Corinne Lepage «On subventionne l'agriculture conventionnelle au détriment de la bio»
Invitée à débattre de l’avenir de la bio lorsqu'elle ne travaille pas à l'élaboration d'un rapport sur l'économie du nouveau monde à l'attention de Ségolène Royale, Corinne Lepage, ancienne avocate et eurodéputée écologiste, plaide en faveur de l’agriculture biologique et l’économie sociale et solidaire.
Corinne Lepage, quels conseils peut-on donner aux consommateurs pour les aider à consommer mieux au quotidien ?
Il faut toujours regarder les étiquettes avant d’acheter un produit. Pour consommer mieux, il est également nécessaire d’acheter à minima, et de privilégier les fruits et légumes bio. Enfin on essaie autant que possible de consommer des protéines végétales plutôt que des protéines animales.
Les bio-sceptiques estiment que le bio est trop cher, et souvent “pas vraiment bio”, que répondre à cela ?
Lorsque vous achetez bio vous savez que vous ne mangez ni pesticides ni OGM, et c’est déjà très important. Mais il est vrai que le bio est un peu plus cher. C’est lié au système de subventions qui favorise terriblement l’agriculture conventionnelle. Ce n’est pas que l’agriculture bio coûte plus cher en elle-même, simplement qu’elle est défavorisée par rapport à l’agriculture conventionnelle. C’est le monde à l’envers. Il faut changer le système des prix, et des subventions. Nous sommes un certain nombre à nous battre pour cela. Il faut un système de prix qui reflète les avantages et les inconvénients des produits pour la société et les consommateurs. Pour les voitures il existe les bonus et les malus par rapport au CO2. Les produits bio devraient être moins chers que les produits conventionnels, parce qu’ils sont plus sains.
Les bio-sceptiques estiment que le bio est trop cher, et souvent “pas vraiment bio”, que répondre à cela ?
Je suis d’accord. Je prépare un rapport sur l’économie du nouveau monde que je remettrai à Ségolène Royal, et c’est quelque chose dont je souhaite lui faire part. Le rapport expliquera ce qu’est cette nouvelle économie, et les outils à mettre en place pour l’encourager. L’économie du nouveau monde c’est une partie de l’économie verte, mais pas seulement. C’est aussi toute l’économie connectée. Il faut au moins que l’État et les collectivités publiques ne gênent pas. Et ce n’est pas le cas. Souvent, ils se posent en obstacle de ces projets plutôt que de les encourager.