Le soja bio est-il vraiment bon pour la santé ?
Le soja biologique est loin de faire l'unanimité. Alternative idéale au lait et à la viande pour les uns, bombe hormonale pour les autres, le soja est un produit controversé. Bio à la Une fait le point.
Particulièrement riche en protéines (jusqu’à 40%), la fève de soja s’est imposée comme la meilleure alternative aux produits d’origine animale. Tant pour sa richesse protéique, que pour sa teneur en graisses insaturées, plus recommandées que les graisses saturées des produits animaux, souvent excédentaires dans l'alimentation occidentale.
Le soja, sujet de polémique
Pourtant depuis déjà plusieurs décénies, ce protéo-oléagineux fait l’objet d’une vive polémique. En cause, les isoflavones contenues dans la graine de soja. Des substances antioxydantes suspectées d’avoir une action oestrogénique (similaires à celle des oestrogènes, hormones sexuelles sécrétées principalement par les femmes).
Accusés entre autres de nuire à la qualité du sperme, perturber la lactation chez la mère, accélérer le développement hormonal des filles et de retarder celui des garçons, les phyto-œstrogènes scinde la communauté scientifique.Qui considère que les isoflavones ont une action similaire à celle des œstrogènes dans l’organisme. Qui tient à nuancer l’allégation.
Pour les uns, le soja pourrait avoir un effet protecteur contre certains cancers hormono-dépendants, comme le cancer du sein ou du côlon. En témoigne l’exemple asiatique. Culture dont l’alimentation est très riche en soja, et où les taux de cancers hormonaux sont bien plus faibles qu’en Occident. Pour les autres, c’est tout le contraire. Et la consommation de soja pourrait selon eux favoriser l’apparition de ces mêmes cancers.
Parmi les détracteurs du soja, Corinne Gouget, auteure de "Dangers : Additifs alimentaires", selon qui "manger du soja bio, c'est se tuer à petit feu."
Soja : les effets des isoflavones en ligne de mire
Dans les faits, deux des trois isoflavones du soja ont une structure similaire à celle des hormones appelées œstrogènes. “Similaire, mais pas identique” explique Gwenaele Joubrel, docteur en nutrition pour Sojade -entreprise de produits biologiques et végétaux- chez Triballat Noyal. D’autant que les propriétés oestrogéniques des isoflavones sont 1 000 à 10 000 fois plus faibles que celles des hormones naturelles.
Un dossier dont s’est saisi l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) en 2000. Et de conclure que l’action oestrogénique du soja ne présenterait pas de danger particulier dans le cadre d’une alimentation modérée. Ni d'effets protecteurs particuliers aux doses auxquelles il est consommée chez les Occidentaux.
Pas nécessaire donc de renoncer au soja, tant qu'on se limite à 1 mg d'isoflavones par kilo de poids corporel par jour. “Pour un femme de 60 kilos, cela correspond à peu près à 7 pots de desserts au soja”, nuance la nutritionniste.
La soja, une alternative aux produits d'origine animale
En bien ou en mal, l'incidence de la consommation de soja sur la santé du système hormonal reste à prouver. Ce n'est pas le cas de sa richesse en protéines, qui offre une bonne alternative aux produits carnés dans le cadre d'un régime végétarien, végétalien ou limité en produits d'origine animale.
Il s’agit alors d’intégrer le soja à une alimentation variée. D’autant que les alternatives aux produits animaux sont nombreuses, tant au rayon salé que sucré. Chanvre, riz, seitan sont autant de possibilités pour éviter le lactose si on le souhaite, et de profiter de qualités nutritionnelles multiples.
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