mois difficiles.

La démarche écolo a donc pris un tournant social. Des campagnes ont été lancées afin de faciliter la démarche des collecteurs, souvent sans-abris, immigrés ou retraités précaires. Des messages proposent ainsi aux buveurs de laisser leurs bouteilles à proximité des affiches afin que les pfandsammler n’aient pas à fouiller les poubelles. À travers Berlin, des bacs ont également été mis à disposition afin d’y déposer les contenants. Certains sites et applications ont même été lancés afin de localiser ces caisses à consignes ou de mettre en relation consommateurs et collecteurs qui vivent à proximité. Ainsi armés de grands sacs ou de petites brouettes, les pfandsammler partent à la chasse aux bouteilles vides afin d'en tirer un peu d'argent.

En plus d'inciter les Allemands à prendre part au recyclage des déchets, le système de consigne a fait naître une nouvelle classe de citoyens, les pfandsammler. Autrement dit les collecteurs de consignes. Ceux-ci font tour des espaces publics pour ramasser bouteilles et cannettes vides, laissées à l'abandon. En plus d'être d'utilité publique, l'action des pfandsammler représente pour certains une manière d’arrondir les fins de mois difficiles.

Si l’idée est louable, elle ne peut fonctionner qu'à condition que tous les acteurs jouent le jeu, y compris les fabricants. Et c'est ce qui freine la réussite du projet en Allemagne où seuls 30 % des bouteilles en plastiques sont recyclés chaque année, contre 50 % il y a encore six ans. Pour expliquer ce recul, le coût des bouteilles non recyclables. La fabrication de bouteilles en plastique recyclable revient plus cher aux industriels qui les délaissent au profit de contenants à usage unique.

 

Rédaction : Manon Laplace